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Publié par Christian Hivert

Dans des temps arrêtés…

 

Et les flics ? Jamais vu une ville autant bourré de flics ! A croire que la ville risquait à tout moment de s’embraser dans une de ces émeutes insurrectionnelles qui avaient forgé son histoire . Sans même le savoir ou en avoir conscience , il marcha dans les pas de ces révolutionnaires illustres qui avaient animé les ruelles de ces quartiers durant tant d’années.

Aux abords des escaliers de la rue des Chevaliers , il se mit à descendre « jusqu’à ce que le sol redevienne plat » se dit-il . E t c’est ainsi qu’il se retrouva , au bout de la rue Ramey , Place Jules Joffrin . Et ce fut le pur hasard si , ayant envie de boire un verre , il choisit de pénetrer au Nord-Sud .

Il n'était jamais venu dans ce café, personne ne l'avait vu auparavant dans le quartier, tous auraient pu le jurer. Pourtant tout lui paraissait familier. Son aisance tranquille d'habitué n'avait perturbé la quiétude des clients attablés. C'est à peine si l'on avait remarqué son entrée. Nul n'avait perçu l'imposture.

Mis à part le bref regard que l'on accorde au passage d'un client devant sa table, nulle interrogation particulière. Momo l'avait même laissé s'asseoir à sa table, sans aucune marque de réprobation majeure, lui d'un naturel si méfiant : un inconnu pouvait dissimuler un mouchard ou un flic en civil ! Mais là, allez savoir pourquoi, il l'avait laissé s'asseoir à sa table.

Après quelques banalités d'usage, déjà il avait conclu que ce n'était pas un type ordinaire. Il n'entrait dans aucune des catégories de gens où l'on eût voulu le ranger et pourtant correspondait à toutes. Il étaitdoux, parlait calmement, sans faire d'effets, ce qu'il disait était tellement simple et juste.

N'eût été l'extrême jeunesse qu'affichait son regard, on aurait pu le prendre en l'écoutant pour un vieux sage à l'antique, qui a percé mille secrets et connaît l'univers. Pour l'heure, la discussion était retombé mollement. Momo se surprit, malgré ses règles de prudence, à chercher un moyen de relancer le dialogue.

Il se demandait ce qui l'avait poussé à bavarder ainsi de longs moments en toute confiance. Etait-ce bien lui et non un autre qui venait de parler ? Longuement, plus longuement qu'il ne l'avait jamais fait ? Les mots prononcés lui avaient semblé venir directement de la gorge. Maintenant sa tête s'était vidée complètement, une étrange sensation de bien-être l'envahit. Le type l'avait écouté tout ce temps, sans l'interrompre, en le regardant !

Lorsque Nathalie arriva au Nord-Sud avec ses copines, le type était déjà assis, en grande conversation avec Momo. Elles s'installèrent au fond du café, précisément là, à côté du juke-box, pour être plus près de la musique. Elles étaient passées devant la petite vieille, toujours en train d'écrire et de corriger on ne sait quoi, dans le coin avant le présentoir.

De temps en temps, elle s'énervait et se jetait sur son stylo, en proie à une vive agitation. Etait-ce le signe de l'inspiration subite, le moment décisif où l'idée lumière se libère avec extase sur le papier? Elle retournait alors son crayon dans tous les sens, prenait plusieurs fois de suite la résolution de commencer à écrire dans une sorte d'impulsion, toute droite venue du coeur, semblait-il. Mais le coeur n'était plus ce qu'il était; l'impulsion n'était plus assez forte, elle paraissait se dégonfler tout d'un coup, s'affaisser dans un mouvement las aux accents de dépit et de rage impuissante.

Lorsque la main avait plusieurs fois fait le geste, lorsque la pointe du stylo s'était à chaque fois rapprochée du papier au point d'y laisser une légère trace, lorsque, en vain, le mécanisme de la création s'était, à maintes reprises mis en branle, la petite vieille, devant son demi de bière et sa page raturée à l'excès, s'effondrait et laissait s'évaporer sa frustration en larmes.

L'angoisse devait être à ce moment à son point culminant. D'autres fois, cela allait mieux, elle écrivait alors des pages et des pages avec frénésie. Quand Nathalie était passée devant elle tout à l'heure, elle rêvait.

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