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Publié par Christian Hivert

25723_1390874408865_1142260818_31142374_6781975_a-1.jpgAllons, Arthur n'en crut pas un mot, mais il n'eut pas le cœur de s'en prendre au vieux briscard, pour la première fois de sa vie il serait relogé décemment et son loyer pris en charge par les allocations, comment lui en vouloir, il ne faisait pas parti du comité, il sauvait sa peau.

 

Il te trahit et tu ne lui en veux pas, mais Dominique, toi tu m'as trahi, abandonné et je t'aime toujours, c'est mon destin, depuis une certaine grande maison bourgeoise, je revois son perron à deux escaliers et son parc de gravier, je n'avais pas l'âge d'avoir des souvenirs d'abandon, alors?

 

C'était un problème de logement déjà, l'appartement de la belle mère n'était pas assez grand pour elle et un couple et deux enfants, Charly aussi était placé à la DASS, nous n'avons jamais su ce qu'était d'être trahi, nous ne connaissions pas l'autre version, mais nous, nous sommes fidèles.

 

Lorsque ma grand-mère est partie en maison de retraite, j'ai été présenté à mon frère, j'avais trois ans, il n'a jamais voulu de moi, quand tu n'as pas voulu de moi, j'avais déjà un peu d'expérience, j'avais juste pensé pouvoir faire un ami correct, un ami dont on est fier, je demande trop.

 

Dans quelques années, de grands personnages viendront te faire réciter les termes de ta thèse recopiée sur celles de tes prédécesseurs, tu devras donner l'impression de la nouveauté, il te faudra bluffer, il te faudra faire ce que tu sais faire, te donner de l'importance, ton nom sera cité, tu seras fière.

 

Nous ne construirons plus que des gadgets dont il faudra vanter l'utilité, ce sera ton travail, ta passion peut-être, tes évidences, qu'aurais-je fais au milieu du sentiment de ton importance, à ne pas vouloir de ce monde frelaté et de ses contrefaçons d'ordre et beauté,  luxe,  calme, et volupté.

 

Arthur, arrêtes de réfléchir, tu réfléchis trop, il faut se reposer, prends une bière, tiens fume, on lui tendit une canette de bière et un pétard, oui Arthur réfléchissait trop, oui, ils se faisaient couillonner, oui l'amitié ni l'amour n'étaient des valeurs sûres dans ce monde de truands, sauf chez les pauvres.


Quand même, il se demandait ce que cela pouvait faire de tout miser sur une carrière professionnelle, des relations plus ou moins fines, plus ou moins affectives, des alliances d'intérêts en vu de résultats, une froideur pour le monde vivant, une peur de ce qui vit, remue, grouille.

 

Etre un cadre de cette société inhumaine et barbare, fallait-il tout oublier, Dominique avait-elle tout oublié, être l'élite d'une nation pilleuse et massacrante, se trouver heureuse de se faire courtiser par des abrutis friqués, s'en remettre à son carnet d'adresse pour son avancement, sa carrière.

 

C'est étrange la vie, Arthur ne parvenait pas à se convaincre, Dominique s'était mise sur son chemin, avait fait des pieds et des mains pour l'attirer à elle, mais elle ne souhaitait pas le revoir, il lui faudrait vivre l'absence infinie, la présence continue, son obsession renouvelée.

 

Le Comité des mal-logés vivait ses derniers mois de gloire et d'efficacité, il ferait tout pour partir en beauté, mais les divisions s'élargissaient de jour en jour, les forces occultes, les comités invisibles étaient à l'œuvre, les jeunes du S.M.O. étaient plus froids, plus distants, c'était la fin.

 

Alors c'est fini Arthur, Dominique la fin n'est qu'un recommencement, tes hautes études ne t'ont pas encore éclairé là-dessus, il faut retourner à la décomposition pour refleurir un jour, tu étais la fleur que j'avais choisie, ma sœur qui n'a pas voulu de moi, mais cesse donc.

 

Mais Dominique, il est des marquages indélébiles, il est des vies échappant aux volontés obscures, il est des forces du fond de l'infini vers des infinis nouveaux, le temps ne s'arrête pas et n'a jamais été, que crois tu donc construire de ta vie que l'on n'ait déjà patiemment repassé pour toi?

 

Tu seras cadre et tu perpétueras la séparation des sphères, les chercheurs aiment à séparer les éléments pour les étudier, les cadres des luttes et les idéologues divers font de même, c'est là le marquage indélébile de l'espèce humaine, appliquer des codes à des masses et les faire agir.


La fine fleur de ta matière cervicale servira à cela, tandis que les peuples meurent et les civilisations habitables disparaissent, c'est ainsi puisque tu n'avais pas l'imaginaire et la force des explorateurs, tu feras ta vie à l'abri, dans l'encadrement d'une nation conquérante et exterminatrice.

 

Tandis que d'autres encadreront la séparation des sphères  dans le monde à exterminer, pour préparer le terrain à tes découvertes, vous saurez tout pour gérer les pauvres et les riches, nous faisons parti des derniers expulsés de la capitale pour ce siècle, le comité des mal-logés est de trop.

 

D'autres organiseront la simulation des gestions de ressources par ordinateur, et détermineront avec précision chirurgicale quelles populations devront disparaître des tourmentes, dont les coutumes trop enracinées gênent l'expansion des maîtres tout puissants des hommes et des machines.

 

Nous ne serons pas nombreux à exprimer notre révolte et notre désespoir, nous ne sommes pas nombreux sur le sable de cette place à dire notre désaccord, les humains valent plus et mieux, nous n'étions pas nombreux depuis toujours, mais nous sommes un ferment puissant.

 

Quand au bout des génocides annoncés, quand au bout des horreurs programmées, quand nous survivrons encore et que la terre en fera des tours de joie, quand les temps futurs seront passés, une particule de moi traversée d'une onde de toi parviendra à son point d'infini et ensemencera.

 

Les univers sont ainsi créés, nous sommes si peu que c'est avec l'infime de nous et de rien que tout vient, jusqu'à la chaleur des étoiles explosives et des agglomérats de particules glacées, dans les temps en constructions successives, dans la vibration éphémère matérialisant l'énergie.

 

Bien avant le moindre sens, bien avant le moindre mot, bien avant la moindre intention, bien avant le moindre palpable, bien avant la moindre fanfreluche sur tes seins précoces, bien avant tes moindres envies des lèvres d'un autre, bien avant tes désirs d'importance, bien avant tes mensonges.

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