Beaujolais : Pierre Selos
BEAUJOLAIS
Un nouvel affluent se jette dans la Saône
Et dans le Rhône aussi,
Par voie de conséquence.
S’il ne fait pas tourner de moulin sur son cours,
Il est intarissable avec ses crues d’automne
Le fleuve Beaujolais.
Ce petit vin joyeux devenu très tendance
Se hausse du tarif et baisse en qualité.
Comme Clément Marot en sa jeunesse folle
Le Soutirant au fût, je m’en suis fait des bols.
C’était avant le temps qu’il sente la banane
Le cassis, la framboise et même la vanille.
Avec de bons copains au palais délicat,
Mélangeant des fromages à la forte présence
Trempé dans du vin blanc et du marc du pays,
Assaisonnés d’oignon, d’ail et de ciboulette,
Nous savourions cela sur de grosses tartines
Mais les caveaux d’alors n’étaient pas de famille !
Adieu les Saint-Amour, les Fleurie, les Morgon,
J’en passe et des meilleurs que je ne boirais plus.
Pour plaire à Saint-Germain des Près et au Japon,
Il faut vendre du vin au sirop de bonbon.
Heureusement pour nous, l’hexagone est béni.
Bacchus et Dionysos ont fait le nécessaire
Et les gaulois aussi en créant le tonneau.
Chez d’autres vignerons je connais bien des sources
Pour étancher nos soifs.
Gardez vos vins de Chine et de Californie !
Vos rouges du Chili, vos blancs d’Afrique du Sud
Au goût standardisé…et merde à Sir Wallace, le Richard des fontaines !
P.SELOS