Il est pas (du tout) content, le taulier de L’Express.
(Christophe Barbier, donc.)
La consternante médiocrité intellectuelle de la France d’en bas lui moud fin les parties intimes - putain, mais que ces gens sont de pauvres con(ne)s, c’est quand même pas (du tout) possible, d’être aussi bas(se) du front, mâme Dupont.
Ainsi, rédactionne Christophe Barbier dans son édito de la semaine : alors même que chacun(e) sait, « dans les antichambres des gouvernements » et dans l’éditocratie (où sont tellement plus d’« esprits lucides » qu’en prolétarie), que « la crise financière n’est pas finie » (et que « le gouffre de la dette publique s’est » si profondément « creusé sous le mince plancher de nos certitudes d’État providence » qu’« il s’en faut de peu que nous chutions brutalement dans l’abîme » [) - de quoi c’est qu’on parle, dans les fonds de la société ?
« Parle-t-on de cela ? »
Nenni : la crise va nous faire crever le mince plancher, mais « la France des bistrots », loin de s’en alarmer, préfère « se demande(r) si c’est bien du sperme de Strauss-Kahn que l’on a trouvé sur le chemisier de la femme de ménage ».
Bonjour le niveau de la France des bistrots, confite dans ses « divagations ».
Itou, continue Barbier : alors même que « s’étend sur l’Occident », comme dans un vieux film d’épouvante, l’« ombre inquiétante » de « la révolution » du « monde arabe » (où les indigénats risquent fort de s’abandonner « aux vapeurs funestes de l’islamisme »), de quoi se préoccupe-t-on, chez la plèbe ?
« Parle-ton de cela ? »
Toujours pas : les barbus marchent sur Tataouine, mais « la France des métros » (celle, tu sais, qui pue le matin l’après-rasage, et la transpiration le soir) « se demande si Georges Tron ne pousse pas le massage plantaire au-delà du pied ».
Décidément, c’est affligeant.
Et c’est pas fini, continue de continuer Barbier : « À Fukushima, l’horreur nucléaire a bien failli advenir » [ - mais « parle-t-on de cela », dans les strates inférieures (quoique motorisées) de la population ?
Du tout : « La France des autos se demande » plutôt « si l’on va bien continuer à la prévenir à l’approche des radars ».
Sans déconner, ça fait vraiment pitié.
Heureusement : il y a Christophe Barbier, qui, refusant de se laisser tirer vers le bas par les tristes crétin(e)s des bistrots (et du métro), continue vaillamment, toutes les semaines, de mettre un peu d’hauteur de vue(s) dans les grossières obsessions de la populace - comme le prouvent les trois dernières couvertures de son hebdomadaire.
Celle du 18 mai, d’abord - entièrement consacrée à la crise financière dont les Françai(se)s du zinc se désintéressent de toutes leurs forces, mais qui n’en finit plus, mâme Dupont, de perdurer, et ça, excusez-moi, mais c’est quand même autrement plus important que du sperme sur la liquette de la domestique :
Puis celle, sans concession(s), du 25 mai - d’où ressort très nettement qu’il serait temps de prendre la mesure de la révolution du monde arabe, au lieu de faire des fixettes sur DSK ou Georges Tron :
Puis celle, enfin, de ce matin - assurément la plus grave, pour ce qu’elle révèle, après Fukushima, de la dangerosité de l’atome :
J’étais en train de la contempler, au bistrot, quand, tendant l’oreille, j’ai entendu la France du comptoir se demander combien de temps, Raymond, elle allait encore supporter, sans leur mettre son pied au cul, que des tartuffes de compète lui fassent des leçons de maintien ?