Refus : Pierre Selos
REFUS
L’enfant qui vient à moi a les yeux grands ouverts
Mais il voit ;
Il écoute les voix, il pressent les mystères
Au-delà ;
Les chemins que je prends ne sont pas inconnus
A ses pas ;
Les adultes parents refusent les secrets
Qu’ils n’ont pas.
L’enfant qui m’a suivi sait encore regarder
Les étoiles,
Sans vouloir à tout prix réciter sa leçon
Sidérale ;
Des hommes en fusée mettaient fin à leurs rêves
Dans la nuit,
Que tous les deux penchés nous guettions le manège
Des fourmis.
L’enfant qui tient ma main n’est pas de votre monde
Etranger,
Il lui faut des matins, non l’aube grise immonde
Des cités.
Conservez vos soleils, enchainez vos printemps,
Vos étés,
N’accordez qu’à vos vieux, n’accordez qu’à vos vieilles
Des regrets.
L’enfant qui me ressemble et que je suis resté
Ont encore
L’envie de découvrir et l’envie d’inventer
Des trésors ;
Ne pas vivre la vie que vous avez copiée
Sur la mort ;
Finir dans la tempête mais ne jamais pourrir
Dans un port.
P.SELOS