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Publié par Christian Hivert

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Qui sont les « trolls » qui nous pourrissent Internet ?
La possibilité de laisser un commentaire après un article sur les sites d’information crée une formidable agora pour les lecteurs. C’est aussi le lieu de défoulement favori des « trolls », ces internautes qui s’acharnent à polluer avec outrance la moindre discussion.
«Vous êtes-vous trop branlé dans votre jeunesse que vous êtes incapable d’aligner une phrase sensée ?» Un peu plus loin : «Quand à ta vaseline, tu peux y ajouter du sable, et t’en fourrer plein là où il te sierra de le faire !» Aucun utilisateur d’Internet n’a pu échapper à ces flambées poétiques à l’orthographe souvent fantaisiste : elles sont inévitables, elles foisonnent sur Twitter, Facebook, YouTube et, malheureusement, sur les sites d’information. C’est d’ailleurs à marianne.net que l’auteur des lignes ci-dessus a envoyé ses lumineux commentaires.Voilà un lecteur qui a pris la peine d’élaborer une jolie tournure – interprétant pour l’occasion le verbe seoir à la mode hispanique – et de formuler l’hypothèse audacieuse d’un lien entre les pratiques masturbatoires et la faculté à formuler une idée cohérente. Etrange démarche que celle des «trolls», comme on appelle ces commentateurs spécialisés dans les interventions outrancières qui s’acharnent à polluer les fils de discussion partout où ils se trouvent. A se demander quel maléfique pouvoir s’empare d’eux lorsqu’ils s’installent derrière leur clavier.
Jean travaille chez Concileo, une entreprise de «gestion de commentaires». Il n’est pas là pour essayer de percer les motivations secrètes des trolls. Son rôle, c’est de les modérer, c’est-à-dire de les empêcher de déverser leur fiel sur les sites de ses clients, parmi lesquels le Figaro, qui reçoit pas moins de 15 000 commentaires par jour, mais aussi le Parisien, LCI ou encore Radio France. «L’image que çela renvoie de l’humanité est plutôt triste, soupire Jean. On lit tellement d’horreurs, de racisme… On constate une vraie montée de l’agressivité dans les commentaires. Le pire, c’est que les gens ne se lisent pas les uns les autres ; ils crachent leur venin et ils repartent.»
Un avis que partage la sociologue Irène Bastard, qui a étudié un corpus de 1 000 commentaires prélevés sur des sites d’actualité. Selon elle, ceux qui s’inscrivent dans un dialogue sont minoritaires, l’écrasante majorité des interventions ne s’adressant à personne – ou à tout le monde, au choix. Terrible constat pour Internet, un média qui a fait de la liberté d’expression son principal moteur : les modérateurs, premier public des commentaires sur la Toile, sont complètement déprimés.
Il faut dire que l’essentiel de leur travail consiste à entretenir un terrain pris d’assaut dès l’origine du Net par les extrémistes de droite. Selon Jean, ils monopolisent 80 % des commentaires : «Ils ne sont pas plus nombreux, mais ils sont plus présents en nombre d’interventions. Dès les débuts d’Internet, ils ont compris que c’était l’occasion de diffuser leurs idées radicales. Et, aujourd’hui, ils savent mieux que personne comment s’y prendre pour contourner les chartes de modération.» La stratégie pour mener la guérilla en mode 2.0 est très bien huilée, et n’a pas son pareil pour embraser les fils de discussion.
L’an dernier, un activiste repenti expliquait ses trucs et astuces à un journaliste du Midi Libre. Pour encourager l’air de rien l’internaute lambda à considérer que les étrangers sont la source de tous les maux de la nation, il suffit, racontait-il, de prendre un pseudo à «consonance arabe [pour] lancer des insultes aux Français, en prônant une République islamiste à Paris ou ce genre de choses». «C’est très gros, mais ça marche à chaque fois !» jubilait le jeune homme. «Il faut en priorité « squatter » les sites d’information générale à la recherche de toutes les informations « raciales » possibles, monter en épingle les faits divers lorsqu’ils concernent des étrangers…» Camouflés dans les habits de M. Tout-le-Monde et prêts à brandir le bouclier de la liberté d’expression en cas d’attaque, les prosélytes de la «race blanche» sont les plus difficiles à écarter du débat.
Faire passer ses idées
Pourtant, tous les commentateurs ne sont pas des trolls – loin de là. Sur le site marianne.net, les deux à trois dizaines de contributeurs les plus assidus, en majorité des hommes de plus de 50 ans, brossent un tableau plutôt sympathique de leur «communauté». Franz, 66 ans, voit dans le commentaire le moyen de «formuler sa pensée et avancer dans sa réflexion». Roger affirme quant à lui que «les analyses sont parfois très pointues, donc positives pour tout un chacun». «On côtoie certains commentateurs depuis si longtemps qu’on finit par avoir l’impression de les connaître comme le fond de sa poche», témoigne Sylvie, 55 ans. Pour Michel, «la cerise sur le gâteau», c’est quand ses interventions sont saluées non pas par les journalistes ou le modérateur, mais par les internautes qu’il apprécie.Mais le premier objectif du commentateur est avant tout de faire passer ses idées, comme l’explique Jean-Louis : «Si je commente, c’est dans un unique but : je suis en opposition totale avec le système économique mondial actuel. J’interviens pour le dénoncer et dire qu’il y a d’autres politiques possibles.» Certains internautes se sont d’ailleurs fait une spécialité de surfer d’un site d’info à l’autre, parfois sans même changer de pseudo, pour y laisser leur trace écrite. La plupart des sites d’info composent avec ces nouvelles agoras en investissant dans des équipes de modérateurs, et tentent tant bien que mal de tirer profit de cette prise directe avec leurs internautes.
Bien que seule une infime partie des lecteurs commentent un article (un peu moins de 1 % sur marianne.net ), cela reste un moyen de faire connaissance avec son lectorat. «Les commentaires permettent de cibler les sujets qui provoquent des discussions, et parfois de faire des choix éditoriaux en conséquence», explique le développeur numérique d’un site d’actualités. Avant de confesser un autre avantage, plus pragmatique : «C’est aussi un multiplicateur de trafic sur le site. Des lecteurs fidèles qui viennent commenter avec régularité, c’est l’assurance d’un nombre de pages vues important. Cela permet ensuite de vendre des espaces de publicité.»
Quels que soient les arguments avancés, certains journalistes habitués au papier rechignent encore à s’exposer à la vindicte des commentateurs. Il faut reconnaître que le dénigrement systématique de leur travail est l’un des sports les plus couramment pratiqués dans les forums. «Je ne lis plus les commentaires, témoigne une journaliste, reflétant l’opinion de beaucoup de ses confrères. La plupart du temps, c’est de l’insulte pure et simple, pas de la critique constructive, je ne vois pas l’intérêt.»
Si les attaques bêtes et méchantes et les invectives sont monnaie courante sur le Web, c’est aussi parce qu’elles sont facilitées par le principe de l’anonymat. De l’avis général, se planquer derrière un pseudo autorise des interventions que l’on ne se permettrait jamais dans la vie. «Tu sais, je fais 1,90 m pour 100 kg, je pratique régulièrement le sport. Une fiotte comme toi ne tiendrait pas cinq secondes» : cet internaute aurait-il aussi fièrement bombé le torse si son interlocuteur s’était trouvé en face de lui ? On peut en douter. Même Sylvie, commentatrice résolument pacifique, le reconnaît : «Je me suis fait le reproche de ne pas prendre la même distance vis-à-vis de commentaires que je perçois comme agressifs ou violents, comme je le ferais dans la vie. En fait, j’ai remarqué que je réponds sur le même ton que celui que j’ai perçu – à tort ou à raison – dans le post qui m’est adressé.»
Ne nourrissez pas le troll !
Dans le cas des trolls, le phénomène confine à la schizophrénie. Alexandre VI – c’est son pseudo – est un bon spécimen de ces mauvais génies qui sévissent sur la Toile. Changeant sans arrêt de pseudo et d’adresse IP, cet internaute contourne habilement tous les protocoles de filtrage, provoquant migraines et sueurs froides dans les équipes de marianne.net : «Croyez-vous vraiment que les Français favorables au mariage gay sont favorables à leur confier des enfants ? Le réveil risque d’être douloureux pour votre communauté à la rondelle dilatée», écrit ce Baudelaire du Web.Contacté par mail, surprise : l’affreux jojo se transforme en agneau. A grand renfort de «cordialement» et de «bien à vous», il explique être «très courtois habituellement» et revendique simplement le droit à une «modération équitable». Manifestement, Alexandre VI ne comprend pas pourquoi ses propositions («Il faudra éliminer les députés qui ont voté pour ce texte : traîtres à leur pays et son aura. Mort aux cons rétrogrades néobarbares socialistes») sont rarement validées par le modérateur.
«Don’t feed the troll» («Ne nourrissez pas le troll»), dit l’adage, car il se repaît des réactions excédées de son public. Mais, pour les modérateurs, impossible d’ignorer leurs interventions, les pollueurs de tout poil le savent bien. «C’est sûr qu’ils s’amusent plus que nous, sourit Jean. Pour ceux qui passent leur journée sur le Web, c’est devenu un jeu.» La modération n’est pas une science exacte, et définir une charte stricte s’avère mission impossible : «Même si on respecte des directives précises, on exerce notre travail au jugé», confesse Jean. Même sur le Web, espace par nature plus libre que les autres, la partition entre journalistes d’un côté et commentateurs de l’autre reste nette.
Certains sites d’actualité imposent aujourd’hui aux internautes de commenter sous leur identité Facebook ou Twitter, dans le but d’éradiquer l’anonymat. D’autres retirent purement et simplement cette option aux lecteurs. Une mesure pour le moins radicale, qui prive l’internaute d’un des avantages les plus innovants de la Toile par rapport à la presse écrite : son aspect participatif. Et qui va surtout à l’encontre des habitudes développées sur le Net : d’après une étude menée par Opinion Way, 68 % des internautes français affirment lire de temps en temps ou régulièrement les commentaires.
Quelles que soient les conséquences sur le moral des modérateurs, il va donc falloir composer avec nos amis les trolls.
COMMENTAIRES, MORCEAUX CHOISIS
Le commentaire antijournalistes
«En espérant qu’un des journalistes prenne la peine de le lire, même si on sait que l’autocritique n’est pas le point fort de l’aristocratie médiatique parisienne.»
Le commentaire «je ne suis pas raciste»
«Je revendique le droit d’être islamophobe sans pour autant accepter d’être traité de raciste, ce que je ne suis pas.»
Et sa variante, le commentaire «je ne suis pas homophobe»
«[Si les enfants] sont déjà orphelins, ce n’est pas la peine d’aggraver leurs cas en les confiants à des homos. Ils sont suffisamment dans la merde comme ça. [...] Et t’as du bol, moi je ne suis pas homophobe.»
Le commentaire coup de pression
«Tu sais, je fais 1,90 m pour 100 kg, je pratique régulièrement le sport : une fiotte comme toi ne tiendrait pas cinq secondes.»
Le commentaire qui hurle
«IL NE FAUT JAMAIS H2SITER 0 DIRE CE QUE L4ON PENS.»
Le commentaire Osef (on s’en fout)
«Bon, dites donc, n’y a-t-il pas plus important à discuter ?»
Le commentaire Bernard Pivot
«Par contre, le français, ce n’est pas trop votre truc. « Quelque » est singulier dans le contexte ! C’est ce qu’on appelle un barbarisme !»
Le commentaire psychanalytique
«Le communisme, c’est la régression au stade anal, le stade du contrôle total.»
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