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Publié par Christian Hivert

Etaient-elles meilleures ces petites ordures comploteuses, se faire une carrière d'interlocuteur de l'Etat sur le dos des pauvres et des miséreux, ce n'était pas bien beau non plus, pourquoi fallait-il donc que tout pourrisse, que tout soit perverti, irrémédiablement, Arthur le savait-il?

 

— Arthur, tu rêves encore ?

— Tu sais bien et il lui déposa un baiser chaste sur le genou nu, au pli du mollet, elle frissonna, elle pouvait donc encore frissonner, mais c'était toute la douceur et la tendresse de Arthur, toujours si aimant, si privé, respectueux dans ses moindre gestes affectueux.

 

— Mais oui Kahina, je rêve qu'il n'y ait pas de Paradis, c'est facile si on essaye, pas d'enfer sous nos pieds, au dessus de nous que le ciel, et tous les gens vivant le jour qui vient, pas de pays, ce n'est pas dur, pas de raison de tuer ou de mourir, pas de religion non plus, et vivant tous en paix.

 

— Oui, c'est cela, tu rêves !

Arthur sourit à nouveau, la présence subite de Kahina lui fit du bien, il la voyait dépérir sans savoir quoi faire, quoi lui dire, un compagnon du comité des mal-logés lui avait raconté les soirées au bar où apparaissaient Kahina et Rachida outrageusement maquillées.

 

— Alors je te laisse à tes rêves… Kahina était de plus en plus sèche, elle allait mal, elle était irritable, Arthur ne savait comment lui parler, et ne pas parler frisait la lâcheté, sans s'occuper de ce qui ne le regardait pas, il pensait devoir intervenir, Kahina s'éloigna dans le souvenir diffus de ses attraits.

 

Arthur alors fut happé par le mouvement, il se releva, le souvenir de Dominique Premier le morcelait, le harcelait, le déprimait, un jour il saurait s'en défaire, un jour il saurait en faire, en faire quoi, elle s'était comportée avec lui comme ces souteneurs avec les punks et les autonomes.

 

N'avait-elle eu plus de respect, plus d'attention, à chaque fois le hasard avait placé la vision de son aimée éternelle sur sa route, à chaque fois elle s'était détournée, d'un désintérêt des plus violents, d'une arrogance dans la désinvolture des plus méprisante, cela ne pouvait être cela.

 

Elle n'avait pas pu faire autrement et elle avait été maladroite, si elle avait été consciente, quelle horreur, elle n'aurait pu ainsi vouloir le faire disparaître de douleur, l'anéantir de souffrance, elle ne savait pas, elle ne s'était pas rendu compte, ce n'était pas voulu, elle ne voulait pas le tuer.

 

Les souteneurs des familles de mal-logés devaient être pareils, un peu neu-neu mais pas méchants, ils ne se rendaient pas compte non plus, ils ne pouvaient être aussi veules et haineux, c'était encore une manipulation du responsable du soixante sept pour diviser tout le monde et créer des rancoeurs.

 

Ce fut Etienne qui le premier l'apostropha, Etienne était un jeune punk issu de l'U.S.I.N.E. de Montreuil quelques années plus tôt :

— Dis donc t'as entendu ça, on veut nous interdire l'accès à la place, on fait pas propre, on fait peur à la population du quartier, on mange les enfants.

 

Arthur prit de l'ascendant, il était écouté et respecté, c'était le moment de s'en servir :

— J'ai entendu l'histoire, je vais aller à leur réunion de ce soir et rétablir l'histoire, le collectif sécurité, pour le moment c'est moi et Jah'x, personne ne sera exclu, sauf les dealeurs, les flics et les fachos. Par contre si tu pouvais faire le tour de tous les copains pour que le ton ne monte pas et qu'il n'y ait pas d'agression d'ici ce soir, je ne vais pas mâcher mes mots, ça m'a foutu un coup pareillement, mais je crois que c'est parce qu'ils ont peur de ceux qu'ils ne connaissent pas, je vais leur expliquer.

 — Ah bon, bon, parce que on s'apprêtait à y aller à leur réunion…

— Si vous le voulez bien, je préfère m'en charger, vous avez toujours été avec nous et nous nous sommes toujours défendus les uns les autres, vous restez, il n'y a pas d'inquiétude, mais venez écouter ce soir…

— Sans souci, je passe voir les autres.

 

Charly le Katangais le fuyait, il avait raconté une drôle d'histoire sur l'expulsion, prétendant s'être fait assommer par surprise et n'ayant pas eu le temps de prévenir quiconque, pendant plusieurs heures, la place de la Réunion n'avait été prise qu'au début de la soirée, la nouvelle apprise en début d'après-midi.

 

Le vieux briscard en avait-il assez de devoir son logement aléatoire au maniement du pied de biche, ce sont des choses que tout le monde comprendrait si elles était expliquées clairement, mais Charly faisait profil bas, il savait quelque chose que tout le monde ne savait pas, cela devenait simple.

 

Arthur parvenait souvent à déduire des morceaux de ce qu'on lui cachait aussi bien en entendant les mensonges que les silences gênés, et bien souvent une intuition se trouvait vérifiée par la suite des évènements, en serait-il toujours ainsi, si la lutte, leur lutte s'effondrait, le pouvoir était fort.

 

Les souteneurs commençaient à arriver pour leur réunion du soir et Arthur s'approcha d'eux pour tendre l'oreille et préparer le terrain avec ceux qu'il connaissait le mieux, son sérieux et son efficacité dans cette lutte n'étaient pas à démontrer chez eux non plus, il s'en servirait.

 

Dominique Premier eut son air pincé de grande dame à qui on ne la conte pas :

— Alors tu vas défendre tes petits copains et faire fuir le soutien…

— Allons, s'ils n'avaient pas été là depuis des années, mes petits copains, personne ne serait là, et il n'y aurait pas de soutien, ni bien propre, ni négligé sur soi.

 

Arthur explosait, comment cela pouvait-il se faire et se comprendre, que des codes sociaux aussi médiocres que ceux des classes moyennes puissent prendre le pas sur la noblesse des intentions des acteurs de la lutte, on préférait les salopards pourvu qu'ils fussent bien éduqués, bien habillés.

 

Dominique Premier lui refuserait-elle l'amitié un jour pour d'aussi peu nobles raisons, mais n'était-ce pas déjà fait, ce n'était pas que des études et une carrière, c'était un mépris de classe, elle aussi eut réclamé l'expulsion des punks et des jeunes autonomes, par sécurité pour les familles.

 

Il ne le savait, il ne le pouvait, il ne le voulait, cet ostracisme de minables et d'abrutis n'avait donc pas de fin, les nobles et les bourgeois sous Louis-Philippe passe encore, mais un siècle plus tard des foutriquets parvenus, à peine torchés de leurs origines refaisaient le tri des solutions finales.

 

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