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Publié par Christian Hivert

beaubourg.jpg

Elle remisa vivement sa seringue et ses cotons, ramena le citron à la cuisine, il était rare de voir Arthur frapper à cette porte, il n'appréciait guère ni Narco, ni le militant culturel, elle tentait de suivre leurs embrouilles, mais ce n'était pas simple, et la came lui réclamait de la tranquillité.

 

Ses chevaliers ivres ne parvenaient jamais à se mettre d'accord, certains désiraient tout commander jusqu'au passage du balai, Arthur lui voulait la liberté responsable, le collectif Autonome, le village Africain, était-il réaliste, naïf, utopiste, ne fallait-il pas une hiérarchie, une autorité?

 

Les autres chevaliers paraissaient plus constructifs, plus adultes, plus pragmatiques, mais la force, l'énergie semblait venir d'Arthur, comment faisaient-ils pour ne pas s'entendre, elle voyait bien les divergences d'intérêts, mais cela valait-il de se désunir, de se repousser, de s'opposer?

 

Arthur allait commencer son tour des appartements où ses copains autonomes avaient élu domicile, elle entendrait de loin les éclats de rire et de voix, les canettes vides tintant régulièrement dans la poubelle, Arthur passait rarement la voir, il n'aimait pas Narco, il ne serait pas son amant.

 

Reine, depuis que ses faveurs sexuelles étaient devenues exclusives et réservées, se prenait à espérer à un deuxième homme à domicile, non plus un amant de passage comme avant , la pérennité avait du bon, les doses ramenées par Narco suppléaient à son ennui, mais un complément, un autre.

 

Reine emménageait sa vie dans un espace des plus protégés, les militants étaient organisés et géraient les différents éléments matériels nécessaires à la vie de main de maître, solidaires de toutes les copines et des copains, on pouvait partir en voyage sans crainte, sa place était réservée au retour.

 

L'immeuble était tel un castel en poste avancé, les troupes s'activaient continûment, les chevaliers remportaient toutes les victoires et s'égosillaient ivres toutes les nuits, dans la chaleur des literies les abandons ne la faisaient plus frémir, mais elle restait charitable, extirpait les jouissances.


Arthur était encore avec elle comme s'il était puceau, il respectait le pacte ancien de chasteté purifiante dont elle avait besoin, il était le seul a ne pas s'adresser à elle pour la consommation commune de sa chair, ce dont elle se lassait de plus en plus, ses pénétrations se faisaient plus fines, blessantes.

 

Ses veines se formaient peu à peu à l'introduction masculine du métal perforant et les produits chimiques tendait à suppléer à ses productions intérieures, elle avait de plus en plus l'orgasme mou et sali, elle ne savait pourquoi, lorsqu'un militant s'avachissait sur son ventre, elle s'ennuyait, c'était nouveau.

 

Narco et le militant culturel la fatiguait de leurs perpétuelles stratégies et de leurs manœuvres avortées, ils couraient après les caméras, se pendaient au téléphone dans l'espoir d'un article, l'appartement était le bureau des petits chefs blancs convoquant leurs familles de pauvres à gérer.

 

Tandis que les appartements voisins foisonnaient de vie, d'enfants crépus et de mamas en boubous, Arthur avait raison, les logiques post-coloniales des militants encadreurs étaient bien inutiles, mais si ça les rassurait, Arthur justement faisait entendre sa voix au loin, portée le long de l'escalier.

 

Le détail des opérations pratiques n'était pas de son ressort, mais les africains n'avaient besoin de personne pour organiser l'ordinaire, cela crevait les yeux, le reconnaître eut retiré tout rôle de premier plan aux petits chefs, et c'était une carrière qu'ils amorçaient, Arthur lui vivait.

 

Elle le soutenait discrètement, lui faisant passer finement des infos au détour d'une conversation, car les autres avaient leurs secrets, leurs contacts incongrus avec des politiques et des gestionnaires municipaux, leur tambouille sentait de plus en plus la manipulation de pouvoir, on verrait bien.

 

Arthur vidait les canettes de bière et son esprit s'échauffait, il n'était pas midi et l'après-midi serait ivre, il avait ce besoin de se fondre dans les amas, de s'oublier, mais s'oublies-t-on, au milieu de ses éclats forts et des vociférations, la fraîcheur tendre de Dominique Premier ne pouvait le maîtriser.


Déjà enfant tu mettais ta poupée préférée dans un placard et tu l'oubliais, tu regardais le placard et tu disais, ce n'est pas grave, tu n'as jamais ouvert le placard, la poupée préférée est toujours là, dans la vieille brocante le placard ne trouve pas preneur, tu es dans ta poupée, personne n'ouvrira.

 

Tes éclats de rire même mentent et ton regard au milieu du rire le plus franc conserve cette mélancolie profonde, cette perpétuelle tristesse occulaire, la pupille intriguée, qui t'as donc abandonnée ainsi, tes pleurs crispés sous ton front dégagé, qui as-tu abandonné, la souffrance ne ment pas.

 

Au delà des tourments et des anciennes douleurs, avec ces vies multiples, et ces hommes malheureux, on ne peut satisfaire tout le monde, j'ai besoin d'être reconnue, je l'ai bien compris, les journalistes, les photos, cela prend du temps, se faire courtiser dans les nuit d'été, c'est ton ivresse.

 

Un jour, tu seras vieille, cela finit toujours comme cela, oui mais si vieille et si fatiguée, j'aurai beaucoup couru, la marche du monde est épuisante, surtout vers les sommets, lassée de toute gloire, j'aurais des rides, je ne me lasserai pas de les voir, apaisée, sur mon épaule tu te reposeras.

 

Arthur sortit de l'immeuble radicalement éméché, et prolongea ses ivresses dans la dérive pédestre des rues de Montreuil, il n'avait pas trop envie de se confronter à nouveau à Ricks, celui-ci devenait de plus en plus désagréable et il lui semblait impossible à satisfaire, la polémique s'enflait.

 

Arthur parfois avait du mal à comprendre, comment pouvait-on à ce point ériger des principes impossibles à suivre, comme si deux logiques s'affrontaient en permanence, Arthur souhaitait rassembler le plus grand nombre pour défendre des revendications nécessaires, Ricks voulait tout sans personne.

 

Même sur la question du voisinage, Ricks l'avait souvent morigéné, je ne veux pas être obligé de parler à toutes les personnes de la rue, on ne partage pas les mêmes idées, on n'a pas la même vie, mais j'ai parlé avec certains, ce sont des petits prols, ils comprennent pourquoi on squatte, je me fous de leur avis.

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