LIAISON : P.SELOS
LIAISON.
Une fin programmée
Ce qui faisait la spécificité mélodique de la langue française est en voie d’abandon. En parodiant l’oraison funèbre prononcée par Bossuet lors des funérailles d’Henriette d’Angleterre, nous pouvons dire : La liaison se meurt ! la liaison est morte !
Et ce n’est pas le fait uniquement d’une pratique populaire mais celle aussi d’une élite, peu soucieuse de grammaire et de syntaxe, au profit d’un sabir dont le vocabulaire incertain finira, à courte échéance,
à faire du français un patois minoritaire au sein d’un univers anglo-saxon triomphant.
Or, nous qui sommes si fiers de notre patrimoine gastronomique, nous devrions garder à l’esprit que le terme de « liaison » s’applique aussi aux sauces, que cette technique les rend plus onctueuses et plus suaves et qu’elle tempère la rusticité de certains arômes.
Ce que l’étranger appréciait dans notre langue c’était son harmonie, sa rythmique et sa précision. Elle n’était pas pour rien celle des diplomates. Mais elle n’a plus son utilité.
Aujourd’hui, on ne négocie plus ; On menace, on écrase, on bombarde, on affame.
Qui détient la force fait la loi.
Le sens s’est perdu de valeurs désuètes. Ce qui ne sert plus disparait.
Dans quelques siècles, des peuples culs-de-jatte ayant perdul’usage de leurs jambes devenues inutile par l’abus des moyens de déplacement donneront raison à Charles Darwin.
Peut-il en être ainsi de l’usage d’une conscience ?
P.SELOS
Paris, 1° Septembre 2014