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Publié par Christian Hivert

gaz.jpgCHAPITRE XII

Les fuites

 

 

 

 

 

 

Le défaitisme ne conduit pas à la docilité chagrine, si humiliée soit-elle, la vie contient en elle, en désaveu de tout accablement, une opiniâtreté observée habituellement chez les gens communs et défavorisés, ceux qui ont le ventre vide ne désespèrent jamais de l’univers et de ses sauvageries.

 

Ils ont bien autre chose à faire, la survie quotidienne ne peut se payer le luxe de la mélancolie, la pratique même de la vie ordinaire pousse les gestes et attitudes à sembler avoir une relative confiance dans l’espèce humaine et à s'évertuer d'œuvrer à son émancipation sociale et politique.

 

Orwell déclare qu’à cinquante ans chacun a le visage qu’il mérite, Arthur n'avait pas encore ce demi-siècle d'espérance déçue mais il en espérait le double et entretenait avec un soin jaloux l'implacable rage le saisissant devant l'indifférence froide et impolie des installés ses faux-frères humains.

 

Les bombes atomiques s'entassent dans les usines, la police rôde dans les nations, les mensonges sont répandus par les enceintes, mais la Terre continue de tourner autour du Soleil, et ni les césars ni les bureaucrates, quelle que soit leur condamnation, ne peuvent rien contre cela.

 

Arthur se laissait ballotter par les soubresauts du grand car de ramassage des CRS, affrété spécialement pour lui seul, le désordre d'une armée d'occupation sauvage de la rue du Tunnel finissait d'éberluer les salariés, au sursaut de leur lit, déjà sur le chemin de leur chagrin quotidien.


Au virage, sur le devant des studios de télévision, il aperçut Reine, frêle et désemparée, lui faisant signe qu'elle allait téléphoner, qu'elle l'avait vu, qu'ils viendraient le chercher jusqu'à ce qu'il soit libéré, elle paraissait plus fraîche que d'habitude, son nouveau chevalier l'accompagnait.

 

Orwell ne connaît pas la consternation particulière qui ronge intimement l’individu et l’isole de ses semblables, il attaque seulement la méchanceté du monde, sa bonne humeur cohabite avec un monde qui fait tout pour la réduire à néant, Arthur eut de la joie de n'être point mort.

 

Orwell ne fut pas désespéré, mais le monde dans lequel il vivait fut de plus en plus désespérant, et cela continue, le monde de la vie demeure, il forme une assise constante d'expériences, criminelles ou complices de massacres pour les uns, valorisantes pour les autres, simplement vif.

 

Vois-tu Dominique, les cuisses de Reine ne financeront jamais de laboratoire de recherche aux conséquences de construire ta noble importance, mais elle est là, réveillée en sursaut, si l'on juge des actes par leur utilité, je préfère la défense de son monde que la construction de ta machine.

 

Pour Orwell, le plus déroutant tenait absolument à cette harmonie inédite d’une acuité anxieuse sur l’état du monde et d’une gaieté de vie restée indemne, Arthur aussi provenait d’une catégorie d’hommes très rare, celle des tourmentés paisibles, jovialité masquant leurs souffrances.

 

La violence de sa perception est souvent atténuée par d’authentiques illuminations jaillissant des pratiques même de ses luttes, que la multitude anonyme des sans voix prenne son destin en main, et s’émancipe des suprématies exploitant ses facultés et méprisant ses modes de vie.

 

Observant de loin les travaux d'approche manipulateur des vieilles adolescentes en quête de domination cruelle du monde, motivées par le sentiment urgent de leur future importance, Arthur tenta de calculer un moyen élégant de s'en sortir, de se motiver à agir sans souci d'aucun lendemain.


Reine courait sur place à sa perte, et maintenant les plus efficaces de ses chevaliers se faisaient embarquer comme des brigands, tandis que les autres trahissaient sans vergogne, s'abritant des foudres du destin dans des châteaux qu'ils ne sauraient jamais remplir, inutiles et impropres.

 

Il fallait qu'elle se réveille, mais elle avait encore tant besoin de ce produit, toutes ses pensées étaient tournées vers son obtention, sa détention, son absorption, elle n'avait plus aucun fluide érotique si ce n'est celui-là, elle vit le car de ramassage disparaître à l'angle de la rue, elle était démunie.

 

Comment faisaient-ils lorsqu'il leur fallait se soutenir les uns les autres, où étaient les autres, elle se vit dans un désert surpeuplé d'espèces invivables, son compagnon du moment l'apostropha, dis Reine, on ne peut plus rien pour lui, viens, sinon il n'y aura plus de came.

 

C'était juste, terriblement injuste, mais juste, il fallait rentrer avant le passage du dealeur en gros et organiser le partage, elle se sentirait mieux après, Arthur avait sauvé leur squat des griffes des gros bras Yougos avec son système de secours d'urgence, maintenant qui prendrait la relève.

 

Même si elle avait l'assurance quasi certaine que leur squat ne subirait plus d'agression et qu'il ne serait pas expulsé du fait des arrangements avec la nouvelle association de défense des sans logements, elle se sentait fautive, les seuls qui avaient résisté s'étaient fait virés.

 

Elle eut envie de tout laisser tomber, mais elle ne pouvait plus, elle avait du travail, c'était ainsi qu'ils appelaient leurs combines d'approvisionnement entre eux, il fallait encore qu'elle soit prête et maquillée pour le soir, retourner dans ce café sordide à jouer les femmes légères.

 

Attirer de nouveau les gogos en mal d'affection et de sexe dans ses pièges grossiers où son compagnon les dépouillerait de leurs papiers et de leur monnaie, elle feindrait l'agression comme d'habitude, consolerait un peu, disparaîtrait adroitement et recommencerait, sa dose assurée.

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