Les mal logés sans DAL
Il y a deux semaines, soixante-dix mal-logés étaient évacués par la police et sans aucun dialogue d'une annexe du Ministère du Logement .
Nous sommes donc revenus aujourd'hui demander des comptes à Mme Duflot à l'occasion de la convention organisée par EELV Paris sur le logement, où la Ministre était annoncée à quatorze heures.
Manifestement avertis de notre venue, les élus EELV avaient sollicité un cordon de police pour interdire l'entrée de la réunion "ouverte à tous" aux premiers concernés.
Devant notre détermination à manifester tout l'après-midi si besoin était, le Ministère nous a finalement proposé un rendez-vous pour la semaine prochaine avec un membre du cabinet de Mme Duflot.
Ce sera l'occasion pour nous de porter notre colère et notre incompréhension devant l'absence d'une vraie politique du logement social, et le refus de mettre en oeuvre des moyens massifs pour résorber le mal-logement .
Convention-Logement EELV : les mal-logés... par HLMPOURTOUS
Le tract diffusé sur place
Les mal-logés viennent rappeler ses engagements à leur Ministre
Le 24 mai 2012, notre collectif de mal-logés interpellait Cecile Duflot sur la gravité de la situation et la nécessité impérative de mesures d'urgences, massives et rapides lors d'une réunion pour les élections législatives A l'AFP, Mme Duflot répondait « on ne peut pas tout changer en sept jours », et s'engageait à nous recevoir en personne, « au Ministère dans un cadre plus tranquille » « pour mettre cartes sur table ».
La Ministre du Logement n'a jamais honoré cet engagement, pris devant des dizaines de mal-logés, qu'apparemment il n'était pas grave de tromper avec de faux espoirs, et de surcroît, elle nous a envoyé les forces de l'ordre à chaque fois que nous sommes venus lui rappeler cet engagement.
L'affaire serait anecdotique si l'indifférence face aux attentes des mal-logés, et la répression comme réponse à leur situation catastrophique ne concernait que notre collectif. Ce n'est pas le cas.
Au « meilleur » des cas, cet hiver , la moitié des appels au 115 n'ont abouti à aucune solution, même précaire, et le pourcentage des appels sans réponse est souvent monté jusqu'à 80%. Comme le dénonce Médecins du Monde, le plus souvent les réponses apportées étaient des hébergements de quelques jours, avec remise à la rue ensuite.
La construction et la production de vrais logements sociaux PLA-I en masse, la seule solution pour loger les classes populaires n'est absolument pas une priorité de l'Etat, et le budget alloué aux aides à la pierre est bien trop bas pour que les bailleurs et les collectivités territoriales choisissent de faire ce type de logements : encore une fois, les nouveaux logements sociaux seront en grande partie du PLS inacessibles à 75% des demandeurs. La seule annonce récente faire par Mr Hollande et Mme Duflot c'est la construction de logements « intermédiaires » supplémentaires, alors que les PLS souvent ne trouvent pas preneurs parce qu'ils sont trop chers
A l'automne, une vague d'expulsions locatives sans précédent , dénoncée par toutes les associations a eu lieu : une circulaire a été prise deux ou trois jours avant la fin de la trève d'hiver, après cette vague : mais elle ne concerne que les prioritaires DALO. Or obtenir le fameux label est un parcours du combattant, long, fastidieux et souvent impossible : près de la moitié des dossiers sont rejetés, bien plus dans certains départements.
Pas de mesures d'urgence, pas de moyens massifs pour le moyen terme. Et toutes les portes fermées pour les mal-logés. Voilà le bilan de l'année passée.
Mal logés en lutte, nous sommes venus aujourd'hui à la rencontre de notre Ministre, qui prétendait il y a un an, vouloir « discuter cartes sur table » avec nous.
Nous sommes venus exiger ce que Madame Duflot considérait également comme le minimum, du temps où elle critiquait la politique de destruction du logement social et de mépris des mal-logés de son prédécesseur, Benoist Apparu : des moyens massifs pour du vrai logement social, des mesures d'urgence immédiates pour le relogement des mal-logés, l'arrêt de toutes les expulsions, et le dialogue social.
Tant qu'il n'y aura pas eu de changement de politique réel, les mal-logés ne changeront pas non plus : nous sommes toujours en colère, et plus déterminés que jamais à obtenir l'égalité des droits et donc l'accès à un logement de qualité pour tous.