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Publié par Christian Hivert

D'une Assocciation Logée : DAL aux ordres

Terminées les longues prises de paroles, le programme de relogement des plus démunis allait pouvoir démarrer sans opposition notable. Les constructions de logement sociaux sévèrement ralenties ou annulées, les augmentations de loyers faramineuses, les taudis infects vite repeints et gérés par des pervers attirés par les souffrances des misérables.


Les associations de Gens Bons administrèrent des entassements hétéroclites de pauvres dans des immeubles délabrés, sous surveillance de leurs bienveillances éducatives. Lorsque ces immeubles brûleraient comme Boulevard Vincent Auriol quinze ans plus tard personne ne se sentirait responsable, les irresponsables du comité refusaient ces taudis.


Arthur s’était peu à peu écarté de tout et rapproché de sa compagne. Le Comité des Mal-Logés s’était autodissous. L’objectif des Gens Bons était atteint, les mal-logés ne prendraient plus eux-mêmes les décisions les concernant. On pourrait les soutenir, pourvu qu'ils n'aient jamais les mêmes droits, que leurs taudis puissent être rachetés, rénovés.


Et donc les classes moyennes avaient racheté les taudis expulsés du quartier Vignoles- Haies. Ils allaient enfin pouvoir posément valoriser leurs opérations et se réinventer une vie de quartier propre et civilisée, sans pauvres venus d'ailleurs, en toute sécurité pour leurs enfants, la convivialité sociale dans la mixité blanche, les associations de proximité.


Pour l'heure Arthur ne se sentait en sécurité qu'au milieu des exclus. Cela faisait une dizaine d'années qu'il suivait les traces des pas de tous les exclus de la capitale, dans les ruelles des quartiers, dans les marchés des africains et des travailleurs immigrés, dans les espoirs de lendemain d'humanité, les souvenirs des luttes anticoloniales, les solidarités.


Dans les volontés de justice et de paix internationale, son esprit et son corps s'étaient aguerris. Il soignait ses souffrances et blessures et rejetait tout idée de confort. Depuis des années un baluchon d'affaires de récupération se déplaçait avec lui de logement éphémère en abri incertain. Un jour les pauvres s'uniraient, il suffisait d'y travailler quotidiennement.


— Tu vas zoner toute ta vie ?

— C'est une forme de vie, c'est une forme de lutte !

— Oui les psychologues appellent cela une dépression chronique ! Tous les déprimés du monde unissez vous !

— Je ne veux pas construire les murailles de l'empire et ses gadgets de domination !

— C'est toujours travailler !
   
 
— Il y aurait-il une autre manière de voir le monde ?

— Tu veux dire voir le monde sans les massacres et les destructions ?

— Il faut bien détruire pour construire de nouveau ! Regarde toutes ces ruelles de taudis par lesquelles tu es passé ! Il faut bien faire du neuf par moments !

— Oui mais pour qui ?

 

— Mais c'est peut-être une histoire de manière de faire !

— La destruction par le feu et la mort d'enfants ne me semble pas pertinente !

— Cela n'est pertinent pour personne !

— Pourtant certains le pensent, l'ordonnent et le payent. Et d'autres exécutent ! Nous avons repoussé les nervis plus d'une vingtaine de fois !


— Et ils vous ont eu parfois !

— Et nous avons dormi dans la rue et nous avons obtenu la réintégration plusieurs fois !

— Dans les mêmes taudis !

— Nous revendiquons le logement social et l'arrêt des expulsions sans relogement, on nous oppose des chiffres économiques et des responsabilités politiques.

 

La gauche renvoie sur la droite qui se défausse sur la gauche et nos yeux font du Rolland Garros. Des quartiers devaient être rénovés, pas pour faire des bureaux qui ne se vendront pas, et que nous finirons par occuper en urgence parce qu'ils seront vides et chauffés. Le système de l'exploitation financière ne peut déboucher que sur une crise gave, et nous paierons tous, vos enfants aussi !


— Quand auras-tu trouvé le logiciel établissant la paix dans le monde, établissant le respect de tous envers tous, les valeurs universelles des peuples disséminés et si semblables dans leurs différences ?

— Je m'y mets de ce chef !

— Tu es une  bosseuse !

— Cela m'empêche de m'ennuyer, j'ai toujours à faire !


— Je voulais être ton frère, ton ami pour la vie, ton amant si tu avais voulu !

— Arrête !

— Oui, cela fait toujours mal quand on y pense, tu ne voulais pas te disperser, tu avais peur des autres, on rejoue toujours son enfance, tu étais seule dans ta chambre et il te fallait t'occuper pour n'y pas périr.


— Et moi j'ai grandi dans les pleurs des autres, je suffoque si je me retrouve seul. Le confort bourgeois et arrangé m'effarouche. Il me faut du bruit et des odeurs des autres à foison. Je déteste les bonnes manières. Je refuse d'apprendre les codes de l'impolitesse sociale de l'apartheid dominant.
   
 
— Je n'aime que les attentions douces des mondains, lorsqu'ils paraissent si preux que l'on se croirait dans un conte.

— Dans les contes les armes ne tuent pas pour de vrai, puisque le héros est toujours vivant pour l'épisode suivant !

— Il suffit de reprendre le conte au début !

Je vois, écouter Brahms dans des églises du quartier latin en compagnie de tortionnaires.


— S'élever l'âme, aller vers le beau.

— La beauté des massacres massifs de population !

— La beauté des phrases assassines !

— La beauté de tous les incendies de Rome !

— La beauté des bourgeoisies du monde a des relents constants de charniers humains.

— Leurs beautés sont réservées à leur élite des nations.


— Combien de temps nous feront-ils rester sur ce sable ?

Le sable du square rond couvrait en volutes soyeuses et crayeuses les sourcils des petits enfants noirs poursuivant les Crs contraint de reculer devant la solidarité massive de la population de tout un quartier en leur criant : À la nisse, à la nisse, de l'eau, des lozements ! Le comité des mal logés installait ses tentes et réclamait les droits d'une vie décente pour tous, des terroristes.


Arthur se sentit tendre à l'infini de son néant. Par les béances de sa vie s'engouffraient des vagues meurtrières de découragement. La fin du comité était en train de se jouer là. Tonton la cagoule avait toussé une fois et appelé au secours son ami l'Abbé Pétainiste et agresseur sexuel en pèlerine noire. Quarante années se sont passées, les tentes multicolores décorent les rues de la capitale en guirlande d'infamie…

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