Aux marthyrs du capitalonazisme : 33
Créé le 19-01-2012 à 18h37 - Mis à jour le 01-02-2012 à 16h20 3 réactions
Alors que la Fondation Abbé Pierre rend son rapport sur le mal-logement, "Le Nouvel Observateur" consacre une journée spéciale à cet enjeu, qui touche désormais 3 Français sur 4.
Mal logement à Saint-Ouen (Valinco - Sipa)
La Fondation Abbé Pierre a rendu public son 17e rapport annuel consacré à l'état du mal-logement en France mercredi 1er février, à quelques semaines d'une échéance électorale importante. Candidats à l'élection présidentielle, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou, François Hollande et Nicolas Sarkozy ont d'ailleurs été invités ce mercredi à réagir sur le "Contrat social pour une nouvelle politique du logement" présenté par la Fondation.
Le chef de l'Etat avait bien tenté d'anticiper cette intrusion du logement dans les débats de la présidentielle en ajoutant au pied levé ce sujet à son sommet social transformé en sommet de crise. Il s'est même fendu d'une première série de proposition à l'occasion de son intervention télévisée de dimanche 29 janvier. "Il aurait mieux fait de lire notre rapport", souligne, ironique, Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation qui, dans ce rapport, analyse 20 ans de politique du logement en France, avec une attention particulière sur les cinq dernières années.
De page en page, on y découvre qu'en 2011, pour trois Français sur quatre, il est devenu difficile de se loger : "Jamais on aurait imaginé qu'aujourd'hui on serait dans une telle situation", commente Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation. En pleine crise, les solidarités familiales se mettent en place et jouent un rôle d'amortisseur quand 700.000 personnes sont aujourd'hui privées d'un domicile personnel. Parallèlement, plus de 130.000 personnes sont sans domicile.
Les autres sont de plus en plus contraints à réduire la surface de leur logement et à s'éloigner de leur lieu de travail. Il manque sur l'Hexagone entre 800 et 900.000 logements. La concurrence pour l'accès au logement est de plus en plus exacerbée. Dans un secteur où le privé représente 80% du marché, les propriétaires sélectionnent les candidats qui présentent les meilleures garanties. Les autres doivent se tourner vers un secteur public déjà surchargé. "Des miettes pour les plus pauvres, le déclassement pour les classes moyennes", la Fondation Abbé Pierre décrit une véritable "lutte des places".
Alors que le coût des logements explose, les revenus stagnent. Selon une enquête de l'Insee, 4,2 millions de ménages se retrouvent avec moins de 500 euros pour vivre un mois une fois le logement payé. "Certaines personnes ne se soignent plus pour pouvoir payer leur loyer", s'insurge Christophe Robert. Pour la Fondation Abbé Pierre, cette très forte augmentation du coût du logement est à l'origine d'une véritable "insécurité sociale", au moment où de nouvelles situations familiales viennent ajouter à la précarisation des ressources, la monoparentalité notamment.
La question du logement met aussi en évidence une explosion des inégalités. En quelques années, la France est ainsi passée de 47% de propriétaires à 37% chez les 20% les plus pauvres alors que, dans le même temps, ce pourcentage est passé de 65 à 76 pour les 20% les plus riches. En 2010, 10% des ménages les plus riches possédaient 50% du patrimoine national.
Hausse des loyers, chômage, situation familiale, santé : plus de 5 millions de personnes se trouvent actuellement en situation de fragilité de logement en France. "Les limites de l'inacceptable ont été franchies", estime Christophe Robert, "on ne voit pas la même France que nos responsables politiques."