Solutions à la crise?
Il passa voir le sage au coin de son incertitude et lui dit "Je veux tuer les puritains, non pas les tuer, mais les anéantir, je n'aime pas les armes!". Le vieux réfléchit gratouillant sa barbe qu'il avait fort longue et lui répondit : "Va voir un juste, non pas un juste comme tu l'entends, mais un qui se croit juste et parles lui, ton arme, ta meilleure arme, c'est le verbe".
Il se souleva joyeux et se mit en quête, passa devant le ministère de la culture alors que le ministre en sortait. Il le rattrapa, le tira par la manche, l'homme se retourna sur lui, le dévisageant, il commença à lui parler. Au bout d'un moment, il eût conscience que quelque chose n'allait pas, le type avait disparu, engouffré dans une grosse voiture noire aux reflets argentés.
Il croyait se souvenir qu'il s'était dégagé en disant qu'il était pressé et qu'il faudrait revenir demain ou écrire. Il divagua tel un jeune chien jusqu'à ce qu'il vit les lueurs pâles du jour qui pénétraient la ville.
Il laissa passer la journée sans songer à la rattraper. La nuit tomba, il ne la ramassa pas mais marcha dessus, dedans. Il retrouva son incertitude, le sage n'était plus là, dans son coin un homme d'âge mûr le remplaçait, il lui raconta son histoire.
L'homme lui dit qu'il était au courant, mais qu'il y avait eu une évolution historique parmi eux et que c'est pour cela que le sage avait été remplacé, puis il lui conseilla l'arme qui lui paraissait la plus sûre à son avis : l'encre qui fixe les mots plus sûrement que le verbe. Il se remit en route et passa devant l'hôtel Matignon d'où un homme sortait qui devait être le premier ministre et lui déchargea au visage tout le contenu du réservoir de son stylo, mais l'homme quoiqu'un peu surpris, sortit son mouchoir, s'épongea le visage et, bien qu'avec l'encre une partie du maquillage se décolla, il n'en parut pas affecté outre mesure, remonta dans sa voiture noire aux reflets argentés et disparut.
Il divagua tel un jeune chien jusqu'à ce qu'il vit les lueurs pâles du jour qui pénétraient la ville. Il laissa passer la journée sans songer à la rattraper. La nuit tomba, il ne la ramassa pas mais marcha dessus, dedans.
Il retrouva son incertitude et dans un coin se tenait un jeune homme qui lui expliqua qu'ils avaient connu un remaniement structurel au sein de leur groupe et que désormais c'était à lui qu'il faudrait s'adresser, puis pour résoudre son problème, il lui conseilla d'utiliser son propre sang qui fixerait les mots de façon indélébile plus sûrement que l'encre, c'était ce qui lui semblait le plus approprié et la meilleure arme.
Il se remit en marche et passa devant l'Elysée d'où sortait un homme en rasant les murs, il courut le rattraper et se planta en face de lui, sortit son couteau de sa poche et l'ouvrit. C'était bien le président de la république ; il avait vu sa photo dans le journal. L'homme avait peur, il murmura dans un souffle : "Mais que me voulez-vous ?"
Alors il se coupa au travers de la main, regarda le sang couler, mais s’aperçut que le type en face de lui avait une tache de sang sur le revers de son veston, puis il fit descendre ses yeux sur ses mains et il vit qu'elles étaient déjà toutes rougies du sang des autres et qu'il était inutile d'en rajouter, alors il lâcha son couteau et s'enfuit. Il avait couru longtemps, les faibles lueurs du jour commençaient à pénétrer la ville.
Il laissa passer la journée sans songer à la rattraper. La nuit tomba, il ne la ramassa pas mais marcha dessus, dedans. Il retrouva son incertitude et, tapi dans un coin, un enfant aux cheveux bouclés, l'enfant grec dont Hugo et l'histoire ont parlé, qui lui sourit, en lui disant :"Les autres sont tous partis, il ne reste que moi, mais je sais ce que tu veux, tiens ". Et il lui tendit un petit paquet qu'il ouvrit en tremblant, c'était de la poudre et des balles.
Il sourit, le coin de son incertitude avait disparu avec l'enfant, à terre était une arme; Il se baissa, la ramassa, la chargea, la caressa et resta là à se poser des questions. Puis il se sentit transporté d'allégresse dans un autre lieu, dans un autre temps, avec des bruits d'armes automatiques, des explosions de bombes, des cris de souffrance et d'agonie.
Et il sut que les faibles lueurs du jour ne pénétreraient plus la ville, que les journées ne passeraient plus, que les nuits ne tomberaient plus, qu'il ne retrouverait plus son incertitude.
Un spectacle de désolation s'offrait à lui, il était seul avec, au loin, juste une grande ombre attirante qui lui faisait peur et qu'il savait qu'il finirait par rejoindre un jour; il se remit en marche ."