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Publié par Christian Hivert

Trop tard, son père ne s’était pas retiré à temps, trop tard il n’avait plus d’emplois, trop tard, il n’aurait plus de retraite, trop tard le monde serait injuste, trop tard pour la terre, trop tard, il était né, un enfant non divin, pas deviné non plus, il avait échappé à l’aiguille à tricoter.

Désormais une évidence s’imposait à lui, pour sa gouverne, il était redoutablement trop tard pour être jeune, il ne lui viendrait plus à l’idée de refaire le monde, à l’écart, à l’abri, en repli, attendre et voir, ne pas intervenir, juste cultiver son jardin, quoique, être juste.

Pour la planète et l’humanité était-il trop tard, quel que soit le résultat de la course de l’humanité, et même si l’espèce humaine devait y périr, aucune prédiction ne pouvait être faite, alors survivre, et faire mieux, vivre, en défendant quelques valeurs, de toutes les civilisations.

Alors Arthur leva la tête de son cahier, il avait un creux, il lui fallait redescendre, mais peut-être ferait-il patienter son estomac, il se trouvait bien, peu à peu la quiétude s’installait, s’enracinait, serait-ce possible, puis il n’osa bouger, la biche était là, immobile et puissante.

Depuis combien de temps, d’un coup l’atmosphère devint magique, il n’osait plus respirer, elle ne faisait pas attention à lui, savait-elle sa présence, il se sentit peser d’un poids nouveau, un frisson de ravissement le parcourut, tant que ce sera possible, tant qu’il y aura un brin d’herbe.

Elle broutait les rares herbes et bourgeons de ce début de printemps, elle s’éloignait placide et rassasiée, Arthur se demandait ce que l’on pouvait être de mieux, la créature était parfaite, pleine d’énergie, qu’étions-nous de plus, d’un bond elle disparut dans un taillis.

Sa quiétude ne dépendait que de lui en fait, quel besoin de réagir au quart de tour, quelle responsabilité personnelle avait-il dans le massacre général, pourquoi ne pas déposer le fardeau, il savait ce qu’il était, ce qu’il voulait, ceux qu’il aimait, se calmer, respirer et vivre.

Les Gens Bons de Paris

Mais sans cesse l’esprit d’Arthur s’évadait du présent impalpable vers le passé lourdement digéré, il quittait les bords de la rivière aux éclats d’argent, flottant par-delà les vallées assoupies, seul sous les étoiles, éclairé par la lune, allongé à terre, à vouloir se détacher du mal vécu ancien.

Des pensées circulaient en noeuds, stagnantes et ronronnantes, sans nulle avancée vers l’avenir, encore moins d’ancrage dans le présent, comme de ces cerceaux enfantins faisant des tours en boucles, dès que libérés d’une poussée, jusqu’à s’aplatir au sol, vaincus par la pesanteur.

Il lui fallait remonter jusque là, jusqu’à la source du mal vécu, pour le disséquer,l’analyser, en détailler toutes les facettes, pouvoir s’en extraire à force de descriptions minutieusement hypnotiques, se libérer pour s’immerger dans son présent comme dans une volupté essentielle.

Il devait revenir jusqu’à sa rencontre avec les Gens Bons de Paris, dans le quartier de la place de la Réunion en pleine rénovation de 1986 à 1991, vingt ans plus tôt, dans ce quartier où il avait passé le plus clair de sa vie de nomade urbain, avant le dégoût, avant la fuite vers les montagnes d’Ardèche.

Les Gens bons se reconnaissent assez facilement à leur caractère doux et paisible, ils appartiennent aux catégories sociales nommées les classes moyennes, ils doivent donc comme chacun gagner leur vie par un travail cependant suffisamment valorisant pour se sentir quelqu’un.

Ils ne sont pas tous égaux, mais ils ont tous bon coeur et bonne volonté, certains sont mieux représentés dans l’échelle des valeurs sociales, comme médecins, architectes, avocats, ou journalistes, ingénieurs, professeurs, chercheurs, artisans, ils se lèvent tôt et en sont fiers.

D’autres, bien que légèrement en dessous des précédents, sont encore dans de bonnes positions, à l’abri de tout besoin, mais pouvant se plaindre, ce sont les infirmières, assistantes sociales, éducateurs, éducatrices spécialisées, instituteurs, postiers, facteurs, petits patrons de bistrot, fonctionnaires.

Ils appartiennent tous à la même grande confrérie des Gens Bons, aspirant à l’amélioration de l’espèce humaine, fiers de la position obtenue par leur travail, si ce n’est par leur mérite, conscient de leur bonté, prêts à trouver des solutions aux plus incongrus des problèmes.

Car bien qu’ayant pour eux-mêmes un cadre de vie relativement agréable, sain et paisible, ils ne peuvent s’empêcher de se sentir concernés par la pauvreté et le dénuement de beaucoup de travailleurs pauvres cohabitants de leur quartier, si l’on pouvait faire plus propre.

C’est leur histoire, bien plus que la sienne qu’Arthur se devait de ressusciter des limbes de son inconfort moral, pour pouvoir s’en extraire enfin sans culpabilité, et retrouver la valeur du rôle éminent qu’il avait eu, leur rendre la responsabilité de l’organisation de tout échec.

C’était une très noble histoire, une épopée contemporaine que peu avaient choisi de vivre, en un temps historique plus porté par des relents de légitimation impériale, de sacralisation bancaire, de dévalorisation de toute entraide, le cynisme rampant des affairistes triomphants.

Il fallait d’abord reprendre le cadre chronologique des différents événements de ces années-là autour de la cruciale question du logement des plus démunis dans Paris, capitale d’un des plus riches pays du monde, associé à toutes les décisions planétaires, créateur de pauvretés.

L’histoire débuta par les incendies criminels de sinistre mémoire détruisant certains immeubles vétustes et hôtels meublés de travailleurs pauvres dans tous les arrondissements de l’Est Parisien, dévolus historiquement aux travailleurs noyés dans les fumées d’usines, soufflées par les vents dominants.

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