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Publié par Christian Hivert

arrières cours
 

— J’ai envie de recommencer à militer, il faut que je bouge, on peut pas continuer à laisser faire le merdier sans rien dire.

— T’as bien raison, ouais, c’est ça qu’il faudrait, que tous on s’assemble, y en a marre de leurs conneries.

Patrice comme d’habitude s’enflammait, s’échauffait l’humeur.

Arthur n’écouta pas la fin de sa diatribe enfiévrée contre ces salauds qui nous gouvernent et nous exploitent… Il servit le café. C’était cela qu’il fallait faire redécouvrir aux gens, l’enthousiasme. Leurs manies journalières les en éloignaient et leur résignation les pourchassait, les asseyait.

Combattre pour le bénéfice et la grandeur de quels nouveaux traîtres ? L’idée était venue de Patrice quelques semaines plus tard. Pour rencontrer des gens prêts à agir, il fallait se rendre à leurs points de rendez-vous habituels dans les cortèges des manifestations, dans leurs réunions et actions.

Notamment le Premier mai dans la fin du cortège des syndicats CGT, parmi les différents mouvements et groupes communistes et libertaires suivant les banderoles de la CNT et de la FA, dont beaucoup se retrouvaient à célébrer les fusillés de la Commune devant le mur des fédérés.

Ils s’y étaient rendus directement, après avoir traversé à pied furtivement le dix-huitième et le dix-neuvième. Le soleil s’était levé tard, avait bien éclairé la promenade et chauffé le marbre lisse des tombes des grands dirigeants du parti communiste français. Ils s’assirent, elles étaient tièdes.

Deux heures plus tard, le projet avait rondement pris forme. Ils allaient faire un café autogéré, Alternatif, Libertaire, Autonome, peu importe le nom qu’on lui collerait. L’important serait de créer un lieu propice aux rencontres et aux mûrissements de projets contestataires à l’ordre établi.

Dans un cadre convivial, non commercial, et en buvant un coup. Et puis ils étaient tous d’accord là-dessus. Il y en avait marre de cette bagarre des étiquettes des sectes de l’extrême gauche française. Il n’était pas question de prendre sa carte. Il fallait rompre, proposer une nouvelle démarche.

Il régnait une joie confraternelle et mirobolante. Ils formaient le groupe le plus animé de tous les marginaux. Encore à la tombée de la nuit, ils fustigeaient les sociaux traîtres au pouvoir, se racontant moult aventures et manifestations explosives, buvant des bières, fumant des pétards.

Il y avait, outre Patrice et Arthur, Éric, un grand à lunettes animateur social, comme il se dénommait lui-même, et acteur amateur de théâtre, formation Stanislavski avait-il tenu à préciser. Puis Mohand, lycéen mauvais garçon, suivi par le père Guy Gilbert, c’était sa légitimation.

— Français de la seconde génération, rigolait-il, connaissant toutes les chansons rebelles de Renaud, dont sa préférée, amorcée d’une belle voix claire et assurée, était « Hep mes soucis de l’Hexagone ».

Robin, c’était son nom de guerre avait-il prévenu, avec un sombre mystère dans la voix. Un grand géant blond barbelu, chevelu, les yeux fous et les ratiches du devant haut et bas mangées par la peudo, la dope. Il avait arrêté de toucher à toutes ces vacheries, spécifia-t-il en vidant sa Jeanlain.

Juste un petit cachet de temps en temps et son baluchon bouclé, prêt pour la route. Prêt à partir pour une nouvelle aventure, un combat.

— Vous comprenez, il faut toujours se dépasser, prendre le risque de vivre.

Thierry, anarchiste, l’anarchie était le plus joli monde à créer, il était veilleur de nuit et vivait chez sa mère, dans une chambre louée par sa mère, se rattrapa-t-il.

Éric proposa de finir la discussion autour d’un spaghetti bolognaise chez lui. Ils levèrent le camp, exultant d’ivresse et d’ardeur combative. Les plus grandes aventures humaines n’avaient-elles pas été lancées par des poignées d’individus anonymes réunis sur des décombres de luttes ?

Il ne fallait pas se retenir d’être un tant soit peu mégalo, si l’on voulait sortir de son trou. Au cours du repas improvisé, ils s’étaient cotisés pour l’achat des ingrédients à l’entrée d’une épicerie de quartier, ils délirèrent un sacré moment. Ça partait dans tous les sens, sur tous les sujets.

Et le moment qu’ils vivaient et le projet qu’ils avaient étaient géniaux, bien entendu. Si les expériences similaires passées étaient là pour leur donner des idées, il n’était pas question de refaire la même chose. Il fallait aller de l’avant, il fallait innover, se séparer du passé, faire table rase.

Et comme dans tous les cas où une telle proposition se fait jour, personne dans l’assemblée n’aurait été capable à ce moment-là de décrire le futur. Personne n’avait vraiment d’idée précise sur ce à quoi cela pouvait bien ressembler un jour. Pour Arthur, cela n’avait pas d’importance.

Dès l’instant qu’ils avaient cette envie commune de faire, on prendrait les problèmes comme ils arriveraient et on les résoudrait, ou on disparaîtrait et on ferait autre chose. Au milieu des multiples égosillements de chacun à son tour, histoire de montrer qu’il n’était pas nouveau-né.

Raconter quelque anecdote significative sur sa participation à telle ou telle aventure haute en couleurs afin de captiver l’attention. Éric, le Premier, lança les interrogations fondamentales.

— Bon, bé, c’est bien joli tout ça, j’aimerais bien qu’on aille maintenant un peu plus loin.

— Voir de quelle manière on transforme nos paroles en actes ? Il eut un rire ambigu.

— Parce que, elles sont belles nos paroles, on s’est bien éclatés, comment fait-on pour lancer vraiment l’histoire ? Quel travail fait-on ? Comment se répartir les tâches concrètes ? Quelles sont ces tâches ?

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