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Publié par Christian Hivert

contact.jpgL’avantage de cet aveu tardif fut que, tout le temps au moins de la confidence et des consolations, Dominique ne fut pas présente et ne put intervenir, l’omniprésence de son absence et la violence extrême de son refus implacable de le revoir ou d’échanger des nouvelles fut révélée. 

 

Il ne lui restait plus qu’à guérir, à prendre le temps pour lui, à poursuivre leur route à deux, les yeux encore traversés des souvenirs du voyage, ils n’arrêteraient aucun génocides, il fallait l’admettre, les maîtres des massacres faisaient ce qu’ils voulaient, Dominique ne voulait pas de lui. 

 

Dominique, pour pouvoir naître je vais devoir te tuer en moi, me le pardonnerais-je, je vais t’abandonner là toi qui m’abandonna là-bas, je ne saurais plus rien de toi, je n’ai rien su, sauras-tu parler à l’adolescente, construire un espoir, échapper à tes placards, reconnaître la vie ?

 

Il me faudra du temps, mais le temps est si long, sans toi, loin de toi, mais tu n’étais pas capable, tu ne pouvais pas, les rêves de papier glacé meublaient les absences de tes proches et tes besoins d’eux, grandie dans un encombrement d’adultes déjà vieux, sans clés, sans boussole.

 

Il te fallait suivre le vent d’autres qui se faisaient sûrs, mettaient de leurs mots dans ta bouche d’enfant, de leurs ambitions et de leurs déconvenues dans ta tête de fillette et le bréviaire idéologique du moment pour remplir tes longues attentes dans l’effroi solitaire de ta chambre.

 

Alors tu voulais le poste et la carrière, alors il fallut tricher, alors il fallut faire croire à l’homme et se séparer du père, alors il fallu leurrer le mari et tromper l’enfant, les heures sont longues à attendre l’invitation qui te fera briller un temps trop court auprès de quelque puissant.

 

Les filles sans père rêvent leur vie, mais n’ont pas eu de modèle pour trouver comment réaliser leurs illusions, les filles sans père pleurent souvent tout bas, même quand elles sourient, Reine rêvait de quelque chose qu’elle n’avait pas eu, et qu’elle ne savait pas où retrouver.


l n’y a pas deux histoires d’abandon qui se ressemblent, Arthur et Reine n’avaient pas la même histoire, mais ils se croisaient, Charly Baston, le katangais se souvenait lui de la Dass, Dominique avait oublié son sentiment aigu de solitude, d’être à part, enfant chez les adultes.

 

Reine depuis son départ de la capitale avait bataillé sans homme, avec les hommes, contre les hommes, luttant avec et contre ses attachements, car jamais un mari ou un compagnon ne pourrait lui apporter cette force initiale du père, ce n’était pas son rôle, ce n'était plus  son temps.

 

Reine ne savait, n’était sûre de rien, il lui semblait cependant qu’un acte commis, dénoncé ou ressenti comme cruel puisse s’ouvrir, par la suite, sur une histoire heureuse, sans condamner au malheur celui qui en est la victime ni vouer aux gémonies celui qui en serait l’auteur.

 

Les Univers avaient-ils eux aussi plusieurs développements simultanés, de ces histoires entrecroisés dont les bribes pourraient être vécues différemment par périodes, en négatif ou positif ou quelque état intermédiaire, et se suivre logiquement en interaction constante.

 

Il lui semblait être neuve, bien qu’elle sut parfaitement par quoi elle était passée, était-ce le souvenir de ces petits coups de pieds dans son ventre grossi et enfin accepté, elle avait donné trois vies, elle avait survécu, dans les landes à l’infini de son regard, elle s’en étonnait encore.

 

Si toi aussi tu m’abandonnes, ses petites continueraient de voir leur père, aussi souvent et quand il leur plairait, elle ne les priverait pas de ce dont elle avait manqué, elle sourit à leurs espiègleries, elle était tirée vers la vie, irrémédiablement, enfin, libre en vie.

 

Il leur fallait à tous trouver de nouvelles forces, se fournir en de nouvelles énergies, tout se passait dans leur mental, en finir avec ce sentiment d’abandon, d’exclusion et de dégoût d’eux-mêmes, Arthur ne parvenait pas à se sentir à l’aise dans une nouvelle vie, il changea de place.


Il était arrivé enfin à se défaire de ses antiques angoisses, il se cherchait des souvenirs où il n’aurait pas connu cette sourde souffrance aux entrailles, il savait que ce ne serait jamais fini, mais il espérait, si enfin un jour il trouvait la place de son utilité, un rôle possible, une fonction.

 

Tout ses idéaux de jeunesse, même poursuivis à l’infini n’avaient aucun sens, aucune possibilité de voir le jour, et pourtant aussi sûr que la terre tourne, cela lui restait présent à l’esprit, de terribles obsessions de bonheur et de demande de justice, les bourreaux d’hier vont mourir.

 

Et naissent déjà ceux de demain, à cela il n’est rien à faire, l’être humain, fleuron de l’évolution du règne animal, capable des compréhensions les plus étranges, abdiquait devant les comportement les plus primaires de son espèce, couronnait les dictateurs sanglants, glorifiait les guerriers.

 

Seul un très fort idéal de soi-même lui permettrait de ne pas se laisser engloutir par son passé, d’échapper sans séquelles graves à l’abandon de ses rêves de justice, de ses rêves de lui, le monde se passait de sa participation, n’attendait rien et il n’y pouvait rien, il voulait être simple.

 

S’abandonner lui-même mieux que tous ceux qui l’avaient fait depuis sa naissance, abandonner son enfance et ses espoirs, son adolescence et ses amours, son âge adulte et ses engagements, se défaire de toute morale, revenir aux joies sans exigences, se fondre dans une existence.

 

Pour s’occuper de ses légumes et de ses fleurs, ne plus intervenir, il doutait de pouvoir s’y soumettre, de séparer de ce sentiment constant et diffus d’insatisfaction, cesser de se figer, oublier les Dominique et les Premier, être une ombre sur la terre, un amas quantique.

 

Arthur aurait aimé se servir un peu plus de son entrelacs de neurones, pour comprendre tous les rouages, toutes les finesses, toutes les possibilités, mais les ruelles et les impasses ne lui avaient fait entrevoir que des corps en phase terminale de maladie ou résignés à leur exploitation.

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