Vos panses
La danse de la panse
Vous aurez toujours des mots
Des indignés, des cyniques
Et des blasés
Pour parler à ceux qui ont du mal
A savoir leur histoire
Pour parler de ceux qui sont des gueux
REFRAIN
Mais attention à notre danse
De sauvages qui en ont assez
Mais attention à votre panse
Qu’un jour nous irons vous percer
Mots de trop, mots de peu
Mots de rien
Pour dire ce que devons faire
Pour dire comment devons vivre
Pour dire qui doit nous plaire
Devons manger, devons penser
Vous aurez toujours l'envie et les moyens
De justifier votre richesse
Votre pouvoir et vos droits
Votre intelligence et votre beauté
Bien nourrie
Vous aurez toujours la joie et l'idée
De nous montrer du doigt
Nous faire passer pour des ânes affamés
Nous exploiter nous massacrer
Nous abreuver de votre mépris
Nous irons...
Tout le monde était prêt à "faire quelque chose", sans savoir quoi bien évidement, cela aurait été trop simple. Mais il y avait de l'enthousiasme et de l'indignation. Cela dit tous se méfiaient les uns des autres et la partie s'annonçait ardue. Ce fut Ricks qui donna le ton de la minorité contestataire. C'était un curieux type que ce gars là. Tous ses propos montraient qu'à l'évidence il avait reçu une formation politique assez détaillée et poussée et Jacques se devait de reconnaître que sur bien des points il le dépassait. Mais ce n'était pas pour cette raison qu'il ne s'affronterait pas à lui. C'était bien plus complexe. Ca remontait à plus loin, quelques années en arrière, lorsqu'ils avaient commencé à se bidouiller des appartements laissés à l'abandon .
Qui pour échapper à l'atmosphère familiale des cités de travailleurs et s'affranchir de leurs parents, qui pour goûter de près aux joies de la vie communautaire entre adolescents sans contrôle parental, qui pour constituer une force conspiratrice qui les rendraient libres un jour, qui pour foutre le bordel et s'insoumettre aux lois-bidons du grand conseil, qui pour s'approprier, réapproprier disaient-ils dans leur jargon, des valeurs auxquelles ils n'auraient jamais pu prétendre autrement, qui simplement pour survivre en se donnant plus de moyens à plusieurs. La bande se débrouillait pour gérer un certain nombre de bidouillage d'appartements correspondants aux besoins des uns et des autres, installant les connexions d'énergie en bidouillant les cartes de survie et en les réactivant. Chaque appartement durait le temps d'être découvert et d'être expulsé par les administrateurs qui dans leur ensemble pensaient que ces valeurs détournés étaient détournées de leur poche sans plus d'analyse sur la réalité du processus. Il était vrai, officiellement du moins, que le processus n'intervenait en rien dans l'administration de la cité. A chaque appartement expulsé, lourdé comme ils disaient, les groupes qui tenaient encore accueillaient ceux qui venaient de se faire virer jusqu'à l'ouverture suivante. Les groupes de survie se défaisaient et se refaisaient alors au gré des affinités de chacun.