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Publié par Christian Hivert

Les masses financières s’étaient accumulées de manière exponentielle et colossale, et jamais peut-être depuis le début de l’humanité, l’Homme ne s’était senti autant agressé par les difficultés de tous les jours, une mauvaise vie généralisée sous l’oeil goguenard des puissants.

Il avait eu juste le temps de croire pouvoir faire de longues études et obtenir un bon métier avant de comprendre l’inutilité de la chose et voir les places de caissier prises d’assaut par des bacheliers émérites et des étudiants de pointe, la concurrence des médiocres pour toute valeur.

Une génération plus tôt, on entrait en apprentissage dés les tables de multiplication sues et le métier enseigné développait des connaissances valorisantes tout au long de la vie, les possibilités de formation étaient permanentes et amélioraient le sort de beaucoup.

L’estime des uns envers les autres était partagée et beaucoup de nouveaux mondes paraissaient possibles, l’avenir de chacun se fondait dans tous les avenirs possibles de l’humanité, on se prenait à rêver à un commun universel, ce qui n’a jamais été du goût des massacreurs impériaux.

La diplomatie ferait taire les armes, les progrès techniques chasseraient pauvreté et misère, l’enrichissement des banques grossirait les comptes de tous, la science éradiquerait la maladie, tous plus vieux et en meilleure forme, mais cela rapporterait quoi aux marchands de guerres.

Le monde était varié, empli d’espoir, d’enseignements et de sagesse, vaste à n’en pouvoir faire le tour en une vie d’Homme, la justice serait monnaie courante, l’accueil et la bienveillance pour souci majeur, les enfants iraient sans peurs, la civilisation s’établirait, et puis quoi.

Tout juste une génération, sa génération, et c’était devenu trop tard pour tout, terminé la fierté d’un métier, fini l’emploi valorisant la personne, nul arrangement ne colmaterait plus les brèches, les vies des uns effilocheraient les vies des autres, seule s’accumulerait la rivalité.

Que restait-il de ces centaines de millions de rêves de jeunesse, de ces tentatives de mise en commun de la vie, les oreilles résonnantes des musiques du monde, les têtes en recherche de découverte de contrées lointaines, ces communautés et ces chèvres, ces amours et ces vies ?

Que s’était-il passé , quel sortilège s’était abattu sur la planète , quelles puissances monstrueuses avaient pris le contrôle de toutes directions, où était passé le bien commun, quel pouvait être l’avenir de cette unique barbarie générale, en rigolaient-ils entre eux, ces puissants merdeux ?

 Ils rêvaient d’un autre monde, était-ce trop tard pour cela aussi, pour l’épanouissement de toute humanité, pour la plénitude des vies, pour la compréhension de leurs possibles et le trouble saisissant de leurs prodigieuses facultés, quelle perte irrémédiable ?

Ils voulaient tous s’émerveiller et respirer sans douleur, ils voulaient franchir tous les espaces et aimer, ils voulaient être sereins et utiles, fiers de leurs différences et dignes de leurs millénaires d’évolution, variés et libres, aux couleurs de leurs vies, humains, est-ce si condamnable ?

Arthur regarda pensivement l’eau cascader à ses pieds, il lui fallait faire le point, retrouver le chemin de son devenir, découvrir à nouveau les alternatives magiques au marasme et à la gluance dont il dégoûtait de toutes parts, se réconcilier avec les étoiles, une fortune différente.

Une place pour chacun, un air pour tous, à chacun selon ses envies et ses compétences, les contraintes souverainement consenties, soumises à l'imprévu, à la chance, au hasard, à la fatalité d’un destin maîtrisé et choisi, tempéré par les combinaisons multiples de la fortune.

Les contraintes harmonisées avec les envies, une respiration plus souple, comment y parvenir, la lutte pour la survie n'occupait-elle pas tout son temps, et quand le temps s'appesantissait sur son ennui désoeuvré, la vie lui semblait bloquée, jusqu’à l’asphyxie de son être.

Que faire pour ne pas vivre en barbare, une guerre à éviter en permanence, jamais à couvert totalement, et l'envie de dire pouce, j'arrête, mais c'est la folie ou la mort, alors vivre, vivre sans intention, vivre sans vouloir, frémir sous le ciel, et patienter noblement après la vie.

Ses plaintes déchiraient l’azur et striaient le temps de scories effroyables, s’il avait pu ne plus penser un moment, ne plus rien ressentir, ni frustrations, ni regrets, pas plus que de découragement ou d’amertume, Arthur désirait un luxe de sérénité fade, un cocon douillet.

Arthur faisait partie des néo-ruraux, hippie dit youp, marginal, baba-cool, soixante-huitard, néo, installé, déclassé des villes, aux appellations non contrôlées variées, souvent péjoratives, comme pour le cerner du doigt montreur, il aurait voulu être ordinaire, simplement.

Membre de cette nébuleuse sociale ayant fait le choix délibéré d'une installation en milieu rural, plus enclin à vouloir vivre mieux qu’à la ville ici et maintenant, avec la volonté d'exercer une activité en rapport direct avec les anciens, artisanale ou agricole, une gageure.

On pouvait dire qu’il était venu dans un temps novice mesuré aux siècles des familles de souche, les pays, cela faisait tant et tant qu’il lui semblait avoir toujours été là, il ne se sentait pas rapporté, mais partie prenante de l’avenir du terroir, une richesse nouvelle.

De toutes part, on annonçait fièrement que l’Histoire se finirait dans une suffocation générale, on prétendait à l’infini que ses illusions utopiques de jeunesse rappelaient un monde ancien déjà passé, s’il fallait suivre la mode dominante, il était trop tard.

Retour à la terre, pour lui cela n’avait jamais été un retour, mais un nouveau départ pour vivre une contestation et un rejet dans la foulée de mai 68, foin des modes de vie dominants et de consommation, avec les anciens, avec la terre, avec son labeur, ses simplicités et ses joies.
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