Euronazis :
Elections Européennes et le Grand Nimportenawak
Posted on 26/05/2014 by Vincent Verschoore 3 comments
La présidence de la République a réagi aux résultats des européennes en affirmant que « des leçons doivent être tirées » de cet « événement majeur ». Ben voyons. Quel événement? La montée des partis eurosceptiques? Les 25% du FN en France? La nouvelle claque de la gauche institutionnelle, française comme européenne? La faible participation? Aucune surprise la-dedans il me semble, tout cela était à peu près prévu par les commentateurs politiques bien avant les élections.
Des leçons? Comme d’habitude, quelques effets de manche, langue de bois et petits arrangements entre amis pour ne pas modifier un status quo qui arrange en fait à peu près tout le monde au sein de la petite famille politique européenne.
Et, n’en déplaise à toute cette bande de clowns, la seule leçon que l’on peut tirer de ce non-événement n’est pas qu’il faudrait reconditionner le peuple pour qu’il “aspire à l’Europe”, mais bien que le peuple ne veut plus de cette nomenklatura composée de fonctionnaires intouchables et de députés grassement rémunérés dont une bonne partie sont des cons finis parqués là pour services rendus à l’establishment (Dati, Hortefeu, Morano, MAM pour ne citer que les porte flingues de droite les plus connus) et qui n’en n’ont rien à battre de l’Europe – c’est juste une bonne mangeoire en attendant des jours meilleurs ou la retraite dorée.
Le peuple en a marre des 30 000 lobbyistes qui trafiquent les projets de loi (quand ils ne les écrivent pas eux-même) en faveur d’intérêts n’ayant pas grand chose à voir avec l’intérêt commun. Le peuple en a assez de la dictature technocratique bruxelloise qui passe son temps à inventer des règlements que personne n’a demandé et à nous faire payer pour des projets inutiles (combien de boîtes de com, de boîtes de formation, d’experts en tous genres se font financer sur base de projets qui ne servent à rien d’autre qu’a justifier l’existence du “machin” européen?). Si une partie du peuple vote pour des gens telle Marine Le Pen (qui touche ses 10 000 euros par mois de salaire et d’indemnité sans rien faire d’autre que cracher dans la soupe) c’est sans doute parce que ces gens-là, au moins, ne font pas semblant d’y croire: ils assument leur hypocrisie. On ne peut pas en dire autant de tout le monde, genre Harlem Désir qui n’en fout pas plus que Le Pen – et empoche tout autant, tout en vantant les mérites de l’Europe. Ben oui, sûr que c’est pas perdu pour tout le monde!
Le peuple a soupé de la PAC qui contribue à la mort des petits paysans tout en engraissant les gros à coups de quotas et de primes à la taille. Idem pour la politique de pêche qui cause un gaspillage monstrueux de la ressource (tout ce qui est pêché hors quota est rejeté à la mer, mort…) et un jeu inégal entre les petits artisans et les gros armements qui ont les moyens de se payer, grâce à la corr… au lobbying, une réglementation tout à leur avantage. Non pas qu’il faille éliminer les quotas – au contraire – mais il faut des quotas de pêche effective, qui prennent en compte la réalité de ce qui est effectivement pêché.
Le peuple ne peut plus avoir confiance dans un système européen qui négocie dans l’opacité des traités internationaux, tel TAFTA, dont il est très difficile pour les non-initiés d’en comprendre les tenants et aboutissants. Néanmoins, en se basant simplement sur les tentatives précédentes genre ACTA qui furent heureusement sabordées grâce à l’action de la société civile, il est tout à fait logique de penser que ce qui se trame dans l’ombre servira avant tout ces fameux intérêts privés des actionnaires du big business, de la censure et de la haute finance, à nos dépends à tous.
Le peuple n’est pas anti-européen, ce qui est par ailleurs un oxymore vu que nous sommes tous, par définition, européens. Le peuple est simplement de plus en plus intolérant du système de l’Europe des technocrates, des décideurs non élus, de la corruption et des hordes de parlementaires qui se goinfrent sur son dos. Si encore tout cela produisait un résultat considéré comme globalement positif, mais non – austérité, raideur budgétaire, chômage au nom de la raison supérieure du dieu Euro et son Eglise de la BCE, du libre-échangisme quitte à en crever, et de la taille monétaire unique pour des pays aussi différents que l’Allemagne et la Grèce! Nimportenawak.
Il me semble, pour conclure sur ce coup de gueule initié à l’écoute des lamentations hypocrites de nos pseudo-représentants, qu’il faut se poser – vraiment – la question centrale: quelle Europe pour les européens – tous les européens? Je vote pour une Europe qui épouserait les réalités culturelles, sociales et économiques très diverses de notre beau continent sans chercher à les uniformiser dans une non-identité blême et technocratique. Une Europe dont les représentants de ses nations seraient tirés au sort, pour une durée déterminée. Une Europe libérée de ses armées de lobbyistes corrupteurs, de son arrogante BCE, de ses projets inutiles. Une Europe qui ne chercherait pas à nous empêcher de manger nos fromages locaux au lait cru, et qui arrêterait de vouloir assassiner les petites cantines ou restaurants à coups de règlements hygiénistes débiles au profit des marchants de malbouffe 100% aseptisée. Bref, une Europe pragmatique, humaniste, émancipatrice pour tous les européens, et qui ne pète pas plus haut que son cul.
=Vincent Verschoore=