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Publié par Christian Hivert

 

Le charme avec lui, c’était sa manière de tout tirer à la pirouette, et quand il se donnait le plus l’air dandy, il était le plus mal, Reine savait sentir cela, elle n’insista pas, "Qu’est-tu fais, Nora ! Tu t’chatouilles" "Oh ! Ca va les vulgarités, c’est pas parce qu’on est soeurs"

 

"Mais oui, mais oui, c’est pas parce qu’on est soeurs, dis-moi, ça te dit d’aller bouffer chez un Tutu, Albert nous invite, je te présente pas ma soeur Albert, elle est nue et pas maquillée" "C’est qui Albert ?" "Petite curieuse, j’te demande où tu te pose le doigt en ce moment?"

 

"Oh mais ça va, t’es chiante, obsédée va, ma soeur est une obsédée, mon frère est en taule pour un braquage merdique, les deux autres sont drogués et vivent d’expédients, qu’elle famille, bon, oui, allons y, mais c’est question monnaie, tu sais bien qu’on a rien en ce moment."

 

"On avait dit qu’on bouffait des nouilles et qu’on arrêtait d’aller dépenser notre maigre fortune dans les rades" "Mais ça nous coûte rien, c’est Albert qui nous offre" "Il est sympa Albert, il va pas se mettre à hurler ton nom dans la cour pendant des heures comme les autres"

 

"Tous les autres ! Charrie pas, c’est arrivé qu’une seule fois, et c’était un fêlé. Et puis Albert c’est pas pareil, c’est un poète lui" elle éclata de rire et poursuivit en s’esclaffant, "Il viendra avec un tambourin et il déclamera sous les fenêtres, les nuits de pleine lune, au loup, au loup"

 

Albert, vu qu’il était question de lui, se permit d’embrayer, "Faudra voir, c’est une idée intéressante,  un peu lieu commun, mais ça peut s’étudier" "En tous cas il parle bien, c’est déjà ça, est-ce qu’il est beau gosse" "Viens voir toi-même, ça veut dire quoi beau gosse, d'abord"

 

"J’arrive, j’arrive, voilà ça y est" et Nora sortit de la salle de bain, ayant enveloppé ses rondeurs généreuses d’une salopette à fleurs et d’un chemisier sans manches." il est pas mal, bonjour jeune homme, comment allez-vous ?" son sourire espiègle éclaira la pièce.

 

Les mecs que sa soeur ramenait n’étaient pas tous du même niveau, sur la totalité, bien peu avaient l’apanage d’un intérêt quelconque, Nora savait faire rester à distance les médiocres, mais parfois, il suffisait d’une expression employée, d’une attitude déployée, d’une attention dévoilée.

 

Elle trahissait alors un instinct maternel de protection, elle savait que sa soeur n’était pas tendre, là où Reine ne s’intéressait qu’aux culottes et organes érectiles, Nora ne s’émouvait qu’à la douceur supposée, à l’arrondi de l’âme, à la courtoisie des rapports, Albert lui plaisait.

 

Ceux valant par leurs orifices naturels, gueule comprise, la rasaient immodérément, l’accord entre les deux soeurs était un pacte, chacun ses garçons, pas d’histoire, rarement il est vrai, Reine en ramenait un sachant converser agréablement, tout juste bons pour le lit.

 

Nora se laissait alors aller à endosser son rôle de grande soeur et s’ingéniait sans y prendre garde à amortir les désespoirs, désillusions, désenchantements et tous les mauvais coups de blues suivant inévitablement les désattachements brutaux de Reine, parfois dés avant la fin de la nuit.

 

Dés la première minute, Albert profita à son insu de ce traitement de faveur, celui-là, c’était un tendre, il ne fallait pas abîmer, "Désolé beau mec, mais tu viens de rencontrer les deux soeurs les plus affreuses qui soient, ce soir nous allons consommer sur ta bourse, la fête."

 

"Dés demain, Reine, ma soeur, t’oubliera, t’auras beau déclamer sous la pleine lune, ce sera peine perdue, nous n’aimons les poètes que publiés, non, en fait, ta seule chance de ne pas perdre ton temps avec nous c’est d’adhérer à l'asso "Découverte des Artistes Inconnus".

 

"Si on en parlait à tête reposée, devant un bon couscous !" "Bien dit, allons soigner notre ligne !" Nora jeta un clin d’oeil à Momo, c’était inutile de lui demander s’il avait faim, il ne supportait pas les restaurants et il n’avait jamais voulu fréquenter les garçons de Reine.


Nora était plus sage, elle préférait vivre une histoire complète, et non pas revivre à l’infini une première fois inoubliée, il y avait donc eu moins de garçons de son côté, et on avait pu les voir plus longtemps, on avait le temps de les fréquenter, de pouvoir les apprécier, en profiter.

 

Le dernier en date, elle s’était même mariée avec lui, ça avait bien dû durer trois ans, quatre peut-être, qu’est-ce qui avait bien pu lui prendre avec ce coco là, Momo n’avait jamais pu l’encaisser, un beauf camé, un pauvre minable, un détrousseur, incapable, beau parleur.

 

Il avait sucé Nora jusqu’au sang sans jamais la moindre honte, il n’avait jamais pensé qu’à sa came, Momo était un peu mal placé pour en parler vraiment, mais il faisait autre chose de sa vie, n’avait pas toujours le nez dedans, il détestait les junkies et Nora avait épousé un junkie.

 

Maintenant le junkie était mort, un de moins, Momo ne se souvenait de lui que pour les mauvais coups d'approvisionnement, il n'arrivait même pas à se souvenir de son visage, et il s'était fait une overdose, le con, après avoir vidé les économies de Nora, elle ne s'en remettait pas.

 

Elle se posait encore des questions du genre "est-ce qu'il m'a aimé ou est-ce qu'il n'y avait que la came qui comptait", comment avait-elle pu avoir un faible pour ce minus, l'avoir dans la peau, Momo le savait bien, un camé ne baise plus, Nora avait traîné et dragué dans les bars.

 

Misère, enfin, elles faisaient ce qu’elles voulaient les deux sœurs, chacun sa barque, mais quand même, pouvoir tchatcher avec le mec de sa soeur comme avec quelqu’un de la famille, ça ferait plaisir à Momo ce truc, ça serait chouette, et il y aurait peut-être des bons plans.

 

Mais les gamines, elles se choisissaient des types pour elles, pas pour faire plaisir à leur frère, c’était préférable, on dit souvent que les types bien ne sont pas bien marrants, et ses deux soeurs n’avaient jamais vraiment donné l’impression de vouloir s’embêter dans la vie.

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