LA TABLE EST MISE : P.SELOS
LA TABLE EST MISE.
Par les volets entrebâillés
Et la fenêtre grande ouverte,
Un rayon de soleil diffracte
De verre en verre
Et le bouchon de la carafe
Biseauté comme un cabochon
Étincelle dans la pénombre.
La nappe est blanche.
On a placé dans une coupe
Faite en cristal de Baccarat
Une rose tout juste éclose
Cueillie à la fraîche, au jardin.
Une abeille qui la courtise
La lutine en la butinant.
En échange, la fleur embaume.
Quatre couverts en porcelaine
Comme on en fait à Sarreguemines,
Illustrés de décors champêtres
Encadrés de couverts d’argent
N’attendent plus que les convives.
Les serviettes en éventail,
Par leur taille, disent déjà
Les ventres qui s’en serviront.
On croirait que le temps se fige
Si ce n’était qu’en cet instant
Ne tintinnabule une horloge
Sur le marbre de cheminée.
Assis tout seul surune chaise,
Ce calme absolu me saisit
Et me revient à la mémoire
Un roman d’Erckmann-Chatrian.
P.SELOS
Paris, le 26 Mars 2014