SUR LE TÉRRITOIRE DU TRÉPONÈME BLEU PÂLE : 3
Christian était orphelin d’une révolution. Il était né trop tard pour suivre efficacement et à un niveau de responsabilité les différents secteurs de luttes côtoyés. Son esprit contestataire s’était nourri de toutes ces rencontres. Il les avait admirées, il n’avait pas encore l’âge de les suivre, il faudrait qu’il devienne l’un de ces chevaliers ivres, qu’il soit l’un de ces Arthur.
Plus tard après avoir refusé la voie estudiantine des futures « Élites de la Nation », après un bout de vie insipide de prolétaire, il brûlerait ses vaisseaux à nouveau, quitterait sa chambre d’hôtel, son travail et rejoindrait la zone, s’empêchant le moindre retour en arrière, comme lorsqu’il avait quitté son lycée et ses parents dès sa majorité légale ; fuyant son rôle d’élite.
Ce qu’il y a de pire dans cette société n’est pas l’argent ou son manque, c’est le déni d’existence. La plus grande souffrance que l’on puisse infliger à un individu est de nier son utilité, de lui nier son droit à l’existence, de le contraindre à s’ensevelir, s’effacer et ne servir à rien ! Christian devenu Arthur à travers tous les Arthur voulait retrouver cette utilité.
Toutes les valeurs de vie en commun ont été déstabilisées, toutes les cultures humaines ont été dévastées et seul subsiste ce capitalisme mondial créateur de destructions massives. Les nazis ont gagné la guerre que les Allemands avaient perdue, les pays sont des camps de concentration ; les pauvres sont ignorés de ceux qui s’en tirent, comme jamais !
Un chevelu décoloré au henné, arborant un jabot ahurissant, pérorait encore au milieu de ses souvenirs : « De nouveaux courants de pensées émergent : situationnisme, ultragauche, autonomie... Les PC, le stalinisme, les différents dirigismes léninistes mais aussi les bureaucraties libertaires sont critiquées, il faut s’y mettre, l’époque est propice ! »
« Les forts agissent tel qu’ils le veulent, et les faibles souffrent tel qu’ils le doivent ! » disait Thucydide. Arthur ne voulait pas être fort et ne plus souffrir, la médiocrité constante d’intention des forts et des puissants l’avait à jamais dégoûté d’avoir à se mêler aux allées gadoueuses de leur pouvoir. Il fallait résister, il fallait créer ; lutter toujours !
L'idée la plus fascinante est celle de l'émergence de « comportements », à partir des propriétés internes et externes du système, sous l'influence des contraintes qui le constituent ou qui pèsent sur lui, sans aucune « programmation » ou « planification préalable », ce qui est en informatique et créateur d’autonomismes scientifiques serait interdit à l’humain ?