Aux marthyrs du capitalonazisme : 38
Parmi les 34 ministres et ministres délégués du nouveau gouvernement français, au moins cinq se sont révélés des connaisseurs du dossier du génocide des Tutsi ou en général des amis du Rwanda. Ce n’est pas – à notre connaissance – le cas de Laurent FABIUS, le nouveau ministre des Affaires étrangères, mais le seul fait qu’il ait pris la place d’Alain Juppé ne peut constituer qu’un signe prometteur.
Christiane TAUBIRA, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, 60 ans (elle est née le 2 février 1952 à Cayenne, en Guyane), est présidente de Walwari, un parti politique indépendantiste guyanais qu’elle a cofondé en 1993. En juin 1997, après avoir été réélue à son poste de députée, elle rallie le groupe socialiste. En 2002, elle se présente à l’élection présidentielle sous les couleurs du Parti radical de gauche.
Elle obtient 2,32 % des voix au premier tour. En 2007, elle rejoint l’équipe de Ségolène Royal puis indique avoir été approchée par l’entourage de Nicolas Sarkozy pour faire partie du gouvernement, en quête d’ouverture.
Elle a refusé. Christiane TAUBIRA est une grande amie du Rwanda. Elle a participé à de nombreuses rencontres, manifestation ou colloques sur le génocide des Tutsi. Elle est à l’origine de la loi du 10mai 2001 reconnaissant que l’esclavage et la traite négrière sont des crimes contre l’humanité.
On peut compter sur elle pour appuyer des procédures de demande d’extradition de suspects de génocide vers le Rwanda, ou accélérer les procédures judiciaires en France.
Valérie FOURNEYRON, 52 ans, ministre aux Sports, à la jeunesse, à l’éducation populaire et à la vie éducative était députée-maire de Rouen. Elle a soutenu Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier dans le procès que leur fait Jean-Marie Vianney Ndagijimana devant le tribunal de Rouen. A cette occasion, elle a été sensibilisée aux agissements du groupe virulent de négationnistes et suspects de génocide à Rouen, comme le docteur Charles Twagira.
Marylise LEBRANCHU, 65 ans (elle est née à Loudéac le 25 avril 1947), ministre chargée de la réforme de l’Etat, hérite d’un gros portefeuille dans la suite logique de son investissement depuis 2008 dans les dossiers qui concernent les territoires. Elle connaît bien le Rwanda et le dossier du génocide.
Elle a été ministre de la justice en 2000.
Bernard CAZENEUVE, 49 ans, ministre délégué aux Affaires européennes, a été l’un des parlementaires les plus dynamiques de la « Mission Quilès » en 1998. Il s’est rendu au Rwanda et connaît bien le dossier du génocide. Il a été l’un des quatre porte-parole de M. Hollande pendant la campagne présidentielle.
Le député (PS) de la Manche, maire de Cherbourg, est un grand supporter du juge Trévidic, dans un autre dossier : il a mené un combat acharné pour que la vérité se fasse jour sur l’attentat qui, le 8 mai 2002, au Pakistan, a coûté la vie à quinze personnes, dont onze salariés de la Direction des constructions navales (DCN), une entreprise phare de sa commune, Cherbourg. Il fut le rapporteur de la mission parlementaire qui a auditionné tous les acteurs ayant pu avoir à connaître de cette affaire.
Pascal CANFIN, 37 ans, nommé ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé du développement et notamment des relations avec l’Afrique. Ce député européen du groupe parlementaire « Europe Ecologie-Les Verts » (EELV), spécialiste des questions économiques sera l’homme le plus utile et l’interlocuteur direct de Kigali. Conseiller économique d’Eva Joly pendant la campagne présidentielle, il a été l’initiateur de Finance Watch, une ONG qui veut mener des contre-expertises pour faire face aux lobbies de la finance dans l’élaboration des lois et des normes. M. Canfin a été journaliste à Alternatives économiques, magazine d’information économique et sociale.
Il a été surtout l’un des experts de Terra Nova, un think tank progressiste indépendant ayant pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes, en France et en Europe.
Terra Nova s’est donné pour tâche de « formuler des propositions concrètes au profit des leaders politiques, des élus nationaux et locaux ainsi que de tous ceux qui mettent en œuvre des politiques publiques ».
Terraé Nova a rédigé une note, « Quelle politique pour la France en Afrique en 2012 ? » au mois de janvier dernier. Beaucoup pensent que Pascal CANFIN en est le rédacteur. Il appelait à soutenir la société civile au Sénégal et en Côte d’Ivoire contre les dirigeants sortants et dénonçait « des années de complaisance coupable envers le président sortant ».
Il condamnait aussi la politique de la France en Afrique sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy « caractérisée par son absence de doctrine et de ligne directrice, laissant la France marginalisée, actrice de second plan derrière notamment les pays émergents ». Il proposait donc des pistes pour « refonder la politique africaine de la France, en accompagnant les développements positifs que connaît l’Afrique, en adoptant, avec les partenaires européens, une attitude cohérente pour retrouver un rôle à jouer sur ce continent. »
Peu avant le voyage au Rwanda de Nicolas Sarkozy, Paascal CANFIN a co-signé une lettre ouverte exigeant « que notre pays fasse la lumière sur le rôle exact que son gouvernement et son armée ont joué au Rwanda entre 1990 et 1994. Les responsabilités de la France dans ce drame apparaissent de plus en plus écrasantes aux yeux des historiens spécialisés, mais ceci reste un tabou profondément établi, à l’intérieur de nos frontières. »
Cette pétition soulignait aussi que « le silence de notre pays doit cesser car il prolonge l’injustice vis-à-vis des victimes du génocide qui se battent au quotidien pour rebâtir leur vie. Il doit cesser car il est incompatible avec les valeurs que la France entend porter : « Liberté, égalité, fraternité », et la construction d’un monde commun fondé sur la conviction que « tout homme est un homme ». Ce silence bafoue notre commune humanité. Le rompre encouragera la communauté des nations à tout mettre en œuvre pour prévenir de tels drames. »
Posté par rwandaises.com