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Publié par Christian Hivert

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Beaucoup d'autonomes s'étaient regroupés en se fixant comme priorité militante la lutte contre la montée et le militantisme électoral du front national, les jeunes punks gravitant autour de la galaxie Bérrurière en faisaient partie et par la suite formeraient Ras l'front, les Sections Carrément Anti Le Pen et REFLEX

Puis très vite un certain nombre assimilèrent le jeu du pouvoir socialiste, créant S.O.S. Racisme pour instrumenter cette peur historique et détourner l'attention des plus combattifs des enjeux sociaux auxquels se confrontaient les forces économiques, les travailleurs pauvres et les trop nombreux jeunes chômeurs.

Arthur avait été au même lycée que Harlem Désir, il connaissait son talent fou pour subvertir les énergies diluées et les fédérer autour de son projet de représentativité personnel, noyant l'objectif initial de l'indignation confuse dans une soudaine négociation dont il s'autoproclamait le porte parole.

L'avenir donnerait raison à toutes ses préventions, ce trublion de la vie politique, hormis de se faire une place au soleil des représentants du pouvoir n'était là que pour ramener les voix de nombreux jeunes en galère au parti présidentiel, faisant l'impasse sur toute forme de critique de sa désastreuse gestion sociale.

Le baroudeur nationaliste était déjà au pouvoir au travers des grands corps d'état, police, armée, barbouzes, mercenaires, magistrature, ses tentatives électorales n'étaient là que pour servir de repoussoir et masquer la réalité réactionnaire de la gestion des socialistes, parti aux ordres de la pire bourgeoisie.

Arthur se préparait également à se défendre au tribunal pour son insoumission au service national, animant les réunions d'un collectif de soutien avec d'autres insoumis, à cette époque ils étaient systématiquement emprisonnés et condamnés à une peine ferme équivalente au temps du service dû, un an.

Ce qui les rendaient proches bien évidemment des collectifs travaillant sur le sujet des prisons et de l'arbitraire pénitentiaire. Chaque collectif dirigeant une opération de mise en valeur et de propagande pouvait compter sur une bonne partie des membres des autres collectifs, d'où une effervescence très brouillonne.

Il y avait aussi des groupes de réflexion défendant le principe d'un revenu minimum d'existence, le RMI ni le RSA n'existaient, des milliers de jeunes n'avaient tout simplement pas d'autre moyens d'existence que larcins, racket et combines, bien souvent prostitution et deal de drogues douces ou dures, braquages.

Certains s'étaient regroupés pour faire « la chasse aux feufas », comprenons aux skins nationalistes, souvent violeurs d'adolescentes et proches des mouvements de ratonneurs d'émigrés, tortionnaires de vieillards et autres mercenaires brûleurs de villages, ils leur interdisaient l'accès aux concerts rock, punk et ska.

Les journées du squat, de ses habitants et des ses passants étaient donc rythmés par une foison d'activités dépendant de la prédominance momentanée d'un groupe ou d'un autre, sans compter les activités sportives, Vô Vietnam, boxe Taî, canne, ou artistiques, graffitage, peinture, sculpture, théâtre, danse, et télévision.

Et la notoriété du lieu dans la capitale des réfractaires de tout poils n'avait encore eu besoin d'aucun concert de rock, la salle du sous sol s'étendant sur toute la surface de l'ancien dépôt de meubles de cuisine était vide, désespérément vide et l'objet de vives discussions sur son utilisation entre tous les punks musiciens.

Simon quand à lui voulait en faire une salle pour recevoir les ados du quartier et animer des ateliers le mercredi après midi. 

   Tu vois, plutôt qu'ils s'emmerdent dans la rue à trainer et faire des conneries, on leur installe tout ce qu'il faut pour qu'ils puissent en faire une sorte de foyer.

Son projet avait été adopté.

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