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Publié par Christian Hivert


CHAPITRE V

Respirations

 

 

 

 

 

 

La patience était pour lui le summum de l’abnégation, la preuve la plus étincelante de son dévouement et de son amour, il s’en tirait comme cela, combien de fois n’avait-il attendu en vain une caresse, un sourire attentif, un baiser de cette femme intimidante et fière nommée maman.

 

Il avait été patient, il serait patient, il avait de la pratique, n’avait-il pas coutume de répéter à tout bout de champ "La vie est longue", en soupirant, et Reine n’était pas elle-même venue l’autre soir s’asseoir confiante sur ses genoux, alors que d’ordinaire elle semblait ne pas le voir.

 

Alors le corps de Reine avait soudain eu, sur le corps d'Arthur, une épaisseur élastique, une douceur résistante, une chaleur enveloppante, et ses fesses rondes s'étaient amollies sur ses cuisses tremblantes, il avait été follement heureux, la quintessence de ses vœux du moment.

 

Nimbé de douceur, il était ressorti de "Confluence" tenant la main de Nora, après qu’elle eût éteint toutes les lumières et fermé la porte, il avait convenu que de voir un journal se créer ainsi sous ses yeux était une chose intéressante, puis il s’étaient quittés et il avait rejoint à pied son hôtel.

 

Le bar dérivait lentement à la pénible gestion de la viande saoule, cela manquait d’intérêt, et pourtant, il n’aurait manqué ce rendez-vous hebdomadaire pour rien au monde, cette idée de bar lui avait permit de croiser la route des deux sœurs, de se mêler à leur destin, le regretterait-il.

 

Et le bar aurait lieu une nouvelle fois le lendemain, il espérait que les soeurs viendraient, elles ne venaient pas tout le temps, parfois elles avaient le journal, parfois elles étaient invitées chez des amis, ces jours-là Arthur masquait sa tristesse sous un rideau de foire et d’alcool.

 

Ce samedi, il faisait chaud à en suer dés dix heures du matin, un temps parfaitement adapté, ils avaient prévu d’organiser un repas à l’Africaine, un africain en costume et cravate, était venu leur proposer une idée de menu pour animer la soirée, sa femme ferait la cuisine.

 

Arthur respira un grand coup et se remit debout, il allait se remettre en route, faire le tour des ruelles, préparer le festin Africain promis, il faisait bon, les tables seraient installées sur le trottoir, une des dernières fêtes avant longtemps, les anciens n'aimaient que ce qui  venait d'eux.

 

On pouvait dire que tout ce que la rue comptait d’habitants disponibles venaient tourner autour du local, ce n’était pas leur local, mais ils y étaient en permanence chez eux, hormis le lundi soir où les rescapés des "squatters associatifs" tentaient de se prendre au sérieux les uns les autres.

 

Ils s’inventaient des plannings et des règles de fonctionnement durant deux heures, pour ne pas les respecter le reste de la semaine, le local eut été entièrement désert s’il n’avait servi de quartier général à la bande hétéroclite s'occupant du bar, le samedi et le dimanche cela vivait.

 

Les deux principaux responsables autoproclamés des lieux, dont Narco était le plus visible, tentaient vainement d’asseoir leur autorité sur les événements, ils s’attiraient l’animosité des jeunes sans pour autant resserrer leurs troupes depuis longtemps débandées, ils assuraient le vide.

 

Arthur ne comprenait pas bien toutes ces histoires là, il était nouveau venu, il se gardait bien d’intervenir, son esprit était occupé autrement, dans toute la troupe maintenant les apparences du combat, Arthur avait repéré deux ou trois personnages sympathiques au Premier abord.


Les autres, soit se prenaient pour les héros d’un mythe en voie d’oubli et luttaient pour sa survie, soit ne passaient au local que pour voir les copains , "salut, comment ça va, que deviens-tu?" Arthur en retenait l’image d’une énorme incohérence, d’une bouffonnerie confuse.

 

Une mêlée d’idées rebattues d’où émergeait par instants, courts instants, des "personnages", des vraies têtes hors du commun, sympathiques et paraissant riches moralement, Arthur avait perçu trois mois d’un arriéré de chômage dus à une fatigue liée à ses conditions de travail.

 

Nanti de cinq mille francs (un smic à l’époque plus prime) tombés dans son escarcelle sans qu’il n’en eût réellement besoin, il avait décidé d’en affecter une partie à la découverte des individus constituant ce ramas, il les avait donc tous invités dans un restaurant pas trop cher.

 

A raison d’un cinquantaine de francs par personne plus les alcools, il pensait pouvoir raisonnablement payer pour une vingtaine de personnes, une dizaine de nouveaux du bar, et une dizaine des anciens de la fabuleuse aventure, auréolés de la méconnaissance de leurs exploits réels.

 

Arthur avait précisé, "cela nous permettra de nous connaître mieux", la rencontre avait donc eu lieu le lundi suivant, à l’issue de la réunion hebdomadaire quatre voitures étaient parties de la rue des Vignoles en direction de la rue des Trois Frères, aux pieds de la butte Montmartre.

 

Ils se donnaient tous plus ou moins des airs d’anciens du gaz, dans le genre "nous avons tout vu, tout compris et plus encore mais c’est secret", et Arthur voulait bien tenter de savoir qui était qui, et qu’y avait-il derrière cela, l’ensemble de la bande n’était pas antipathique loin de là.

 

Mais ils avaient cette manière de regarder le monde de haut, hormis le ridicule subtil émanant d’eux, on pouvait légitimement se demander, après les avoir observé en groupe un instant, étaient-ils capables encore de vivre simplement, leur arrogance condescendante en imposait.

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