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Publié par Christian Hivert

Les mémoires d'un poilu de 14 : (5)

A mes neveux et nièces Jean et Jeanne Marie et à leurs enfants Christian et Dominique en témoignage de la grande affection que j’ai pour eux. Gaston Hivert le 21 Décembre 1969

—Deuxième blessure —

Après quelques jours de repos, nous retournions dans le secteur de Souchez, Cabaret Rouge et Notre Dame de Lorette, secteur relativement calme se traduisant par des duels d’artillerie et échanges de coups de feu, marquant notre présence. Puis un jour, vers 3heures de l’après-midi, à l’angle de la tranchée Dedin et du boyau 97, un 878 autrichien à tir rapide, vint éclater sur le bord de la tranchée où je me trouvais.

Projeté dans le fond de la tranchée et recouvert de terre par l’éclatement, un camarade Aubry d’Auxerre, me dégagea et vérifia ma blessure. J’avais l’impression d’avoir la moitié de la tête enlevée… Mais mon copain me rassura, enleva mon casque, et me fit localiser au toucher du doigt, l’endroit exact de ma blessure, qui se soldait par un éclat d’obus à la base du crâne, gros comme une noix, et que mon casque transpercé avait amorti la pénétration dans le crâne.

Après avoir repris mes sens, j’avais repéré la route des Pylônes, à environ 1km en arrière, où se trouvait le poste de secours, et traversant le Ravin des Zouaves, je fonçait droit devant moi, ayant fait 20 ou 30 « plat ventre », avant d’arriver. J’avais toujours l’impression, que les obus qui éclataient dans le secteur, me tombaient sur la tête… Je fus donc évacué à l’arrière, après avoir été pansé, et admis à l’hôpital auxiliaire à Issy les Moulineaux, où l’on me retira l’éclat d’obus. Mais il en reste un petit éclat, gros comme un grain de millet, qui circule et vient parfois à la surface de la peau, sans me faire souffrir. Donc, après un court séjour à cet l’hôpital, où je fus un des premiers sortis et, un des derniers rentrés (pour cause de non soumission et d’indiscrétion…) je partis donc pour 15 jours de convalescence avec mon pansement à la tête.

Après ma guérison, je retournais au front rejoindre mon unité. Nous avons tenu successivement les secteurs de Moulin tout vent, Berry au Bac (c’est ici en Juillet 1916 que nous apprîmes le débarquement des américains qui fut pour nous tous une explosion de joie, et une lueur d’espoir, car le moral commençait à baisser…), Le Mont Doyen, Le bois des mines et des buttes (lutte de torpilles), à ce sujet nous voyions arriver d’un mauvais œil les crapouillots qui venaient répondre aux torpilles allemandes, en s’installant derrière notre tranchée pour envoyer leurs projectiles. Ah ! Les emmer… Car dès leur mission remplie, ils partent et les Boches déclenchaient un tir de destruction pour faire taire ces maudits crapouillots.

Il ne s’agissait pas d’attaquer, mais de maintenir nos positions. Aussi quand nos vis-à-vis avaient des velléités offensives, c’était souvent pénible et meurtrier… mais nous ne cédions pas. Pourtant une certaine lassitude et un découragement se faisaient sentir dans nos rangs. Nous ne voyions aucune issue à cette tuerie. De plus nous avions appris la mort tragique du « grand Gallieni » le vainqueur de la Marne ?

Nos chefs à l’arrière étaient au courant de notre moral. Aussi, un matin, ne voit-on pas passer en première ligne, un petit homme vêtu d’un petit capuchon et d’un chapeau mou, accompagnant notre Colonel bien plus grand que lui, arpentant rapidement la tranchée, c’était Clémenceau… Il ne venait certainement pas en stratège, mais au point de vue psychologique, c’était un succès car nous sentions nos chefs civils et militaires avec nous… nous rapprochant de ce qui pouvait être humain…

Détail piquant : Pendant leur passage dans la tranchée, les Boches nous envoyèrent comme d’habitude une salve d’obus qui éclatèrent à quelque 100 mètres de nous ; instinctivement notre Colonel se courba presque à terre pour éviter un éclat possible, Clémenceau, imperturbable, lui dit : relevez vous, mauvais exemple pour vos hommes.

Nous avons appris, que Poincaré avait visité également d’autres secteurs. Puis après avoir été relevés de ce secteur, nous sommes partis dans la marne. Nous avons occupé au dessus de Mourmelon, le Mont Cornillat et le Téton. Là, nous avons perdu une section de mitrailleurs, une torpille étant tombée à l’entrée de leur abri souterrain. Nous avons appris également, qu’au camp de Mourmelon, quelques centaines de soldats fatigués et découragés étaient gardés par des Sénégalais.

Ensuite, nous sommes allés, sur la gauche de la montagne de Reims, vraiment un secteur de repos, les Boches étaient à 3 ou 4 cent mètres de nous, pas d’artillerie, rie ! Dans une plaine immense. Les perdreaux venaient partager nos restes sur les talus. Puis nous remontâmes dans l’Aisne, à gauche de Berry au bac où nous avons tenu les positions devant Vailly, ce fut le grand drame…

Nous avions entendu parler des gaz lacrymogènes dont les anglais s‘étaient servis à la bataille d’Ypres, puis nous avons connu les gaz asphyxiants, suffocants, moutarde. Les Boches voulurent faire une démonstration de gaz « Ypérite » dans notre secteur… ce fut la catastrophe ! 80% de nos effectifs furent mis, hors de combat… Morts, brûlés ou asphyxiés ! Dans des souffrances atroces… Ce bombardement ne fut suivi d’aucune offensive de la part des Boches… et pour cause…

Ici, je veux relater un pénible et dramatique accident : un camarade nommé Renard, rentrant de permission, urina sans méfiance dans un trou d’obus « ypérité », il mourut une heure après, dans des souffrance terribles, le bassin brûlé et rongé.

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