MERCENNAIRES : P.SELOS
MERCENNAIRES
A la place de cirques
Bâtissez-lui des stades !
Même le pain n’est plus le complément des jeux.
Car la plèbe a choisi de serrer sa ceinture
Pour soutenir ses dieux
Qui gagnent des millions.
L’hystérie collective
Célèbre un autre culte
Bien plus fort que l’opium que fût la religion.
Quand les turcs, à Byzance, étaient sous les murailles,
Les habitants pariaient
Sur des courses de chars.
Durant l’antiquité,
Les vieux jeux olympiques
Imposaient une trève au moment des épreuves.
Voici que des pays opposent leurs équipes
Alors qu’à leurs frontières
On s’égorge, on s’étripe.
Toutes les dictatures
Ne s’y sont pas trompées.
Un corps ne pense plus quand il est épuisé
La foule hypnotisée est dans le même état
Et les démocraties
Y masquent leurs carences.
Tous les sports font l’objet
D’un énorme trafic.
Aucun n’est épargné dans la course à l’argent.
Et la drogue supplée le champion défaillant.
Le col sera monté,
Le Tour sera gagnant.
Nous vivons maintenant le temps des mercenaires.
P.SELOS
Paris, Août 2013