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Publié par Christian Hivert

Or si Momo avait respecté la tradition, et en l’absence du père, vu le désintérêt de la mère, il aurait dû choisir pour elle, et toujours si, lui, Momo avait été un bon fils de famille, il aurait dû choisir un raté, bon travailleur, mauvais père, bon buveur, mauvais mari, la tradition.

 

Or rien de tout cela n’avait eu lieu, il n’était responsable de rien et c’était tant mieux, Momo, sur tous ces sujets familiaux, était intarissable, c’est dire s’il y avait longuement réfléchi, à l’origine et selon la tradition, il aurait dû aider son  aîné Hamid. coiffeur sur le Boulevard.

 

Son rôle à lui, Momo eût été de surveiller les deux soeurs et de les conseiller sur leurs rencontres, or Momo pouvait-il vraiment se permettre de conseiller quelqu’un, alors les soeurs avaient viré comme bon leur semblait, et jusqu’à présent elles s’en étaient pas mal tiré.

 

"Bon rentrez pas trop tard les filles, vous allez à quel restaurant, le numéro de téléphone, l’adresse..." "Ta gueule Momo !" "Mon grand frère algérien s’inquiète... c’est nouveau..." "Tu viens pas manger avec nous ?" "Non, non, merci bien, j’ai des courses à faire"

 

La porte se referma sur l’angoisse solitaire de Momo, il n’avait pas osé lancer sa vanne préférée, la prochaine fois peut-être, "Si tu touches à ma soeur, j’te niques", ça les surprenait toujours un peu et lui permettait en très raccourci de les jauger sur la foi de leur réaction.

 

Nora et Reine étaient presque inséparables depuis l'enfance, elles avaient toujours formé un clan à part des repris de justice composant le clan familial, jusqu'à présent elles avaient tout partagé hormis les hommes, et tout supporté des rejetons mâles de leur nombreuse famille.

 

C'est vrai et Momo n'en était pas fier, les frangins ne s'étaient pas bien comporté, de sacrés emmerdeurs, mais jamais la solidarité du clan n'avait faibli devant les galères constantes, renouvelées , répétées , absorbantes, délirantes et usantes, à part Hamid,  coiffeur sur le boulevard.


Hamid, en temps qu'aîné avait du endosser les responsabilités du père disparu, en temps qu'aîné responsable il se devait de dispenser d'incessant cours de morale primaire, et cela n'avait jamais trop percuté l'esprit des trois autres frangins, tous discriminés positivement à être chômeurs.

 

Plongés dans la came et les combines minables de survie, ils allaient et venaient entre les tribunaux correctionnels et les maisons d'arrêts, entre les cures de désintoxication et les rues du quartier, et pour souvent les caniveaux de ces rues, pourtant ils n'étaient pas abrutis.

 

Des poètes, des rêveurs, musiciens peintres et écrivains, défoncés,, pour l'heure, l'un était en taule pour une histoire de braquage tordu, l'autre venait de finir d'écrire un roman vérité sur ses aventures avec la came, il errait entre Marmottant et les rues des villes.

 

Le troisième, pianiste et guitariste de génie, cherchait, entre deux plongées dans la came, le groupe de rock blues pouvant entourer et magnifier ses multiples talents, les deux sœurs avaient créé l'association pour eux, Momo sentait bien que l'échange n'était pas équitable.

 

Momo aurait aimé avoir une vie moins sordide, le mot sordide s'amplifiait dans sa tête, se rattachait à des tonnes de souvenirs qu'il eut aimé gommer à jamais de sa

mémoire, mais on n'efface pas une mémoire ainsi, sur un claquement de doigt, ce qui a été vécu reste à jamais.

 

Même dans les états cotonneux où il se mettait, où le monde ne devenait qu'une ombre floue, même dans ce halo brumeux, où il se réfugiait, sursautaient par bribes toutes les étapes, tous les relents de la boue où il se vautrait constamment, sans délices, comme une journée finit.

 

A faire des allers-retours sans relâche entre le trottoir où tout le monde trouvait sa place et dont il se sentait exclu, quant il ne le fuyait pas, et le caniveau où il plongeait délibérément la tête pour oublier qu'il s'y trouvait, se sentait-il bien, sentait-il encore, la came l'anesthésiait.


C'était un état corporel de relâche, sans angoisse et sans souci, sans peurs et sans envies, si ce n'est l'envie de ne pas en sortir, la peur de manquer de ce qui permettait d'y être, le souci de renouveler le matériel qui permettait d'y rester, sa quête sans relâche, ses arnaques.

 

Il savait bien qu'il était dans une boucle infernale, avec interdiction d'en sortir, alors lui venait la volonté de remonter sur le trottoir des passants, à peu près bienheureux, de se côtoyer au monde, d'y exposer sa boue et y dévoiler son sordide, en appeler à la conscience.

 

Quémandant la réprobation universelle il s'écrirait : "Regardez-moi braves gens, je m'adresse à vous pour que vous soyez juges, je ne suis ni orgueilleux ni repentant, je n'ai que la folie de vous croire honnêtes et de penser que vous n'en profiterez pas, voici mon sordide.

 

Voyez les multiples bassesses, les ordureries routinières, les désaveux de soi-même dont il se compose et dites moi si vous en connaissez un de semblable, n'ai-je pas fait fort, du travail bien soigné, vous auriez fort à faire pour m'en indiquer de pire encore, sordide et bien mou.

 

Un sordide souvent et correctement alimenté, sapé de mille vilenies, des multiples oublis du respect que je devais à l'espèce humaine qui m'a fait naître et qui m'a éduquée, je ne suis ni un salaud ni une ordure comme vous autres mais pire encore", mais il s'était toujours tu.

 

Momo avait honte et vivait avec sa honte, que n'avait-il pas été honnête et travailleur comme son aîné, le coiffeur, pourquoi avait-il sombré, pourquoi n'avait il nulle volonté, si ce n'est celle de se remplir les veines avec une poudre de qualité, correctement préparée?

 

Y aurait-il un jour où il saurait faire autre chose, même pour la musique, et pourtant il était doué, tout le monde le disait, au piano ou à la guitare, on pouvait dire et on se souvenait qu'il mettait de l'ambiance, et à quoi cela lui servait-il, une carte de visite pour être invité.

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