Nazisme en continu...
L’irruption du nazisme dans le monde moderne...
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L’irruption du nazisme interroge à plus d’un titre. Tout d’abord, pour en saisir l’essence, il est nécessaire d’abandonner la grille d’interprétation morale introduite par le judaïsme. Le Nazisme n’est pas l’apparition du mal sur le bien, mais une ambition démesurée, celle de réaliser l’idée de perfection absolue dans le monde. Un monde parfait, où chaque individu est une pièce d’un gigantesque puzzle -ayant à son sommet un dieu incarné en la personne de Hitler- suivi d’une cohorte de disciples, mis en concurrence afin de les bloquer dans leur ambition individuelle de vouloir s’emparer de la première place ; et à l’autre bout de l’échelle, l’enfer, le programme de la solution finale, comme l’évoque la peinture de Jérôme Bosch. C’est à escient que j’évoque une peinture, parce que le Nazisme se manifeste d’abord par son esthétique. Une esthétique rigoriste qui suprime l’Art. Une esthétique dans laquelle chaque individu est voué à l’élévation d’un monde fictif. Chaque individu jusque dans la machine de mort des camps d’extermination. Ceux que le nazisme désigne comme des races inférieures devant disparaître, font aussi partie de la structure fictive du monde nazi. La solution finale est un des éléments centraux de la structure du monde nazi. Les détenus des camps nazis doivent se plier, par le travail, à des règles de discipline jusqu’à l’absurde, et jusque dans la mort programmée. Ce qui frappe, dans l’application de l’idéalisme Nazi, c’est la rigueur exposée comme une esthétique. Un certain nombre d’écrivains et d’artistes, notamment du milieu du cinéma et de l’édition, ont été profondément séduit par la présentation publique du nazisme. L’un des plus célèbres d’entre eux, Céline ne manque jamais d’y faire référence. Brasillach a été jusqu’à s’y noyer. Jusqu’à aujourd’hui, la première approche que nous recevons de ce monde est sa présentation. Non l’étalage d’une misère insupportable, ni une bande de mercenaires, mais une évocation de la puissance, de la discipline, de la propreté, de l’ordre. L’image du nazisme n’est pas celle d’une bande de clochards ennivrés qui massacre au hasard sous l’emprise d’une folie sadique, mais une organisation alignée, uniforme, servile. Le Nazisme nous est présenté, à nous dont on ignore les rouages, les raisons, l’époque de cette catastrophe -parce que nés dans la deuxième moitié du XXème siècle de la terreur- d’abord comme un spectacle, spectacle aux règles effrayantes. Le Nazisme est évoqué comme le point limite que le monde moderne ne doit jamais atteindre. Le Nazisme nous est présenté comme une expérience catastrophique qui ne doit jamais revenir sur le devant de la scène de l’histoire. Le Nazisme est le critère du mal à partir duquel se justifie les démocraties parlementaires modernes pour se maintenir. De l’esthétique de la discipline, le nazisme est devenu l’esthétique du mal absolu. Du projet d’un monde puissant, puisant sa force dans une jeunesse idéalisée, le nazisme est devenu le programme d’un monde de terreur puisant sa force dans la folie destructrice. Le décalage de ce paradigme, n’est pas le résultat de recherches plus poussées sur cette période, mais le besoin de justifier, en permanence, le développement du monde moderne. Le nazisme est devenu un chantage et un prétexte pour les démocraties parlementaires, permettant de justifier leur durée et leurs exactions. Le suffrage universel est détourné à cette fin, de sorte qu’on ne vote pas pour un programme, mais contre la terreur. L’évocation du nazisme aujourd’hui, ne renvoie pas à une période de l’histoire, mais à un chantage affectif orientant les décisions, depuis l’élection, jusqu’au coeur de la pensée philosophique. Entre un Lepen hitlérisé pour la circonstance, et la métaphysique de Heidegger, qui n’est plus que l’introduction du nazisme dans la philosophie, la terreur sert de boussole jusqu’à l’absurde. Car, tout de même, en lisant Heidegger, il est difficile d’utiliser cette pensée à la restauration de camps d’extermination, pour cette simple raison que pratiquement personne ne lit Heidegger, et personne parmi ses rares lecteurs on lu tout Heidegger. Et parmi ses exceptionnels lecteurs, plus rares encore sont ceux qui ont compris ses propos, tant sa pensée est abstraite. Si Heidegger peut servir d’introduction au Nazisme, alors il faut prèter une intelligence franchement développée à la pensée Nazie. Il y a là, une limite qui confine à l’absurde. De plus, une pensée n’oriente pas les esprits, mais l’inverse, ce sont les esprits qui produisent les pensées. La pensée d’Hitler n’existait pas avant lui. Enfin, je finirai ce préambule par cette constatation que l’avènement du nazisme dans le monde n’est pas un moment de l’histoire, mais le jaillissement du monde contemporain. Le nazisme n’a pas disparu avec la fin d’Hitler ; il a seulement commencé avec lui, et se poursuit aujourd’hui sous des formes moins rigides, mais autrement terroristes, avec l’appelation rassurante et mensongère de démocratie. L’effroyable usage de la bombe atomique marque l’acte de naissance de la terreur moderne appelée à régner durablement sous l’appellation de démocratie. Le monde démocratique a produit une force destructrice totale. Depuis l’effondrement d’Hitler, la démocratie n’a jamais cessé de propager des guerres, partout dans le monde, dont les victimes sont, le plus souvent, des civils dont le seul tort est d’habiter sur les territoires que se disputent des belligérants, pour des raisons de puissance et non de liberté. Les camps nazis n’ont pas disparu ; ils ont été améliorés jusqu’à la création de quartiers de haute sécurité, les QHS d’où a réussi à s’évader le Grand Jacques, et d’autres qui sont maintenus dans le secret, comme à Guantanamo. La démocratie ne garentit pas contre le totalitarisme ; elle n’en est que la forme pacifiée. Publié le 21 février 2007 par Gilles Delcuse