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Publié par Christian Hivert

Gaza, Salvador, « Alligator Alcatraz » : le retour des camps ou le pire du capitalisme

Enzo Tresso

11 juillet

 

Publié dans Révolution Permanente

 

Israël, lundi 7 juillet. Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, annonce son intention de construire une « cité humanitaire » sur les ruines de Gaza pour y « concentrer » 600 000 Gazaouis. En un mot : un camp de concentration qui remplace les sites de distribution de l’aide alimentaire où les Gazaouis sont contraints de passer des corridors barbelés pour aller chercher leurs rations. Quand ils ne sont pas massacrés par les gardes étasuniens ou les soldats israéliens, qui ont déjà tué 600 Gazaouis depuis le début des distributions.

États-Unis, 21 juin. Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis utilise ses pouvoirs d’exception et lance la construction à Ochopee, en Floride, d’un camp de détention pour les étrangers raflés par la police de l’immigration. Surnommé « Alligator Alcatraz » en raison des zones humides qui l’entourent, remplies de serpents et d’alligators, le camp se compose de préfabriqués et de grandes tentes remplies de cages grillagées où les détenus seront parqués comme des animaux humains.

Dans leurs cages, les détenus souffriront de la chaleur, de l’humidité, des maladies comme l’encéphalite, une inflammation du cerveau transmise par les piqûres de moustiques qui pullulent dans les marais, des inondations torrentielles et des potentiels ouragans qui pourraient décimer la population du camp en détruisant les tentes. Trump, qui jubile à l’idée d’enfermer au moins 5 000 travailleurs dans ce zoo humain, présente le principe de ce nouveau camp : « Nous sommes entourés de kilomètres de marécage dangereux, et la seule issue est l’expulsion ». Plus dangereux qu’un réseau de miradors, l’environnement fait office de barbelés.

Salvador, 27 mars 2022. Nayib Bukele lance la « guerre contre les gangs » et fait bâtir plusieurs camps de travail. Trois ans plus tard, 70 000 personnes ont été arrêtées, très souvent arbitrairement, pour être enfermées à vie dans ces prisons-usines de sécurité maximale. Le gouvernement a également fait construire des fosses communes aux alentours des sites, pour cacher les corps des prisonniers tués par la torture, les conditions de travail, la famine, les exactions des gardes ou la privation de soins. Trump n’a eu de cesse de louer ce système jusqu’à y externaliser la détention de prisonniers détenus aux États-Unis.

Trois dates, trois lieux, trois systèmes concentrationnaires qui disent la nature du nouveau monde dans lequel nous sommes entrés. Celui de l’enfermement de masse, de la répression tous azimuts des travailleurs et des peuples et du génocide du peuple palestinien.

Dans un ouvrage largement diffusé, Giorgio Agamben lançait, en 1997, la thèse polémique selon laquelle les camps de concentration ne doivent pas être « considéré[s] comme un fait historique ou une anomalie appartenant au passé, mais, d’une certaine façon, comme la matrice cachée, le nomos de l’espace politique dans lequel nous vivons encore ». Loin d’apparaître comme une exception historique, le camp serait le mode de fonctionnement normal du pouvoir souverain, à l’ère de l’état d’exception généralisé. Cette thèse trouve aujourd’hui de terribles illustrations, mais elle manque la raison profonde de ce retour massif du fait concentrationnaire.

Car il ne s’agit pas du pouvoir en général ou du pouvoir tel qu’il fonctionne en temps normal, mais du déchaînement de violence que produit la crise du capitalisme et du retour des dynamiques les plus violentes qui le caractérisaient au début du XXe siècle, avant et pendant l’éclatement des deux grandes guerres mondiales.

À l’époque, le ralentissement de l’accumulation au sein des frontières nationales avait poussé les classes dominantes des grandes puissances à se battre pour le partage du monde. Des pays entiers furent conquis et leurs populations asservies par des formes de violences atroces. En 1897, le général Valeriano Weyler formule l’idée de « concentrer » les populations civiles de Cuba, sous domination espagnole, dans des camps sous contrôle militaire. Pendant la seconde guerre des Boers, entre 1899 et 1902, en Afrique du Sud, le général Frederick Roberts et Lord Kitchener construisent les premiers « camps de concentration » pour y enfermer les femmes, les enfants et les vieillards, et asseoir la puissance de l’Empire britannique.

Des méthodes qui attirent l’attention des autres puissances coloniales : en 1904, le général Lothar von Trotha aménage des Konzentrationslager dans le Sud-Ouest africain allemand pour regrouper ce qui restait des Héréros, après avoir massacré plus de 70 000 personnes.

Ces méthodes seront rapidement importées au sein des métropoles impérialistes et utilisées pour exterminer les Juifs et les Tziganes. Comme le notait le philosophe marxiste Karl Korsch, en 1942, « la nouveauté de la politique totalitaire réside dans le fait que les nazis ont étendu aux peuples “civilisés” d’Europe les méthodes auparavant réservées aux “autochtones” ou aux “sauvages” vivant en dehors de la soi-disant civilisation .

Aujourd’hui, alors que le capitalisme est à nouveau entré dans une période de crise, les puissances impérialistes se réarment et renouent avec le pire, de même que leurs États-clients. En parallèle, alors qu’Israël poursuit inlassablement ses opérations génocidaires à Gaza, avec l’aval et le soutien direct des puissances impérialistes, un même mouvement de transfert des méthodes coloniales a lieu, comme au Salvador ou aux États-Unis, pour combattre les « indésirables », comme l’extrême droite de Bukele et de Trump appelle ceux qu’elle enferme comme des animaux dans ces nouveaux camps.

Si ces phénomènes ne sont évidemment pas de la même intensité que le génocide à Gaza et s’ils n’ont pas encore atteint les niveaux de violence monstrueux qui ont marqué le début du siècle dernier, ils sont autant de symptômes de la nature du monde dans lequel nous sommes entrés. Le retour des catastrophes du XXe siècle, qui ont succédé au réarmement de l’Europe, n’a rien d’inévitable. Le temps n’en presse pas moins et il est plus urgent que jamais de combattre le monde qui vient avec des armes adéquates, celles de la lutte des classes et de la mobilisation des travailleurs et de toutes les couches opprimées de la société.

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