TRANSPOSITION : P.SELOS
TRANSPOSITION
Sur l’eau noire de la mare barbotent des canards ; Sur l’eau bleue de la mer un bateau de croisière qu’affrète La Cunard zigzague d’île en île.
Un atoll-nénuphar, du genre feuille de lotus, sert d’escale à grenouilles.
Le hérisson chargé de son trop plein de puces, comme le sont, le soir, les lignes d’autobus, se hâte lentement pour trouver des limaces car il vient de pleuvoir.
Les fourmis sous la terre obturent les entrées et parent au déluge car dans la fourmilière, comme dans les usines, on fait bien trop souvent des heures supplémentaires.
Et le coucou squatteur s’installe dans un nid qu’il a trouvé vacant, du moins, il le prétend mais il n’est pas crédible. Il devrait se méfier de l’oiseau de police, celui qui a des yeux grands comme des soucoupes.
Mais le plus exposé est le beau rossignol car s’il chante à sa belle, entre deux crépuscules, son amour éperdu, il encourt de grands risques et tous ceux qui hululent lui feront payer cher son tapage nocturne.
Le papillon de nuit, visiteur éphémère aux ailes de velours, ne verra pas le jour.
Son éloge funèbre dit par un Grand Monarque sera des plus succincts, tenant en quelques mots : «Le regretté Kaon, mort dans la fleur de l’âge, ne viendra plus tourner au creux des abats jour».
Par un après midi où je faisais la sieste, les yeux mi-clos pour filtrer la lumière trop vive de l’été, tel un Dormeur du Val mais bien vivant, les pieds dans la luzerne, j’ai laissé libre cours à mon esprit fantasque.
Pour avoir écouté simplement la nature et observé autour de moi l’élan vital, je me suis amusé à mêler une part de réel avec l’imaginaire qui me sert de boussole.
On peut conter ainsi des centaines d’histoires bâties de presque rien, tout est dans la façon.
Si mon corps s’enracine à la terre qui me porte, je suis en permanence la tête dans les étoiles.
P.SELOS
Paris, le 28 Janvier 2015