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Publié par Christian Hivert

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Une estime et une reconnaissance mutuelle en avaient découlé, ils étaient frères de lutte, chacun dans son secteur, et prêt à se filer des coups de mains essentiels, c'était cela l'Autonomie, pas de discutaillerie politicienne mais des valeurs et des actes en rapport, de la solidarité réelle.

 

Le matériel nécessaire à l'action fut transporté dans la chambre d'Arthur, en repassant au Premier, Arthur pu constater que Maxwell était bien entouré et sa crise de "Personne ne m'aime" prenait fin pour ce jour, François alla le voir avant de repartir, une journée ordinaire à U.S.I.N.E..

 

Sur le pas de la porte, alors que François repartait, une fourgonnette arriva, c'était le Père Arthur de Cachan venant livrer hebdomadairement les vivres de la Banque Alimentaire, c'était une décision collective prise quelque mois plus tôt, bien laborieusement, mais Arthur l'avait emporté.

 

Les bouffeurs de curés avaient eu du mal à se faire nourrir par leurs associations caritatives, mais passé la nécessaire expression exorbité de l'orgueil égotique la considération du côté pratique de l'opération permit de faire taire des principes puritains aberrants dans notre monde actuel.

 

Ni le collectif U.S.I.N.E. ne fut transformé en propagandiste de la foi catholique animant le Père Arthur, ni le squat emblématique de la rue Kléber à Montreuil ne fut transformé en église à clocher pointu, mais tous les punks régionaux firent affluence le jour hebdomadaire de la livraison.

 

Et tous ceux qui se gobergèrent sur le virage politiquement pas clair du lieu en furent pour leurs frais, il ne furent pas les derniers à profiter des possibilités dont disposait le Père Arthur de fournir les promesses d'embauche nécessaires pour  faire sortir de prison les copains maladroits.

 

Le Père Arthur avait été aumônier de la prison de la Santé, un aumônier semble-t-il controversé puisque, comme il le disait avec son humour bonhomme habituel, l'administration pénitentiaire l'avait libéré de force, il était trop proche des détenus sans aucun doute, pas convenablement gardien.


Arthur et le Père Arthur avaient pris leurs petites habitudes, cela rythmait un peu le désarroi permanent dont Arthur semblait souffrir, ce désarroi si souvent masqué derrière son activisme débridé et ses accès de jubilation furieuse dans les fêtes collectives régulièrement organisées sur place.

 

Le lundi soir était réservé au Père Arthur, il filait le rejoindre rue Sainte Anne, et ensemble, parfois avec des amies de Arthur, ils arpentaient les différents lieux de prostitution masculine de la capitale afin de porter à des êtres en souffrance le témoignage d'un intérêt humain non monnayé.

 

Le Père Arthur bien évidemment y mettait un vieux fond de ses croyances personnelles, l'amour chez lui  provenait et retournait à son sauveur et sa sainte trinité, Arthur avait des explications plus laïques, mais la diversité des motivations donnait sur le terrain la même compassion.

 

Peu importait à Arthur, il en était des croyances comme des opinions politiques, à tous les niveaux il réfutait les idéologies et plaçait l'homme, ses tourments et ses aspirations, au cœur de ses préoccupations, l'aliénation était à combattre rue Sainte Anne tout comme à l'U.S.I.N.E.

 

D'autant qu'un certain nombre de garçons passant à l'U.S.I.N.E., plusieurs, pour ne pas citer de chiffres, circulaient également rue Sainte Anne, Arthur les avaient discrètement croisés et reconnus, les combines de survie étaient multiformes, draguer pour escroquer ou dévaliser en était une.

 

Sur le seuil du plus grand et du plus connu des squats de la région parisienne des années quatre-vingt du siècle passé, Arthur et Arthur, le curé et l'Autonome se donnèrent l'accolade et déchargèrent ensemble la camionnette, montant les denrées de la banque alimentaire à l'étage.

 

Maxwell était enfin requinqué et élucubrait vivement au milieu d'une flopée de minettes en monté d'adrénaline, la grande table commune, formée de vingt tables piratées au self universitaire le plus proche et accolées, se chargeait de victuailles que les punks bientôt viendraient razzier.


Il en était ainsi tout les mercredi, Arthur installait alors le Père Arthur dans le seul fauteuil défoncé de la salle, le curé était unijambiste et éprouvait souvent le besoin de reposer son moignon du port de sa prothèse, il lui offrait alors un café et ils discutaient de leurs prisonniers en cours.

 

Car si Arthur avait choisi pour lui même une voie moyenne non délinquante, il n'oubliait pas de rester solidaire de ceux trop nombreux qui n'avaient pas les mêmes moyens de choisir ou qui pour diverses raisons avaient fait le choix inverse du sien, le Père Arthur était utile.

 

Puis le Père Arthur repartait vers les jeunes bien nourris de sa communauté de Cachan, Arthur les avait souvent croisés, c'était de jeunes étudiants dont la plupart avait la condescendance chrétienne peu charitable, Arthur à chaque fois se sentait être le singe dont on se méfiait des morsures.

 

Le Père Arthur jouait sans doute de cette contradiction, afin d'éveiller la conscience de ses futurs prêtres aux conditions d'existence des êtres pauvres et différents, mais cela semblait bien illusoire, même assis à la table de la communauté de Cachan, Arthur sentait la gêne.

 

Ce fut ce mercredi là que Reine vint au bras de Narco, Arthur s'en souvint des années plus tard avec une exactitude d'historien, il venait de raccompagner le Père Arthur à la porte du squat, et avant de remonter, il calma les ardeurs de deux punks échangeant  des coups de Doc Martens.

 

Il remontait les escaliers en sifflotant et en se disant que passé la crise de Maxwell, l'après-midi était bien calme, et il se sentit comme avant prit dans le sillage de Reine, taquine, Dominique Premier lui susurra finement aux neurones, tu n'as pas assez de moi comme obsession?

 

Pourquoi se trouvait-il à nouveau empli de Reine? Comme au lendemain de leur puérile dispute, comme depuis le Premier jour où son regard s'était empli de ses formes généreuses et de sa peau brûlante de soleil, il ne pensait plus à elle bien souvent, il en était parfois déçu, il oubliait.

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