Les cadres des luttes
Je ne sais pas ce que vous avez vu à la manif du jeudi 28 octobre dernier ; mais je voudrais vous dire ce que j’ai entendu, moi qui n’ai eu que la bande son.
D’abord, je n’ai pratiquement entendu aucun slogan, juste un venant du N.P.A., incompréhensible d’ailleurs. Pas de slogans clairement audibles, j’avais déjà remarqué cela à la manif précédente. Il en résultait, pour moi du moins, une espèce d’uniformisation, car impossible de savoir qui était qui, qui était là ou qui n’y était pas.
Ce que j’ai entendu en revanche, et jusqu’à la migraine, c’était l’odieuse sono de la C.G.T., omniprésente, tonitruante, des haut-parleurs criards crachant à fond les décibels le folklore traditionnel, dont l’éternel « anti-social » auquel on a droit à tous les coups. Et puis, il y avait les sifflets, scandant à l’infini un slogan virtuel (pour moi : Sarko, démission !) jusqu’à transformer nos tympans en passoires. Le tout faisait un composé de fête à Neu-Neu et de pré-match de foot, qui rendait impossible tout échange personnel, sauf à hurler et encore.
Qui veut cela ? Je n’en sais rien. Mais voici comment je l’interprète. Ce que j’ai entendu, c’est une troupe docile de braves gens marchant au pas. Nous les connaissons, ce sont souvent des amis. Ils sont combatifs, dévoués, souvent lucides. Mais voilà : ils obéissent. Ils font ce qu’on leur dit, même si c’est débile et que ça ne sert à rien. L’important est d’occuper le terrain, et l’occupation sonore est l’une des plus efficaces, puisqu’elle empêche la communication ; et le but de tout système monolithique, pour ne pas dire totalitaire, est d’empêcher la communication horizontale en imposant une communication venue d’en haut et à sens unique. Cela me rappelle ces villages tchèques, que j’ai bien connus dans mon enfance, arrosés à longueur de journées par la propagande officielle que déversaient les haut-parleurs de la mairie. A voix unique, pensée unique. La surpuissance de la sono cégétiste a pour effet, et pour but peut-être, d’écraser les formations minoritaires, qui ne disposent ni des mêmes moyens ni des mêmes effectifs, et surtout qui prônent l’échange plutôt que la prédication.
Je vous invite à réfléchir, à cela et à bien d’autres choses, avant la prochaine manif du 6 novembre.
Olympe