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Publié par Christian Hivert

Guerre à la guerre totale
Une guerre mondiale contre l’humanité Algérien, mexicain, colombien, tchadien, burundais, kurde, palestinien ou srilankais, le sang humain a toujours et partout la même couleur. Il coule pour les mêmes raisons.

BASTA ! Journal de marche zapatiste, N° 1 - Janvier 1998

C’est une véritable politique du massacre qui est aujourd’hui à l’oeuvre à travers le monde. Cette politique est barbare, mais elle n’est ni aveugle ni absurde. Elle n’est pas une bavure. Elle a sa propre cohérence. Elle a de beaux jours devant elle. Elle a ses penseurs, ses planificateurs, ses exécuteurs et ses idéologues. Elle a son économie. Elle a ses banquiers. Elle a ses actionnaires et ses dividendes.

Sur l’échelle de Richter de la compassion médiatique planétaire, le sang versé n’a pas la même valeur. Il n’a pas partout la même odeur : ici, il sent le pétrole, là, l’uranium, là-bas, le café ou le bois précieux. Il n’y a pas de petits profits, comme il n’y a pas de petits massacres. La quatrième guerre mondiale bat son plein.

La politique du massacre est l’une des armes principales utilisée dans cette guerre. Elle est théorisée et enseignée, à l’enseigne de la contre-insurrection, sous la rubrique « guerre de basse intensité ». Du Mexique à l’Algérie, de la Colombie au Sri Lanka, mais aussi en Birmanie, au Tchad, au Burundi et au Kurdistan d’Irak et de Turquie, en Palestine, en Irlande, en Euzkadi, l’enseignement dispensé dans les académies militaires est mis en pratique par des spécialistes encadrant des équipes de tueurs qui deviennent très vite professionnels, une fois entrés dans l’engrenage. Les méthodes de cette guerre ont été élaborées principalement par les Britanniques, les Français et les Yankees. Russes, Allemands et Japonais ont apporté quelques contributions décisives à cet engineering du meurtre de masse.

Les laboratoires de la guerre contre-révolutionnaire ont été l’Inde, la Malaisie, la Grèce, le Kenya, Chypre et l’Irlande, pour les troupes britanniques, pendant un siècle de guerres coloniales. Le Maroc, Madagascar, l’Indochine, le Cameroun et l’Algérie pour l’armée française. Le Congo et le Rwanda-Burundi pour les Belges.

L’Indonésie pour les Hollandais puis pour l’armée indonésienne elle-même, devenue le bourreau de son propre peuple, des Moluquois, des Papous et des Timorais. La Chine et toute l’Asie orientale pour le Japon. L’Angola, la Guinée et le Mozambique pour les Portugais. Les Philippines, Haïti et l’Amérique centrale puis le Vietnam, le Laos et le Cambodge pour les Yankees. L’Afghanistan, l’Ethiopie et le Caucase pour l’Armée rouge. De leur côté, les Israéliens ont développé dans leur guerre permanente contre les Palestiniens, un savoir-faire particulier et inestimable, fort apprécié et bien rétribué, du Zaïre au Guatemala.

A guerre mondiale, guerriers mondialistes. Il y a belle lurette que les frontières n’existent plus pour ceux qui organisent les guerres sales ou « spéciales », comme ils disent : on trouve à pied d’oeuvre des conseillers militaires argentins et guatémaltèques au Mexique, syriens et égyptiens en Algérie, marocains au Zaïre, indiens au Sri Lanka, chinois en Birmanie, sans oublier, bien sûr, les conseillers et experts français en Afrique, yankees en Amérique latine, en Afrique orientale et en Asie. Quelles sont les modalités de cette guerre dite de basse intensité ? C’est une guerre totale. Elle est à la fois militaire et policière, économique et sociale, psychologique, culturelle et idéologique. Elle investit tous les domaines de la vie des gens [santé, logement, alimentation, agriculture, religion etc.].

C’est une guerre occulte. Elle n’est votée par aucun parlement, elle ne fait l’objet d’aucune déclaration officielle, elle n’a pas d’états-majors et de quartiers généraux publics et clairement identifiés. Elle n’a pas de budget officiel. C’est une guerre prolongée et extensive. Elle commence « en douceur », mine de rien et s’étend progressivement, investissant peu à peu toute une région, tout un pays, tout une société, se jouant des frontières officielles. On sait rétrospectivement quand elle a commencé, on ne sait jamais quand elle finit.

C’est une guerre bon marché. Elle met en action des forces armées irrégulières ou camouflées, recrutées localement et rétribuées en nature et en espèces aux tarifs locaux. Elle se paie sur l’habitant, par le pillage, le trafic d’êtres humains, la réduction en esclavage. C’est une guerre inégale. Elle met en jeu des forces et des moyens apparemment disproportionnés contre des populations civiles peu ou pas armées.

Elle cherche à rétablir une symétrie dans l’affrontement avec ceux qui ont été identifiés comme l’ennemi à abattre : groupes de guérilleros, résistants civils désarmés, mouvements sociaux, réseaux autonomes d’entraide, éléments organisés de la société civile [médias communautaires ou privés. avocats, journalistes, médecins, institutions religieuses, organisations traditionnelles etc.]. C’est une guerre « multi » : multilatérale, multiforme ou polymorphe, donc porteuse de toutes les perversités. Elle engage des groupes multiples et changeants - du moins en apparence : forces armées et de sécurité régulières, services de renseignement, commandos spéciaux, milices, groupes paramilitaires/escadrons de la mort/milices « patriotiques », mercenaires venus d’ailleurs, [« étrangers »], corps militarisés de manière officielle ou officieuse, professions réquisitionnées des pompiers et gardes forestiers aux postiers, agents de télécommunications, cheminots, fonctionnaires municipaux, journalistes, instituteurs, étudiants ou médecins...

C’est une guerre politique. Une fois déclenchée, la guerre spéciale tend à devenir une fin en soi et à se substituer à là politique dont elle était au départ censée être l’instrument. La guerre spéciale, c’est la face cachée de la politique-spectacle. C’est la coulisse sanglante de la mise en scène permanente offerte aux sociétés riches. Sociétés dont la prospérité s’alimente quotidiennement de cette guerre.

C’est une guerre sans frontières, ni géographiques ni sectorielles, sans sanctuaires, sans tabous. Tout y est permis, à commencer par les massacres d’innocents - en fait, de désarmés, puisque nul n’est innocent à l’ère de la guerre mondiale -, les violations de sanctuaires, les atrocités réprouvées par toutes les cultures et civilisations. Tout est permis dans ce type de guerre : attentats, provocations, torture, chantage alimentaire et sanitaire, armes bactériologiques et chimiques, mines anti-personnel etc. C’est une guerre psychologique reposant sur la terreur, donc la peur, le mensonge et la propagande qui, elle, est à « haute intensité ». Objectif : semer la confusion la plus grande possible dans la population ciblée et au niveau international, par le dosage savant d’images horribles et d’explications incompréhensibles et incohérentes. La réussite de ce type de guerre dépend énormément de la réussite de sa propagande. L’exemple le plus achevé et le plus actuel de cet aspect est l’Algérie. Pourquoi cette guerre ? Bref la guerre dite de basse intensité, ou guerre spéciale ou guerre sale c’est, sous des apparences d’archaïsme et de barbarie rétrograde, la forme la plus moderne de la guerre de rapine et de domination.

Son objectif fondamental est l’éradication de toute forme de résistance des sociétés civiles locales au projet global de domination sur les hommes et sur les ressources, sur les corps et sur les esprits. Hydre tentaculaire à têtes multiples, elle est, dans ses formes comme dans ses contenus, mondiale, Dès qu’elle semble s’arrêter à un endroit, elle reprend ailleurs. Elle est « mondialiste », mais « monomondialiste », c’est-à-dire qu’elle est au service d’un projet halluciné de fabrication d’un monde unique et artificiel, poussant la folie jusqu’à vouloir nier la diversité et la spécificité et reproduire les processus de la vie [clonage humain et animal, maïs transgénique].

Elle est libérale, c’est-à-dire que, sous couvert de « donner les mêmes chances à tout le monde », elle organise la concurrence armée, le combat de tous contre tous, sauf que, parmi ces « tous », les uns, pour peu qu’ils plient et fassent allégeance, se voient dotés d’argent et d’armes et les autres - la majorité -, reçoivent en récompense pour leur refus d’entrer dans le moule, des balles, des chaînes et des larmes. En bonne logique libérale, elle tend à la privatisation. Cette guerre est la forme exacerbée du capitalisme, dont elle révèle le caractère fondamentalement criminel et antihumain. Elle permet de désigner enfin ce capitalisme pour ce qu’il est : un crime contre l’humanité, un génocide rampant qui menace en permanence de tourner au génocide pur et simple. Et c’est cette menace même qui permet au système de se maintenir en jouant sur le levier le plus puissant de tout appareil de domination : la peur, qui n’est rien d’autre que la peur de la mort, clé principale des comportements humains, individuels ou collectifs. Une fois admis cela, on pourra se pencher sur des situations concrètes pour les analyser, les comprendre et, peut-être contribuer à les faire cesser.

De ces analyses pourront émerger les lignes de force, les points communs aux diverses situations et les différences. Alors seulement, il sera possible de poser les questions qui sont sur toutes les lèvres : que faire ? Avec qui ? Contre quoi ? Pour quoi ? Comment ? Il ne sert en effet presque à rien de sauter comme des cabris en criant : Halte aux massacres ! si on ne comprend pas les ressorts de ces massacres, si on refuse d’adopter un point de vue, une grille de, lecture...politiques, c’est-à-dire si on refuse, comme c’est aujourd’hui la tendance dominante au Nord du monde, de désigner, de démasquer les pouvoirs qui mènent la guerre. Bien comprendre une de ces guerres, c’est commencer à se donner les moyens de les comprendre toutes. Mais la condition première pour comprendre, c’est de s’informer et de s’identifier aux victimes et aux résistants.

C’est, tout simplement, être humaniste, c’est-à-dire partisan non d’une secte quelconque mais de l’espèce humaine. L’Algérie vient d’entrer dans sa septième année de guerre. Il faut pour la énième fois rappeler que cette guerre a été déclenchée par le groupe de généraux qui, après avoir annulé les premières élections multipartites, ont repris le pouvoir par un coup d’Etat, le 11 janvier 1992 et se sont mis au travail pour éradiquer toute résistance, toute opposition, toute dissidence et toute discordance. Bilan ? Au moins 80 000 morts, peut-être 20 000 détenus, peut-être 12 000 disparus, plusieurs centaines de milliers de torturés et un nombre indéterminé de déplacés et d’exilés. La précédente guerre avait duré sept ans et cinq mois. Le record risque d’être battu.

Fin décembre et début janvier, une escalade a eu lieu. L’explication fournie par les médias occidentaux qui se sont, à quelques rares exceptions près, transformés en relais complaisants et acritiques du régime d’Alger et de sa télévision, est simple. Elle se résume en cette phrase, prononcée par un présentateur de télévision publique française : « Le Ramadan est un mois propice au Djihad ». Horresco referens.

Nous voilà renvoyés aux poubelles de l’histoire coloniale et de l’Algérie des ethnologues du XIXème siècle, qui expliquaient le sacrifice [abrahamique] du mouton par le caractère sanguinaire des indigènes musulmans. Le cauchemar est double : c’est, avant tout, celui du peuple algérien, confronté à la politique du massacre et c’est, de manière concomitante, celui de tous ceux qui, hors d’Algérie, ne sont pas ou plus dupes. Bernard Henri-Lévy, né au 1 de la rue Karl-Marx à Béni-Saf, y est retourné dans les bagages de l’armée algérienne.

Lui, nous confesse-t-il avec la pudeur légendaire qui le caractérise, n’est « pas entièrement dupe » face aux mises en scène officielles. Il ne l’est donc que partiellement. Comme hélas la plupart des grands clowns médiatiques, BHL a du mal à distinguer entre la réalité et sa représentation, mise en scène par la Sécurité militaire algérienne. Son ego surdimensionné tend à lui faire prendre sa vessie pour la lanterne de Diogène. Le mélange de fausse naïveté, de cynisme et de haine, sur fond de corruption pure et simple, qui émane de tout le brouhaha français sur l’Algérie a de quoi révulser les plus endurcis.

Il nous faut pourtant garder la tête froide et continuer à lire entre les lignes, à décoder le langage chiffré et codé des Algériens - tous les Algériens qui aujourd’hui s’expriment le font sans exception de manière cryptée et leur parole reste prisonnière du système - et surtout à regarder les images que nous déverse l’Algerian TV avec les yeux perçants de la critique et de la fraternité. A chacun, bien sûr, de choisir ses frères. Les nôtres n’habitent pas au Club des Pins et ne sont ni piliers ni propriétaires de brasseries. I

ls ont lancé des appels de détresse depuis presque dix ans. Les démocrates, les droits de l’hommistes, les intellectuels ont, dans leur grande majorité été sourds pendant très longtemps. Le début de prise de conscience, hors d’Algérie, de la vérité de cette guerre cachée a suscité une réaction musclée et explosive des généraux, qui ont, durant l’automne, fait un nouveau coup de force ni vu ni connu, en écartant Zéroual du pouvoir, lui laissant son fauteuil et, comme unique interlocuteur, sa bouteille de whisky...

L’escalade de ce Ramadan 1418 est une véritable offensive militaire, politique, médiatique et ...financière. Elle n’est pas liée au Ramadan mais, plus bassement, à l’échéance de mars 1998. A cette date, doivent être renégociées avec la Banque mondiale les « facilitations » consenties à l’Algérie sous condition d’effectuer une « restructuration ». Massacre et pillage sont les deux mamelles de la mondialisation.

P.-S. Analyse publiée sur le site de Algéria-Watch, site d’observation des droits de l’homme en Algérie.

Le site est riche en articles, analyses et dénonciations qui permettent d’éclairer notre compréhension de la situation algérienne : http://www.algeria-watch.org/francais.htm

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