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Publié par Christian Hivert

malik2.gifL’année 1986 passa à une vitesse folle au milieu des rebondissements plus ou moins violents des conflits sociaux et post coloniaux. En fait l’explosion est née de la rue. A partir de la mi-86, on assiste à une recrudescence des articles sur le mouvement qui secoue le rock marginal, on parle alors de mouvement « alternatif ».

Ainsi c’est dans une ambiance d’extrême tension que se déroule le concert de la Mutualité, le 24 avril 86. Un concert historique à l’image des récents événements : en effet la squat — l’USINE — fut muré le 11 avril 86 et une bataille rangée Punks contre policiers eut lieu le lendemain, alors qu’un concert de la Souris Déglinguée était programmé.

Le Squat tombera sous le matraquage policier commençant à Montreuil jusqu’au Forum des Halles où les CRS feront la chasse aux Punks :

— Les bâtards, ils nous ont emmenés en balade à des km de la capitale et sans chaussures, ce soir là, on à dérouillé sévère — copine défigurée — et marché longtemps…dans la nuit !

La médiatisation outrancière lança le concept Rock-alternatif, le mot est lâché et mis à toutes les sauces. Rock marginal et occulté par les médias depuis 6 ans — de 1980 à 1986 —, derrière les Béruriers Noirs un mouvement est propulsé par les articles de presse. Actuel y consacre un article en mai 86 « Déconnez pas avec les squats ».

Arthur s’était replié dans un petit squat d’habitation en compagnie de ceux avec lesquels il s’entendait le mieux du collectif des habitants d’USINE ; la maisonnée était un petit pavillon ouvrier en bordure de Montreuil, vers Paris, avec pour voisins Rotographie, l’imprimerie de la Ligue Contre Révolutionnaire, et derrière la CGT Nationale.

Simon en sortant de prison avait un peu disparu de la circulation, voyait de moins en moins le père Arthur et se consacrait à son travail de chauffeur livreur : il avait eu un appartement social sur Bobigny ; Mendes avait été jugé pour complicité dans l’agression commise trois ans plus tôt sur la sœur de Simon : trois mois ferme chez les mineurs de Fleury.

— Au moins cette affaire là est réglée, j’ai eu le droit de visite, il le prend bien, ses éducs disent qu’il est sage, il comprend la nécessité de payer, je crois que cela va lui faire du bien, il a demandé à un de ses éducs d’écrire pour lui une lettre à Marie-France, je crois que cela va l’amener à grandir un peu.

— Oui, père Arthur, j’espère que tu as raison, mais tu sais quand Marie-France a fuguée de son foyer d’insertion de Montreuil pour le rejoindre dans sa chambre du foyer de Cachan, cela a bien duré plusieurs semaines, j’avais été les voir, ils n’entendaient rien, n’avaient aucun projet, j’étais incapable de leur parler vraiment, ils avaient organisé une sorte de petit racket ingénieux, ils faisaient des goûters dans la petite chambre de Mendes et tous les jeunes adultes venaient pour voir Marie-France trôner au milieu du lit, et ils faisaient payer l’entrée, une boisson américaine et un biscuit industriel, c’était bizarre…

— Je sais Arthur, c’est pour cela que Mendes s’est battu plusieurs fois et que le directeur du foyer m’avait demandé d’interrompre là, en même temps il faut voir le bon côté des choses, quand il va sortir, en temps que jeune sortant de taule, il aura droit à plus d’aides qu’avant, il va être prioritaire dans l’attribution d’une place dans un appartement d’insertion qu’il partagera avec un jeune étudiant…

— Oui, mais tu crois pas que son passage en taule va l’endurcir, il va se croire caïd en ressortant de là, c’est comme un passeport de qualité dans les quartiers…

— Il faut bien espérer, on peut aussi compter sur l’émulation positive…

 Le nouveau squat de Arthur résonnait chaque jour de diatribes de militants radicaux qui ne taillaient pas dans la dentelle ! Leur grille de lecture était des plus frustres. Distribuer un tract était une activité gauchiste. Parler d'autre chose que de « péta les keufs » ou de « séca du reuvé » était bidon, stalinien, « meuleux », beauf c'est à dire facho.

Parler d'entrer en contact ou de soutenir d'autres collectifs de lutte était assimilé à un activisme inutile d'éducateur voire de flic, une prise de tête inutile, un embrigadement. Les grandes gueules Autonomes rivalisaient de redoutables et profondes réflexions du même désarmant principe de négation de la pensée au profit du corporel.

Or les militants radicaux radotent depuis des années en crachant sur tout ce qui se génère en lutte autonome, cherchant à souffler sur de petites braises sans jamais voir l ‘incendie qui pointe au loin. Fin 1986 les étudiants exigent le retrait de loi Devaquet rétablissant la sélection à l'entrée des universités : la jeunesse est en rogne, emmerde le Front National.

Le climat social en France dégénère et en décembre 86 les lycéens manifestent. Le 5 décembre 1986 l’émeute est devant l'assemblée nationale. On connait la suite. La mort de Malik Oussekine et le climat de tension qui règne. A ce moment là les Béruriers Noirs terminent l’année 1986 avec un concert collant à la réalité du moment.

Malgré des « prise de tête » avec des membres de l’autoproduction « Bondage Records », refusant d'annuler leur concert payant à l'Élysée Montmartre — pour beaucoup : salle de merde avec son de merde —, alors que Paris brûlait d'émeutes, le grand squat du 67 rue des Vignoles, 20ème, venait d’être ouvert par Arthur, Simon et Ricks.

Au même moment, le 17 novembre 1986 l’assassinat de Georges Besse, PDG de Renault est revendiqué par Action Directe au nom de la lutte contre les licenciements. Les historiens non inféodés se pencheront un jour sur la validité de ce genre de thèse ; Arthur suivait lui la galère des sinistrés du 20ème et 19ème : vingt-trois brûlés vifs dont dix-neuf enfants.

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