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Publié par Christian Hivert

De l'autre côté de la rivière 35
Plusieurs fois Arthur et sa compagne, avec leurs bicyclettes louées, avaient tenté le passage, à trois reprises ils avaient rebroussé chemin, la chaîne s’était cassée en deux, ils avaient tardé et la nuit était venue, le village était loin et les chemins emmêlés, ils se sentaient un peu seuls.

Alors ce jour-là, au petit marché des femmes Baï de Ganlaba, ils avaient rempli leurs sacs de vivres pour la marche et de bouteilles d’eau, ils feraient comme ils faisaient tous, ils marcheraient, le chemin passe dans les champs et grimpe dans les forêts d’arbres à caoutchouc et les bambous.

Ils montent sous les arbres à l’ombre, et ils rejoignent vite un chemin plus grand, humide, de terre glaise rouge et épaisse, des camions chargent de grosses pierres blanches, ils arrivent presque au sommet de la colline, le chemin fait un grand virage et en face, le village apparaît.

Ils s’arrêtent un moment, ils écoutent les bruits du village, plus loin, sur le chemin, deux jeunes filles lavent du linge, au bord d’une pièce d’eau vert foncé, ils arrivent dans le village, ils le traversent doucement prenant quelques photos, n’osant par leur présence déranger l’ordre habituel.

À l’autre bout, Arthur se dit qu’une petite bière lui ferait du bien, le village paraît désert, les autres sont partagés, mais bon deux attendront, deux chercheront, ils partent dans l’autre sens, attendus par les filles assises sur des troncs de bois au soleil, y a t-il des bières fraîches ?

Un gars du village part chercher et ne trouve pas, ils se posent tous à l’ombre d’un arbre et, à défaut de bière, ils mangent l’ananas sorti du sac, le gars dit que plus loin il y a de l’eau, ils y vont et arrivent devant la cour d’une maison où il y a plein de monde, et des rires.

On les invite à entrer, en bas de la maison une vache est allongée, attachée, prête à être égorgée, on les invite à monter dans la maison, à l’étage sur la terrasse un cochon est dans le même état que la vache, peut-être un peu plus avancé, ils avancent, ils sont bienvenus, ils sont reçus.

On les fait entrer dans la grande pièce commune où il y a quelques hommes assis par terre, on les installe et là tout commence, par l’alcool blanc de riz , le Baî Jiu, on leur en sert de petits verres, puis du thé, puis les verres de Baï Jiu sont remplis de nouveau, dés qu’une gorgée est bue.

Puis de la bière, bien fraîche, telle était leur demande au départ, et une autre infusion, le Baï Jiu continue à être servi, un vieil homme chante, il improvise au fur et à mesure et parle de temps en temps des Laowei, vieux étrangers, venus rendre visite, il y a fête, mais à propos de quoi ?

Ça commence à aller bien pour tous et les visiteurs envisagent la descente du village en rigolant, de temps en temps ils chantent une chanson en réponse au vieux, en français ou en Basque, ça chauffe, ils sont invités à rester pour dormir et ils sont tous les quatre d’accord pour rester.

Ils apprennent qu’il s’agit d’un mariage, la maison se remplit de plus en plus, de femmes, d’hommes, de vieux, d’enfants et les verres de Baï Jiu ne sont jamais vides, de la nourriture se cuisine, les habitants du village viennent les voir et le Baï Jiu aide les langues, leur traduction.

La copine Basque commence à expliquer que les Hani sont une minorité chinoise et elle et son compagnon sont une minorité française, les Basques, Hani zhu pu shi zhong guo de, wo men yi yang Fa guo min zu, peu à peu la nuit tombe, tout le monde a compris le message, semble-t-il.

La première sortie aux toilettes extérieures a mis en évidence l’équilibre attaqué des voyageurs et quand ils remontent, tout le monde rigole et ça repart de plus belle, il faut trinquer et parler avec tout le monde, c’est de plus en plus une joyeuse confusion, il faut chanter aussi.

Peu à peu la salle se remplit de petites tables rondes comme chez les cousins Daï de Ganlaba, couvertes de petits plats, il y a au moins cent personnes dans la pièce, des enfants, des vieux, des jeunes, des femmes en costumes Hani rouges et noirs ornés de petites pièces d’argent.

Le coin des Laowei est animé, on chante, on boit et heureusement ils mangent des plats succulents, Arthur fait le tour avec l’appareil, les photographies seront toutes floues, tout le monde bouge dans tous les sens, ils boivent et répètent toujours la même chose en Chinois, ils chantent.

Ça tourne vite, Arthur va rejoindre le groupe des cent vieux chantant et improvise avec eux, chaque chant est l’occasion d’un petit coup de Baï Jiu, on leur offre des cigarettes puis des paquets de celles qu’ils préfèrent, des sans filtres, celles des paysans, et des plus chères, pour les fêtes.

Mais il ne faut pas les fumer, il faut les garder, on leur en offre d’autres sans ouvrir leurs paquets en attendant, la copine Basque offre un bracelet à la mariée, puis elle finira par offrir tous ses bijoux au fur et à mesure des rencontres, qu’offrir lorsqu’on voyage si ce n’est son coeur.

Arthur offre son couteau Laguiole au marié, le couteau offert par le beau-père au départ du voyage, ils sont saouls, ivres, joyeux, ça va vite, et de plus en plus vite, on leur demande s’ils veulent dormir, mais ils n’en ont aucune envie, ils veulent tout voir, tout comprendre, tout saisir.

Les Basques, le poing levé, chantent l’hymne Basque, la fête bat son plein, Arthur se lève pour aller aux toilettes, trébuche sur un tabouret et s’effondre sur une série de petites tables et de vieux hilares, signal de l’ivresse bien menée et achevée des Laowei, les jeunes se lèvent.

Amicalement deux jeunes Hani l’aident à sortir de la pièce, ramassent ses affaires et en brancard le portent à une autre maison du village où ils passeront la nuit, on leur installe un lit pour eux quatre, au sol, Arthur fait des commentaires vagues sur la fête déjà finie, ça ne faisait que commencer.

Les Basques arrivent eux aussi en brancard, ils rigolent, les Hani ont ramassé toutes les affaires oubliées par ces grands diables de Laowei et les apportent au fur et à mesure de leur découverte, ils s’allongent en tentant des mouvements de Taï chi chuan, sous l’oeil intéressé des anciens.
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