Je hais le 14 JUILLET
M=∑ M
La somme des mouvements est le mouvement
Les Entités innommables n'avaient pas de mouvement puisqu'elles étaient tous les mouvements, elles étaient le contenant des vides et leurs espaces interstitiels, Elles étaient et n'avaient jamais été, étaient multiples et étaient toutes les parties, leurs fluctuations se jouaient de ce que l'homme connaissait, c'est à dire rien.
Les macro explosions rythmaient leurs omniprésences et leur ubiquité, la vie prendrait toutes les formes pour enrichir l’Empreinte, toutes les formes vécues seraient la vie dans l'empreinte et toutes les vies seraient la vie, le commencement serait la fin et l'empreinte dans toutes les empreintes naitrait des empreintes.
Pendant des milliards d'Univers jusqu'à l'empreinte de tous les Univers, la résonnance des comportements et des compréhensions influait sur la naissance d'un autre univers et d'autres vies par milliards, les temps étaient fondus dans les enroulements des dimensions cachées voilant le murmure continuel des entités.
Un seul de leurs chuchotements engendrait des milliards de galaxies désordonnées, le souffle du chuchotement suivant fluidifiait l’ordre de construction général, contenait les empreintes survivantes et fiables des meilleurs cosmos possibles, qu’aucun mouvement parmi les plus chaotiques ne pouvait s’empêcher de suivre.
De la création à la disparition et à la soudaine création, tout était ordonné par un souffle des plus inaudibles, contenant toutes les informations de tous les temps et des futurs possibles, et les milliards et les milliards des infinis cosmiques devaient se dérouler inlassablement pour enrichir toutes les possibilités des vies mutiples.
Le soleil réchauffait la terre et lui fournissait par transformations successives son énergie, mais Georges devait apprendre l'obscurité, il devait expérimenter par lui-même ces sensations des profondeurs, ces nouvelles facultés d'adaptation humaines, impossibles à étudier ou à reproduire en surface, la vie dans ses limites inusitées.
La plate-forme trônait au dessus des flots tel un mirador et effrayait la nuit de sa féerie de lumières multicolores. Le supermarché allait fermer ses portes. Des groupes de gamins jouaient au dessus de la mer en furie, paisiblement sur la dalle de fibres nanostructurés, reliant entre elles les tours de logement de la cité sus-marine.
Les pêcheurs rentreraient et les enfants iraient manger dans le réfectoire où les parents de permanence organiseraient leurs repas. Dans quelques semaines il irait s'enfermer avec ses instruments bio-analyseurs dans l'habitacle de l'ascenseur sous-marin qui les reliaient à la sphère d’habitation immergée par 2800 m de fond.
Une sorte de village mericole où les humains jouaient avec leurs capacités de développement. Le module comprenant ses appartements et son laboratoire d'observation serait aspiré par les puissantes pompes, et traverserait les sas concentriques d'adaptation. L'opération prenait six mois dans une absolue sécurité.
Il y avait été préparé pendant de longues semaines par l'armée sous-marine sur des simulateurs perfectionnés fruit des recherches spatiales. L'homme survivait aux modifications corporelles de l'absence de pression et de vie assistée dans l'espace; il pouvait donc survivre dans les plus grandes profondeurs, c’était l’avenir de l’espèce.
La colonisation des fonds sous-marins avait commencée un demi siècle plus tôt, qui paraissait futuriste, et le futur s'était installé, sereinement, année après année. Le langage sous marin s'était exprimé de manière insolite, par fréquence sonique qui avait put être décryptée et comprise par les linguistes humains et leurs ordinateurs.
Une civilisation de la profondeur et des enfants commençaient à naître. Les transformations avaient été rapides : les nouveaux nés avait du mal à survivre en milieu non stérile imposant l'alternative la plus aventureuse qui soit, la rupture avec le monde connu de la surface, leur inconnu, leur rêve et leur fantasme, leur manque.
Or seul ce monde connu pouvait décrypter, analyser et tenter de maîtriser. Il serait le lien. Georges était seul dans la pénombre, il visitait ses appartements, contrôlait les installations, dans une semaine sa mission commencerait, il s'y préparait psychologiquement, il y resterait quelques années absent, à ce monde de surface.
Avec pour seul bien une image tridimensionnelle à volonté, tout cela coûtait fort cher, mais les princes de l'agro-alimentaire, les trusts minéraliers et leurs argentiers de l'Ubavère y mettaient le paquet. Après cette mission, il aurait le droit de s'installer à Paris I, cela faisait 50 ans que sa famille en avait été chassée, comme tant d’autres.
Il se remémorait le chemin parcouru, la volonté de sa mère de le pousser dans ses études, quand il était monté, enfin sortit de sa zone franche, vers Lyon. Les concours, le mépris des gosses nantis, puis l'intérêt de certains pour ses capacités, puis la mission. Architecte pour l’extension en mer, Ingénieur en recherche sous-marine.