Aux marthyrs du capitalonazisme : 48
Plusieurs dizaines de Roms roumains, bénéficiant de l'Aide humanitaire au retour (ARH), devaient quitter le territoire français depuis Lyon, jeudi en fin de matinée, à destination de la Roumanie, alors que deux campements ont été évacués près de Lille.
Jean-Philippe, militant pour la défense des Roms, chiffre à 240 le nombre des personnes devant embarquer dans un avion à l'aéroport Saint-Exupéry de Lyon. Il parle "de la plus importante expulsion à Lyon depuis le début de l'année" et depuis l'élection de François Hollande.
La représentante de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) n'a pas communiqué le nombre exact des personnes concernées.
Peu avant 08H00, deux bus ont pris en charge plus d'une centaine d'hommes, de femmes et d'enfants, près du site de la Confluence, pour les transporter à l'aéroport, a constaté un journaliste de l'AFP.
Un bus devait rejoindre Saint-Exupéry directement depuis Saint-Etienne. Un autre a chargé des candidats au retour à la gare de Lyon Part-Dieu, avec des Roms.
A la Confluence, les associations avaient accroché des panneaux où on pouvait lire: "la Roumanie, c'est l'Europe, Stop aux expulsions", ou "Après les expulsions, le relogement en Roumanie, c'est ça le changement appliqué par Valls".
"Tous sont volontaires pour rentrer, a expliqué Jean-Philippe à l'AFP. Sauf que ça intervient après des semaines de pression dans les campements et des expulsions". "Ces retours volontaires sont des expulsions déguisées, et en plus on dilapide l'argent public car beaucoup vont revenir".
Les candidats au retour touchent 300 euros pour les adultes et 150 euros pour les enfants.
Selon l'ONG Médecins du Monde, qui assure un suivi sanitaire des campements roms de l'agglomération de Lyon, ce n'est pas le premier charter vers la Roumanie depuis le début de la présidence Hollande: l'ONG a comptabilisé un charter le 10 mai et un autre le 5 juillet au départ de Lyon vers la Roumanie.
Selon MDM, quelque 200 Roms ont quitté leurs campements, menacés d'expulsion, ces derniers jours dans l'agglomération de Lyon.
Trois campements se sont ainsi vidés de leur population depuis dimanche, le plus grand à Vaulx-en-Velin, qui comptait une centaine de personnes, et deux autres à Villeurbanne, avec aussi, à eux deux, une centaine de personnes.
Pour Jean-Philippe, la situation des Roms est en train d'empirer sous la gauche, car, selon lui, "non seulement on évacue les campements mais en plus on pourchasse les Roms".
D'autres expulsions sont prévues dans les prochains jours, selon Gilberte Renard, du collectif Rom.
Dans l'agglomération lilloise, deux campements de Roms établis sur des terrains appartenant à l'Etat et à la communauté urbaine de Lille ont été évacués jeudi à Hellemmes et Villeneuve d'Ascq.
Un premier camp dans lequel résidaient entre 150 et 200 personnes a été évacué en début de matinée, et un autre dans lequel se trouvaient une quinzaine de caravanes l'a été dans la foulée, a indiqué Maryvonne Girard, première adjointe au maire de Villeneuve d'Ascq en charge de la sécurité.
Un convoi constitué de dizaines de voitures et de camionnettes tractant des caravanes, escorté par des motards de la police, s'est mis en route dans le calme, peu après 08H30. Quelque 150 policiers et CRS ont été mobilisés pour encadrer l'évacuation entamée tôt dans la matinée.
Celle-ci a été mise en oeuvre "suite à une ordonnance d'expulsion que nous a délivrée le tribunal de grande instance", a indiqué la préfecture du Nord.
Le père Arthur, prêtre et défenseur des Roms, qui avait prévu de baptiser jeudi après-midi une dizaine d'enfants Roms pour dénoncer leur expulsion prochaine, s'est senti "berné".
© 2012 AFP