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Publié par Christian Hivert

bien

Il faisait chaud ; mais ce n'était pas cette impression qu'il retiendrait. Non, la première impression qui lui reviendrait en mémoire serait la vision de la tranquillité, de la paisibilité, de la clarté immobile et insouciante de son village.

Un jeune homme regardait le café au coin de la place ; peut-être était-ce lui et il se voyait lui-même comme dans un rêve où tout est plus réel que la réalité. Son baluchon aux pieds, il roulait une cigarette, était-il l'écrivain qui tentait laborieusement de décrire l'atmosphère par des mots d'encre ; l'écrivain roulerait-il sa clope, comme lui avec lassitude et envie, envie de la fumer ?

Comment concevoir un homme, une histoire, une vie par des mots, et quel intérêt malsain de tenter de voir ce que l'on ne voit pas, de décrire ce qui n’existe pas, en employant les mots même qui servent à raconter ce qui existe? Cela faisait des jours qu'il marchait à l'écart des habitations et des paysages humains.

La fatigue jouait avec lui, sans le mener, lui diluant son énergie, diminuant sa joie en plaisir, le fragilisait juste à point pour entrer dans ce village où le soleil même semblait suspendu, arrêté, immuable, définitif. Autour du village, hormis ce bois qu'il venait de traverser, la plaine et les collines s'étendaient géantes et dépouillées de toutes espèces d'arbres qui eût pu gêner la circulation linéaire des rouleaux compresseurs agro-alimentaires.

Depuis des décennies que les banques vertes contrôlaient tout, ne subsistaient que quelques zones franches, la loi sur ces terres se résumait à peu de choses : interdiction de circuler sur les territoires sauf autorisation spéciale pour une mission hors ville ou pour travailler sur les énormes machines sans jamais connaître l'étape suivante.

Au démarrage de cet empire, les luttes avaient été terribles, les exploitants agricoles, s'étaient unis contre les trusts, mais chaque région s'était parée de luttes spécifiques, par secteurs d'activités, par régions ou par pays et les différentes coordinations transnationales européennes n'étaient parvenues à une unité et une harmonisation qu'alors qu'il était trop tard. Le processus était trop fortement implanté et protégé.

Des concessions avaient été faites, les dernières régions rebelles avaient été déclarées par l'Ubavère (Union des Banques Vertes Européennes) "zones franches de circulation". Mais comme tout les territoires hors ces zones lui appartenait, les gens qui habitaient là avaient vite compris que leur liberté s'arrêtait aux limites de leur demeure. Un certain esprit de résistance y était, malgré tout, toujours entretenu.

Les techniques les plus avancées étaient apprises dés le plus jeune âge et permettaient aux jeunes qui le souhaitaient de réintégrer le processus selon des accords spéciaux avec les banques. Dans la plupart des zones franches, tous les moyens d'exploitation des produits terriens et toutes les structures de transformation de ces produits avait été mis en commun.

Une sorte d'aristocratie composée des éléments les plus imaginatifs s'étaient peu à peu mise en place. Au début, une génération plus tôt, les jeunes qui finissaient leurs études étaient tous envoyés en stage pratique sur les différents terrains économiques et technologiques des zones.

Certains cadres de l'Ubavère y avaient envoyé leurs fils rebelles ou contestataires au processus afin de leur faire un complément de formation avant de les réintégrer. Beaucoup d'échanges se nouaient, les imaginatifs avaient cédé le pas aux innovateurs, puis aux rénovateurs, puis à de petites baronnies capitalisées sous le regard bienveillant des banquiers et des psychopolitiques du processus.

Par la suite ceux des étudiants qui faiblissaient se trouvaient intégrés sans problème et se voyaient offrir le poste éminent qui correspondait à leurs longues études, leur conscience achetée par le confort aéré qui régnait dans les villes.

Ceux plus rares, qui conservaient le souvenir de la résistance passée, soit s'intégraient pour "attaquer de l'intérieur", soit allaient dans les campagnes et les villes-bidons tenter de transmettre les moyens de résistance les plus évolués.

Certaines têtes en informatique avaient formulé un projet conspiratif dont la première phrase avait partiellement réussi. Les puissants ordinateurs de l'Ubavère avaient été muselés durant près de vingt-quatre heures et beaucoup de clandestins et de bannis s'étaient réinstallés en annulant les poursuites nominales qui les concernaient.

Beaucoup avaient été découverts et envoyés mettre leur savoir au service des banques dans une des Stations d'Etudes et de Recherches Orbitales (S.E.R.O.). Ils étaient ravitaillés une fois par an et n'avaient quasiment aucun moyen d'évasion ni aucun moyen de connaître la globalité des recherches sur lesquels ils travaillaient.

Chaque calcul était parcellisé à l'extrême, une équation biologique trouvait son application dans mille et uns secteurs différents, les puces biologiques se combinant toutes entre elles. Malgré ces avanies diverses un réseau avait été constitué qui aurait échappé aux investigations bancaires...

Extrait de NE PEUT ETRE VENDU (Paris-Chine 1984-1994)

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