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Publié par Christian Hivert

Le nazisme entreprenarial
Le licenciement à la sauce tortionnaire

01.08.2013 par Sébastien Bohler, dans Non classé

Paul est un ami. Ou une connaissance. Quelqu’un, disons, que je fréquente de temps en temps, et avec qui nous discutons. Un jour, Paul me parle des vagues de licenciements dans le grand groupe pharmaceutique où il travaille. Un groupe dont les bénéfices se chiffrent en milliards pour l’année passée. Il est représentant syndical, et voit les choses de près. Ce qu’il me raconte me stupéfie.

Je préviens tout de suite le lecteur que ceci n’est pas un article de journalisme. Hors de question de donner le nom du groupe, ni du représentant syndical qui s’exprime. Il faudrait amasser des témoignages de victimes, être prêt à aller devant des juges, et Paul (ce n'est pas son vrai nom) n’y est sans doute pas prêt. On restera donc dans le vague. Simplement pour dire que des choses existent, et que l’imagination humaine est sans bornes, dès lors qu’il s’agit d’amener les gens au bord du gouffre.

Mon contact Paul a vu, l’année passée, la première vague de licenciements s’opérer au sein de cette entreprise dans un pays étranger. Dans cette filiale étrangère, donc, courant 2012, un certain nombre d’employés se sont vus notifier leur possible licenciement. Mais pas de n’importe quelle façon. Il leur était annoncé qu’à une date fixée à l'avance, il recevraient un appel téléphonique, à une heure prédéterminée, et que cet appel leur annoncerait s’ils faisaient partie ou non de la charrette de licenciement. Pour couronner le tout, cet appel serait débité par une machine, sans possibilité d’interaction ni de réponse.

Que se passe-t-il, devant ce genre de procédés ? L’incertitude, évidemment, est maîtresse du suspense. La victime sait précisément à quel moment va se passer quelque chose qu’elle ne sait pas. C’est une cruauté d’un raffinement rare.

Les effets de ce genre de dispositif ont été testés scientifiquement. Dans ces expériences, on présente à des volontaires un indice visuel (une forme donnée) qui annonce, soit un stimulus désagréable dans un temps donné, soit une incertitude sur le fait qu’il va s'agir d'un stimulus neutre ou d'un stimulus désagréable. L’activité de leur cerveau est mesurée, et l’on s’aperçoit que, dans la situation où l’indice visuel annonce une incertitude sur le stimulus désagréable, les zones cérébrales de la douleur et de la peur sont hyperactivées. Ainsi, le fait de savoir à l’avance que l’on va apprendre, avec une incertitude maximale, soit son licenciement, soit son maintien en poste, est sans doute la pire chose qu’on puisse infliger à un salarié. Le fait qu’une machine délivre le stimulus est également éloquent.

En situation d'incertitude, l'amygdale (A) et l'insula (B) sont suractivées.

Ces situations commencent à être perçues par le grand public. Dans le film In the air, George Clooney campait un personnage qui passait son temps à prendre des avions pour aller annoncer à des gens qu’ils étaient licenciés. Il était un jour supplanté par une jeune collègue qui utilisait des méthodes de travail plus « efficaces » et licenciait à distance, en ligne. Dans Le Capital, Costa Gavras mettait en scène ces procédés de « coupure d’empathie », notamment les licenciements par écrans interposés, qui permettent à l’employeur de débrancher l’employé quand cela devient trop dur.

En fait, ces coupures volontaires d’empathie permettent d’instrumentaliser l’humain, ce qui est un des procédés récurrents des régimes totalitaires. En 2003, l'écrivain et professeur de droit Joel Bakan publiait déjà The Corporation, un portrait des grandes multinationales sous les traits d’individus psychopathes, totalement dénués d’empathie. Le film sortait la même année, et dix ans après, force est de constater que les pratiques continuent d’évoluer!

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