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Publié par Christian Hivert

La soirée avait été sympa, Arthur avait tout de suite placé le débat sous le signe des témoignages personnels, il s’agissait avant tout de tenter de se présenter les uns les autres, se comprendre peut-être mieux, "Et puis arrêter de se voir au travers de fumeux étiquetages politiques".

 

"Savoir ce qu’on a vraiment dans le coffre" avait précisé Jean-Philippe, un grand type moustachu se baladant toujours avec son berger allemand, les autres chefs, dont Narco, traînaient des chiens derrière eux aussi, mais ils n’avaient pas la même manière, ils ne s’en occupaient jamais.

 

Jean-Philippe était le seul a avoir noué des contacts sympathiques et personnalisés avec ceux du bistrot, les jeunes, il y avait là le vieux Alain Stierne, idéologue et militant de l’économie distributive, l’un des rares survivants à avoir un programme à vendre, pour vous les jeunes.

 

Arthur était assis en face de lui, en bout de table et il craignait que le vieux ne l’accapare, le vieil Alain voulait qu’eux, les jeunes, s’organisent et partent dans les communautés villageoises de production biologique échanger des produits frais contre tous les déchets des villes.

 

Et fonctionner en réseaux transversaux de troc et d’échanges, il vendait ses salades bio, l’idée était sympa mais irréalisable en pratique, car en pratique les déchets des villes c’était les merdes pourries du vieux Riton trimballées dans sa brouette le long des rues du 20ème.

 

Et s’il y avait bien un thème unificateur chez tous les jeunes alentours à qui s’adressait ce programme c’était celui là, ils ne voulaient pas bosser, or ce que proposait Alain Stierne nécessitait beaucoup de travail en échange de peu de biens, Narco commandait les apéros.

 

Il aimait bien jouer celui qui assure, toujours prêt pour une bonne rigolade, une grande gueule, et dans tous les coups où il y avait de la jeunesse à séduire, il tenait le rôle, c’était lui le vieux briscard, le poilu de l’épopée, l’épopée ayant été souterraine, on ne pouvait rien en dire.


Puis au fil des discussions, on laissait sous-entendre que pour tel coup un peu chaudard, mais chut, pour raisons de sécurité coulant de source on ne pouvait en dire plus, on apprenait l'opération foireuse quelques tournées d’apéros plus tard, chaque poilu ayant tenu à payer la sienne.

 

Histoire de montrer, preuves à l’appui en espèces sonnantes qu’ils assuraient non seulement la radicalité politique, mais également le quotidien financier, après la présentation des uns aux autres vint le tour de table des motivations, "Voilà ma question, pourquoi avez-vous squatté"

 

"Par exemple le 116 rue des Pyrénées, qu’est-ce qui vous a amené à habiter là?", alors chacun avait tenté de répondre, pour certains il ne s’agissait que de s’abriter des rigueurs de l’hiver, n’ayant pas trouvé d’appartement à louer, pour d’autres, il s’agissait plutôt d’une aventure politique.

 

D’autres disaient sociale, d’interpeller les pouvoirs publics sur les carences cruciales de locaux d’expression, Maumau le peintre, aimait à se présenter en artiste fou, donc sage véritable, descendant des mongols et d’asiates et lui voyait la chose au niveau de l’oeuvre commune.

 

De la transcendance et de la nécessaire révolution culturelle, son atelier de peinture n’en avait-il pas été la preuve vivante, d’autant que, souligna Narco trente associations de quartier, démunies de locaux avaient trouvé refuge dans les mille mètres carrés de l’ancienne fabrique.

 

Narco avec un sourire entendu ne le quittant jamais précisa, "Certaines étaient des associations crées spécialement pour l’occasion", mais chut, il s’agissait de "gonfler artificiellement le rapport de force", les motivations diverses avaient créé un mythe, "Les squatters associatifs".

 

Bien entendu les renseignements généraux n’étaient pas capables de comptabiliser les allées et venues quotidiennes et de se faire une idée par eux mêmes du réel état du rapport de force, tant de forfanterie l'amusait et l'effrayait, pensif, Arthur rentra en lui même au moment des cafés.


Qu’avait-il appris, que ressortait-il de tout cela, le terme de "squatteur" servait  d’identification valorisante à beaucoup, ils étaient squatteurs, ils combattaient l’état, pourfendaient l’injustice, des chevaliers, ivres, mais chevaliers, Arthur avait passé une soirée utile et instructive.

 

Il sentait bien que beaucoup de discours n'iraient pas plus loin  et ne servaient qu'à se positionner dans un milieu de gens convaincus, les actes, s'ils avaient eu lieu étaient relégués au passé, "débrouillez vous, on a déjà fait ça, on n'est pas des éducateurs, il faut vous assumer."

 

Mais voilà, toutes les soirées ne se ressemblaient pas, la vie d’Arthur était décousue, et puis il y avait eu la brisure, c’est pourquoi il était là dans son canapé éventré de skaï à souhaiter disparaître, aspiré par ses larmes pour se fondre dans le mètre et demi de gravats le supportant.

 

Arthur était rapidement parvenu au bout de son léger pécule en payant des tournées générales dans les bistrots fréquentés par les anciens, et aucun contact nouveau n'avait donné lieu à un début de volonté commune de pratique, comme si toute injustice disparaissait devant eux.

 

Il avait malgré tout, à force de questions insistantes à comprendre le fonctionnement de l'ouverture d'un squat, le seul problème était d'être isolé, et de n'avoir trouvé personne pour le seconder, il lui faudrait agir seul, seul face à la porte fermée d'un appartement vide.

 

Son Premier squat avait tenu quinze jours, le propriétaire s'en était rendu acquéreur pour y loger lui-même du fait de sa mutation sur Paris, il n'était pas question pour Arthur de prendre la place d'un autre, les lieux devaient être libérés de tout occupant régulier, vides.

 

Aprés avoir remplacé le carreau cassé de la fenêtre du Premier sur la petite "Impasse de la Loi", il s'était entendu avec le propriétaire pour rendre dans des délais très court les clés du nouveau verrou installé, et déménager son maigre grabat vers d'autres lieux, vides.

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