Etre un oiseau : Pierre Selos
ÊTRE UN OISEAU.
J’ai longtemps programmé mes rêves.
Je me voulais oiseau.
Chaque matin, je me souvenais de mes vols.
J’ai vu la courbure de la terre
Et les bleus et les verts, camaïeux innombrables
Bien avant le ballet des stations orbitales.
J’ai consulté aussi, avant de m’endormir,
Les cartes des pays où je voulais aller.
Ce que j’en sais, depuis, ne m’y attire plus.
Dans la pièce où j’écris, en plus de mes fenêtres,
J’en ai rajouté une qui s’ouvre sur le monde :
Un très grand planisphère.
Pourtant je n’y lis plus un appel aux voyages.
Est-il encore un lieu sans guerre ou sans famine ?
Sans attentat aveugle ?
Le bleu des océans ne peut faire oublier
Que la terre n’est plus qu’une orange sanguine.
Quand je ne savais rien
J’avais tous les pouvoirs.
Ceux que j’ignore encore sont à redécouvrir.
P.SELOS
Paris, Octobre 2012