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Publié par Christian Hivert

shapeimage_2.jpgArthur Nora et Reine passaient des soirées fabuleuses et venaient nuitamment égayer de leurs chansons kabyles le local du bar sauvage déserté. Reine partait au bras du nouveau finir dans son lit un duo corporel déjà nettement amorcé. Arthur s'écroulait en larmes dans les bras de Nora ne perdant pas espoir, têtu comme un puceau perdu.

Et ainsi de soirée en soirée, de nuit en nuit. Arthur apprenait à découvrir plus en profondeur et en chaste intimité l'incarnation de ses désirs, à suivre les rondeurs fessières, espérer les seins. Un matin il l'avait trouvée seule au lever matinal chez elle. Elle se laissa flotter sur une vague de confidences, elle lui montra ses œuvres.

Dans un dessin au crayon de papier sur une feuille Canson elle avait figuré une jeune fille — en robe noire déboutonnée laissant entrevoir une naissance de seins, des cuisses — encerclée d'hommes masturbant leur sexe éxhibé. Une bulle indiquait la pensée de la jeune fille:

— Ils bandent tous pour moi. Arthur fut abasourdi, la pauvre.

Il ne savait quelle pouvait être sa part de malheur et de souffrance. Il la regardait se jouer de son sexe et de celui des autres. Son ironie mordante était le reflet et l'aboutissement de sa gentillesse abusée, de ses émois mystifiés. Elle faisait ce qu'elle savait, vivait la période permise, disposait de son corps à outrance.

Il semblait à Arthur que toutes les places et les postures des uns et des autres provenaient des besoins particuliers de la société dans son ensemble. On était là où de par sa naissance on se devait d'être pour remplir le destin prévu. Tout était organisé pour être utile, pour un profit, pour des volonté de plaisirs et de puissances.

Reine s'agitait les fesses et stockait le sperme, provoquait des érections masculines en chaîne. Elle jouait son rôle. Un rôle nécessaire à l'époque de sa vie pour l'ordonnancement général du monde environnant. Elle était l'exemple et la motivation des autres, elle rendait service, existait en les faisant gicler dans leurs soupirs.

Julio entre deux pintes de bières de luxe lui avait péremptoirement déclaré :

— Jean-Pierre c'est mon frère, et je ne peux plus rien pour lui, il va crever, si je reste là je replonge avec lui, je veux vivre  je me casse, tu ne me reverra plus, ne te fais pas bouffer, penses à ton tchi, ciao, Arthur pensait à la peau de Reine

Arthur venait à peine de se brancher un type intéressant et chaleureux que ce type se cassait et ne voulait plus voir personne. Allait il rester là seul à se bourrer la gueule en attendant la levée tardive du jour des zonards ? N'avait-il pas mieux à faire que de s'embrumer des vapeurs d'alcool ? Comment se faire aimer d’elle ?

Arthur quitta Julio ce jour-là persuadé d'être sur la bonne voie. Il était de nouveau disponible et sans attaches, libre. Un soleil clair et lumineux réchauffait un peu cet hiver glacial ayant congelé leurs projets. Tout piétinait, l'USINE démarrerait-elle ? Tout était prêt, le projet était défini ; il était fâché avec Reine, avec Nora, donc seul.

Il décida d'oublier Reine dans les bras de quelqu'un. Michèle, une ancienne des « Occupants  Rénovateurs » les avait invités un jour afin de leur expliquer la marche à suivre pour squatter et toute la soirée ils avaient été très complices. Il résolut d'aller la trouver et de passer une soirée avec elle. Arthur allongea le pas prêt à vivre.

Son envie frustre et inattendue ne lui avait pas laissé le choix. Dans les joutes de paroles et les regards intéressés, dans les gestes croisés et les attentions échangées, dans les avances acceptées et les caresses rendues, dans le désir montant et le repas s'achevant, la volupté  s'écoulait, Arthur désirait des rapprochements, ne savait

Les enfants partirent se coucher et il aida Michèle à débarrasser la table :

— Je ferais la vaisselle demain, laisses.

Il se retourna, sentit la chaleur de son corps proche. Le trouble l'envahit, le secoua, le poussa, l'attira. Ils se blottirent l'un contre l'autre à reprendre leur souffle, à se sourire.

Il ne pouvait savoir comment étaient ses propres yeux, la douceur craintive et attentive qu'il y avait dans ceux de cette femme l'émut agréablement. Lentement, par approche hésitante, leurs lèvres finirent par se frôler, s'interroger timidement, se pincer légèrement, s'ouvrir suavement, Arthur laissa son corps aller et faire.

Longuement ils s'embrassèrent. C'est plus tard dans la nuit, dans les cris de Michèle et son propre oubli, la tendresse faillit l'évanouir. C'était cela le plaisir dont ne pouvait plus se passer Reine ? Il appréciait. Cela allait durer quelques semaines, logé par intermittence, nourri, instruits des choses que les femmes partagent en confiance.

Michèle lui fit parcourir tous les secrets des soifs charnelles d'une femme. Ce fut une véritable formation accélérée. Elle était très gourmande de ce jeune corps d'homme analphabète en plaisirs de la chair. Elle lui en fit la confidence. Elle adorait les puceaux. Elle avait trente cinq ans, avait deux enfants d’un mari séparé.

Elle était de cette génération née à temps et quittant ses idéaux de jeunesse. Elle était assistante sociale, avait été Autonome et avait squatté dans les lieux décrits par les grands quotidiens de l'époque dont Arthur avait pu lire les aventures époustouflantes et fondatrices d'attirance, avait côtoyé tous ceux qui laissent leur nom à l’aventure.

Elle l'avait pris en charge durant de longues semaines. Lui expliquant patiemment toutes les facettes du petit monde de l'Autonomie Parisienne dans lequel il mettait les pieds. Faisant aisément la grande sœur incestueuse. Lui expliquant les chaînons  manquants de sa vie. Paisiblement le réhabilitant, prenant ses doutes en compte.

Elle lui avait mis son corps plein en main et l'avait poussé à son exploration minutieuse. Expliquant, demandant, guidant, savourant, rugissante et offerte. Furie gourmande de peaux sensibles et de courbes empressées. Soumise aux envies de prises et de contraintes. Jouissante éruptive, se moquant de ses certitudes, le poussant aux jouissances.

A l'écouter il s'apercevait de la richesse de son parcours jusqu'alors. Elle lui disait les amis de ses amis qui étaient ses amis à elle. L'Autonomie avait été tellement foisonnante et découpée en réseaux. Tous ses participants ne pouvaient se connaître et se rencontrer. Elle comblait ses lacunes, éclairait ses convictions naissantes.

Elle avait été au cœur des opérations majeures et il ne l'avait jusque là pas remarquée. En plus de lui livrer son intimité et les secrets de ses plaisirs, retourne moi, secoue moi,  elle lui faisait la confiance de ses confidences. Elle le jugeait honnête et lui dénouait les arcanes des connaissances nécessaires à son nouvel engagement.

Avec et grâce à elle il allait pouvoir disposer de toutes les informations si chichement susurrées par tous les brisquards. Elle lui expliqua notamment tous les artifices juridiques utilisés pour l'ouverture d'un squat et les nécessités de construction d'un rapport de force local, fouille moi, prend moi vigoureusement, pousse encore.

Arthur durant ce temps prit des décisions essentielles pour sa vie future. Il ne perdrait plus son temps de vie à gagner d'illusoires bienfaits de la société de consommation. Il ne participerait plus à la production du gâchis immonde et il aurait du temps pour résister à l'ordre infâme, vivre pauvrement et être en lutte, apprendre la vie.

Maintenant il fallait gagner en expérience et qualité — même s'ils avaient encore tout à apprendre, c'était faisable : il n'y avait pas eu de gâchis, simplement des lacunes — ; ils étaient prêt à recommencer, en plus grand plus fort, c'était cela : il fallait tout miser sur USINE, Squatt de Montreuil et grand moment de l’histoire du rock libre !

 

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